La confiance se donnait et se reprenait aisément. C’était aussi simple que ça pouvait l’être, un pas de travers et on pouvait perdre la confiance de quelqu’un, un jolie sourire et on pouvait la donner. Mais depuis la nuit des temps, la donner et la perdre étiat une chose simple. Bien avant que le monde ne tombe au mains du seigneur des ténèbres, il fallait toujours craindre d’être blesser quand on donnait sa confiance, avoir peur au fond que la personne à qui on la donne ne soit pas bonne, mais il y avait aussi l’espoir que ce soit le cas. Asher ignorait si c’était une bonne sensation qu’il avait en observant Lily-Rose, d’avoir envie de lui faire confiance, mais elle le touchait. Dans pleins de particularités, que ce soit par sa maladresse, qui lui donnait quelque chose de plus, par les mots qu’elle prononçait sous l’effet de l’alcool, les coups d’éclats quand elle se rendait compte que oui le monde était injuste, ou si finalement c’était la totalité qui le rendait ainsi. Asher se savait empathique, il se savait sensible aux autres et à ce qui l’entourait, prenant les choses bien à cœur, malgré la volonté de devoir se montrer fort pour tenir bon. Être brave, faire face, Ash l’avait tout simplement appris à ses détriments. Et cette notion de confiance encore qu’à tout moment une jeune femme qu’il avait invité dans son auberge pouvait le poignarder, Asher savait ce que ça faisait. Il l’avait déjà fait. S’il pouvait vendre son meilleur ami, n’importe qui pourrait vendre qui il le souhaitait pour un peu de fortune. Ce n’était pas le genre de choses qu’il voulait dire à Lily-Rose, elle semblait pleine d’espoir, d’envie de lutter, ne pouvant à se moment comprendre ses motivations, ces envies autrement que juste celle de se battre pour une cause. On ne devenait pas rebelles, on rejoignait le mouvement parce qu’on luttait déjà. Lui, il l’avait toujours été au fond, passif, essayant de survivre plutôt que de vivre, avant de se rendre compte que c’était assez. Sa main avait remonté le menton de la jeune femme, essayant de lui expliquer ce qu’il en pensait, ne prenant pas de pincettes dans ses mots, il était déjà bien trop embarqué pour que son allégeance puisse émettre des doutes. Et encore, on ne pouvait jamais se fier à des mots. Tout ne pouvait se résoudre que par des actes, brutaux parfois mais nécessaire, Asher en était conscient.

L’invitation fut faite, proposant à Lily-Rose de le suivre, la baguette reprise, celle de la jeune femme posée toujours sur le sol, la bouteille dans la main d’Asher tel un soutien. L’alcool l’accompagnait depuis trop longtemps pour qu’elle ne soit pas considéré comme une vielle amie. Le mur semblait lisse au premier abords. Ce ne fut que lors que le gérant bougea sa baguette que les runes se révélèrent, que la porte coulissa pour laisser passer les deux adultes bien qu’en baissant la tête. La pièce était sombre, mais la lumière de la baguette d’Asher permettait de distinguer les deux lits. Il avait décidé de lutter, de vivre plutôt que de survivre. Les conseils se profilèrent dans sa bouche, dans l’unique but de prévenir Lily-Rose face à ce que d’autres pourraient observer chez elle. Les mots avaient leur importance, malgré la maladresse de la jeune femme, elle se devait de faire attention. Asher avait envie de lui faire confiance, de jeter une pièce et de parier sur la face où elle tomberait, la voyant détourner le regard, les rougeurs à peine visible à la lueur de la lumière de la baguette, avant que finalement elle ne vienne à hocher la tête et prononcer une réalité dans un murmure. « Tu ne devrais peut-être pas. » murmura-t-il à son tour, bien plus pour lui que pour elle, se reprenant, la lueur venant éclairer leur deux visages, la question se posant dans la bouche d’Asher rapidement pour évacuer ses propres pensées. Les yeux de la jeune femme brillaient de larmes en devenir, acquiesçant sur le fait qu’il posait des questions légitimes. Elle était une sang-pur, elle avait des liberté que jamais il n’obtiendrait dans ce monde. Et elle ignorait tout de ce que les moldus ou né-moldus avaient put subir et subissaient encore. Le cœur d’Asher se serra en l’écoutant parler, les images défilants devant ses yeux de l’empathie qu’il ressentait à son égard. Il pouvait voir la pièce de l’antre de merlin, qu’il connaissait pour y avoir déjà mis les pieds, il imaginait le visages horrifiés et les tentatives d’évasions. Son regard lui ne quittait pas celui de Lily-Rose qui continuait de le fixer tout en parlant.

Elle voulait faire bouger les choses, elle voulait au moins essayer d’aider au vu de ce qu’elle avait déjà perçu, ne plus être passive et fermer les yeux sur ce qui se passait autour d’eux. La jeune femme possédait beaucoup de courage. C’était un fait, mais peut-être un peu trop d’ignorance sur les dangers d’une telle entreprise. Le silence s’installa dans la pièce, le cœur tambourinait dans la poitrine d’Asher détestant laisser les émotions des autres le toucher ainsi, le revigorer et l’attrister en même temps. « Être égoïste peut avoir du bon parfois. » avoua-t-il. Il pointa sa baguette en direction de l’une des tables de nuit et laissa une lampe s’alluma, éclairant la surface de la pièce. Et puis finalement, le jeune homme rangea sa baguette. Elle ne lui servirait plus. « Avoir envie de se battre est une bonne chose, je le sens que tu as l’envie. » continua-t-il. « L’espoir est une bonne chose, mais il n’est pas sans problème. La volonté est nécessaire, mais on ne peut pas oublier les sacrifices que cela peu engendrer.  Et je t’envie du courage que je sens émaner de toi. » Cette force qui se dégageait dans un regard, qu’il ressentait au plus profond de lui, qui pouvait donner l’impression de pouvoir soulever des montagnes et qui s’envolait plus haut de les oiseaux, en oubliant que se brûler les ailes n’étaient pas une option, mais une fatalité. Il fallait chuter pour comprendre. Et le pire dans tout ça, c’était qu’il n'avait pas envie de tout cela pour Lily-Rose. Sa joie faisait du bien, son utopisme aussi, sa manière d’être, y compris sa maladresse. Un souffle nouveau et bienvenu. Asher se détacha légèrement, venant prendre un gorgée dans la bouteille de bourbon qu’il avait ramené avec lui, fermant délicatement les yeux.

Elle était encore ignorante des sacrifices à faire, ne serait que pour espérer faire changer les choses, des dangers qui pouvaient peser sur elle et sur sa famille. Il regarda un bref moment les deux lits qui se trouvaient dans la pièce, se rappelant les deux personnes qu’il avait héberger ici, espérant qu’ils n’étaient pas tombés aux mains des mauvaises personnes quand ils étaient partis. Il reprit une gorgée, avant de reporter son attention à nouveau sur Lily-Rose. « Tu n’es pas naïve. Je t’envie d’avoir autant d’espoir, autant de volonté. » confessa-t-il. « J’aide comme je le peux, parce que c’est dans mes capacités. Faire quelque chose, même le minimum sera toujours mieux que de ne rien faire. »  On l’oubliait trop facilement, un rien pouvait changer un destin. Asher l’avait déjà fait. « Alors non, je ne trouve pas vraiment naïf d’avoir envie que le monde change. Nous l’espérons tous. » Que les choses reviennent à la normale, qu’elles redeviennent vitalité et joie, au lieux de méfiance et de trahisons. Un sourire triste s’afficha sur ses lèvres. Une nouvelle gorgée de Bourbons fut ramenée à ses lèvres. Il voulait lui faire confiance, il ignorait si c’était une bonne chose ou non, mais comme elle pouvait aussi se montrer méfiante, la vie était devenue ainsi. Asher s’assit sur le rebord du lit, la bouteille toujours en main. « Désolée pour ma méfiance. Et de t’avoir forcé à me raconter tout cela, à faire remonter d’anciens souvenirs. » s’excusa-t-il.  Un rire s’invita à travers ses lèvres, le regard préalablement posé sur ses mains, se relevant en direction de Lily-Rose. «  Apparemment on ne peut pas rencontrer une jolie fille, sans se demander si elle ne va pas vous vendre pour différentes raisons, ou si elle veut connaitre vos secrets uniquement pour les utiliser contre vous. » Triste réalité.

Combien de fois avait-il laissé ses émotions le porter, être et se montrer à la face du monde ? Bien trop souvent en somme. Asher avait appris à les camoufler à créer une barrière dans le seul but qu’on ne puisse pas utiliser son empathie et son côté sensible contre lui. C’était ce genre de chose qui malgré lui l’avait déjà fait souffrir à maintes reprises, quand on perdait quelqu’un, quand on donnait sa confiance de manière hâtive. Il le savait, le faire avec une jeune femme qu’il venait tout juste de rencontrer était stupide, pourtant une part de lui voulait se glisser dans ce qu’il voyait de Lily-Rose. Cette vitalité, cette force qui se dégageait d’elle, une forme d’innocence du monde qui l’entourait, mais loin d’être stupide, la jeune sang-pur comprenait son fonctionnement. Oui, on pouvait changer le monde, on pouvait essayer du moins, espérer que nos capacités aient la possibilité de le faire, mais au fond l’espoir pouvait mourir si vite. Aussi vite qu’il était venu. La défaite pouvait surement se lire dans le regard d’Asher à ce moment précis, peut-être même un soupçon de tristesse, gagné par les propos que lui avait offert Lily-Rose. L’alcool avait aidé à abaisser les barrières qu’il avait si souvent mise, laissant les mots traverser ses lèvres en ne prenant pas compte qu’il se mettait lui-même les fers au pieds d’en parler aussi ouvertement. À tout moment la situation pouvait devenir complexe, s’envenimer et un sourire meurtrier pouvait apparaitre sur le doux visage de la sang-pur. Qu’importe. Il méritait peut-être de souffrir après tout, il ‘n’avait fait que survivre depuis si longtemps que ça en devenait presque une fatalité. Une suite logique des choses. Il eut un rictus quand elle affirma avoir raison de lui faire confiance. «  Tu ne sais rien de moi. » affirma-t-il. Non elle ignorait tout de sa vie mais de la même manière que l’intuition de confiance s’éveillait chez Asher, il pouvait sentir le même sentiment naitre dans le visage de Lily-Rose. Etrangement surement, bien trop naturellement pour beaucoup.

La bouteille se ramena à ses lèvres plus d’une fois, alors qu’il laissait l’alcool parler pour lui, ses pensées lui échappant dans ses paroles, dans ce qu’il en ressentait, le corps se mouvant légèrement pour venir se poser sur le rebord du lit. Là où ses yeux pouvaient divaguer dans la semi-obscurité de la pièce. Il sentit la présence de Lily-Rose tout proche de lui, les mots sonnant tel une maxime, un fait à accepter de ce qu’elle voyait de lui, Asher remontant doucement son regard dans la direction de la jeune barman. Elle tourna sur elle-même, montra la pièce et montra ce qu’il avait créer de ses mains, ce qu’il avait voulu mettre en place et qui pourtant demeurait secret pour le moment. Elle avait surement raison, cela montrait sa volonté de se battre, de continuer à lutter dans cette guerre qui ne pouvait prendre fin. Peut-être en avait-il, de l’espoir et de la volonté, mais ce furent les derniers mots qui le fit tiquer. Je veux t’aider à le réaliser Comment ? Comment pouvait-elle essayer de l’aider ? Plus de monde était au courant, moins cela pourrait être. Il ne savait déjà pas s’il devait l’oublietter pour effacer la connaissance de cette pièce. Asher n’en avait pas envie, mais ce serait une solution pour protéger sa propre existence. Mais si elle voulait vraiment agir, si elle se retrouvait dans une mauvaise passe, ne voudrait-il pas qu’elle puisse venir lui quémander de l’aide ? La bouteille glissa de mains d’Asher, observant les doigts fins qui se posaient dessus pour la faire se poser sur la table de nuit. Les mains libres, il commença à jouer avec machinalement. «  Pour maintenir tout cela, il faut parfois faire des choses qui font frémir, qui ne nous donne plus envie de nous regarder dans le miroir. Des choses que nous sommes forcés de faire. Pas par choix. » Son regard c’était détourné de Lily-Rose à ses propres mots, se demandant pourquoi il lui racontait tout cela, des choses qu’il était certains elle ne connaissait pas, des sacrificies à faire et à endurer. On ne le forçait pas, mais on ne lui donnait pas vraiment le choix non plus.

Le rire s’échappa dans la pièce, affirmant alors qu’au fond on ne pouvait plus être aussi simple qu’auparavant, faire des rencontres sans se poser mille questions. Elle se plaça devant lui et aux mots de Lily-Rose, il secoua machinalement la tête. Elle était probablement un peu folle de lui proposer ce genre de chose. «  Ne fais pas un serment inviolable c’est beaucoup trop complexe ce genre de chose. » affirma-t-il. Et puis cela ne servirait à rien. Pourquoi ? Pour qu’elle ne révèle pas son secret ? Qu’importe, ce n’était qu’une pièce parmi tant d’autres, s’il se faisait avoir, Asher aurait toujours des atouts dans sa manche pour se sortir d’une telle situation. Des atouts qui à nouveau le rendrait coupable de bien des choses. Traitres, comme certains l’avaient dit, égoïste également, mais survivant c’était le véritable mot. Sa joue contre son torse, là où le cœur battait était un geste étrange, voulant lui donner du réconfort. Le rire nerveux s’échappa à nouveau des lèvres de la jeune femme, le sourire lumineux s’installant sur ses lèvres, en relevant la tête dans la direction du gérant. Les onyx qui lui servaient d’yeux se posèrent sur le visage radieux de Lily-Rose. Et le compliment laissa la surprise apparaitre sur ses traits, avant qu’il ne puisse s’empêcher de rire. «  Je suis une force vitale ? »répéta-t-il.  «  C’est bien la première fois que j’entends ce genre de compliment. » Il ne se moquait, mais c’était totalement incongru pour lui. Chaque chose avait sa propre vitalité, sa propre manière d’être. Et au moment où ses mots avaient franchi ses lèvres, Asher se rendit compte que ça pouvait être mal pris pour la jeune femme, venant à transformer son sourire amusé en un sourire de gêne. «  Désolé. » s’excusa-t-il. Sa main se releva, se posant délicatement proche des cheveux noires de la jeune femme.  «  Je peux me montrer maladroit également. » Ses cheveux avaient l’air incroyablement doux à bien y regarder et elle pétillait. Si le monde entier ne cessait de vouloir les mettre plus bas que terre, au moins Lily-Rose était un brin de lumière dans cet univers.

Laisse-moi te connaitre la phrase résonna à travers la pièce dont le faible halo lumineux reflétait les ombres des deux silhouettes présentes. Asher savait avoir fait des choix dans sa vie, des choix qui auraient surement fait que bon nombres de ses connaissances posent un regard différents sur lui, si les temps n’avaient pas été aussi sombre. Si le doute n’avait pas été permis même en rencontrant quelqu’un avec qui l’entente se faisait naturellement comme à cet instant. Mais elle ne le connaissait pas, ce n’était qu’une intuition qui la poussait à vouloir lui faire confiance, la même qui animait Asher en ce moment précis, bien qu’une part de lui chercher à se protéger bien malgré lui, des craintes que tout ce qu’il avait construit ne vienne à s’évaporer. Survivre jusqu’à ce que les choses se tarissent étaient devenus une manière de vie, qu’elle ne pourrait peut-être jamais comprendre, dans un monde ou pour l’instant elle n’était inquiétée de rien, parce qu’on avait décidé que son sang valait quelque chose. Celui d’Asher on pouvait le faire couler comme on le désirait, cela ne changerait pas la face du monde. Il s’était avancé légèrement en entendant sa phrase, le pas produit, mais le mouvement de recul certains dans les secondes qui suivirent, les mains redescendant le long de son corps. «  Je ne sais pas si ça te plairait. » avoua-t-il. Il savait encore que ce qui l’avait animé des années auparavant pouvait ressurgir encore, égoïstement même quand on voyait tout ce qu’il faisait pour aider les autres, peinait à prouver le contraire. Un moyen comme un autre de tenter de se racheter pour ses erreurs passé, pour ce qu’il avait fait subir à Thomas et qui le hantait encore et encore aujourd’hui. Un acte dont il ne se voyait pas parlé à Lily-Rose, aujourd’hui. Dans un monde comme le leur tenter d’atteindre un paradis quand l’enfer était déjà sur terre était utopiste. Asher pouvait surement être défaitiste dans un sens, surtout quand on voyait la vitalité qui se dégageait de la jeune femme, les espoirs qu’elle possédait et qui brillait par moment dans le cœur du gérant. Il fallait pourtant faire des choses qui donnaient des frissons, surtout quand on rejoignait un mouvement qui voulait soulever des montagnes, mais qui ne faisait que tâcher le corps pour faire couler encore plus de sang.

La discussion était clairement devenue étrange, adieu la légèreté qui avait accompagné le début de la soirée, le rire s’invitait pourtant dans le bouche d’Asher, la tête secouer négativement de lui demander de ne pas faire de serments qu’elle pourrait regrette. Les serments inviolables n’étaient pas un jeu et même s’il ne doutait pas que Lily-Rose en soit capable, jamais il ne voudrait la lié à lui de cette façon. Elle s’excusa, les pensées surement trop vives d’avoir proposer ce genre de choses. Mais sa légèreté faisait du bien, énormément de bien, tel un baume sur le cœur du jeune homme, qui ne put s’empêcher pourtant de laisser échapper une forme de surprise à ce qu’il préféra prendre comme un compliment. C’était aussi incongru qu’inédit, ne sachant comment il devait le prendre. La pointe d’amusement se fit sentir, le regard de Lily-Rose se changeant un bref moment en se rendant compte de ce qu’elle avait dit, affirmant qu’elle était nul en compliment. Asher s’excusa à nouveau, se sachant être maladroit parfois, la faisant rire. La main se releva, légèrement pensif, venant caresser les cheveux de Lily-Rose sans même se rendre compte que son geste pourrait être malvenue. «  Tu te débrouilles pas trop mal pourtant. » fit-il légèrement dans ses pensées. Ses yeux dévièrent vers le visage de la jeune femme quand cette dernière avoua aimer les gens maladroits. Qui de l’un ou de l’autre l’était le plus c’était surement une grande question, probablement pas la même maladresse, la sociabilité et les gestes pouvant être perçut différemment en fonction de la personne qu’on avait en face de nous. Les doigts de la sang-pur se posèrent sur la joue d’Asher, dans un naturel certain, caressant délicatement sa courte barbe et la courbe de sa mâchoire. Le regard du gérant lui ne quittait pas le doux visage de Lily-Rose.  Les secondes semblèrent un moment s’arrêter de tourner, l’aiguille ou l’horloge qui cliquetait dans la grande salle à peine perceptible, ou s’évanouissant dans les yeux qui s’observait. La main dans les cheveux glissa légèrement, s’aventurant le long de la joue de la demoiselle, relevant délicatement son menton, pour y venir apposer ses lèvres.

Il en avait eu envie. De ce genre d’envie qui se terrait dans notre corps, qui ressurgissait de temps à autre, mais qu’on essayait de faire taire du fait des nombreuses pensées qui pouvaient survenir sur bien des sujets. Mais Asher avait cédé à l’envie de l’embrasser, les doigts continuant de caresser la peau sur son menton, avant de s’arrêter dans son geste et de se détacher de la jeune femme. Il passa la main à l’arrière de son crâne, reculant d’un pas léger, faisant cesser tout contact. «  Désolé. » s’excusa-t-il, une certaine gêne se dessinant sur ses traits.  «  C’était peut-être un peu abrupt.  » rajouta-t-il. Probablement d’ailleurs, alors que les mouvements de gêne passaient très clairement dans son corps, avant qu’il n’en vienne à laisser glisser à nouveau les bras le long de ses flancs. L’alcool. Il en avait oublié le reste, le risque et la méfiance. A quoi bon faire des rencontres si ce n’était pas pour profiter un peu ?  

Une histoire des plus étranges, une rencontre des plus étranges où chacun se parlait sans la moindre once de problèmes les mots filant à travers les bouches malgré les nuages sombres qui restaient en suspens au-dessus de leur tête.  Asher ne pouvait pas les oublier, il ne pouvait pas faire comme s’il pouvait faire voltiger son passé d’un revers de mains et ne plus s’en préoccuper. LA vérité était que s’il le faisait, il ne deviendrait probablement que l’ombre de lui-même, chacune de ses décisions l’avaient conduit jusqu’à là, jusqu’à ce moment précis, comme tout un chacun était poussé par une main du destin qu’on ne pouvait totalement contrôler. Sa rencontre avec Lily-Rose était-elle écrite ou ne serait-elle que de passage pour lui apporter un nouveau souffle ? Lui montrer que les risques à prendre n’étaient pas aussi grands qu’il le pensait, et qu’ils étaient bien plus savoureux que tout les craintes qu’il pouvait avoir constamment. Le gérant se protégeait san cesse, il faisait en sorte de toujours tout faire pour garder sa propre existence, celle de ceux à qui il tenait et qui lui restait. Sa mère principalement, dont il avait refusé l’internement, lui rappelant sans cesse son vécu quand il aurait pu passer à autre chose. Sa grande-sœur le lui avait soufflé, qu’il n’irait jamais de l’avant ainsi, qu’il continuerait à stagner peu importe l’état politique actuel. Mais prendre les risques … Certains valaient mieux que d’autres, observant le regard de Lily-Rose dans lequel il arrivait à discerner une confiance bien trop étrange qui n’aurait pas dû exister aussi rapidement entre eux. Et pourtant elle était là. «  Le risque est parfois un peu trop grand ... » Mais elle, elle était prête à le prendre, elle semblait se moquer aisément des choses, elle semblait comprendre sans le percevoir que la cuillère en argent qu’on lui avait offert petite, avait revêtus l’allure d’une couronne la préservant de la plus belle des manières. Asher la discernait, chassant l’argent pur pour s’assombrir au fur et à mesure. Et quand elle prendrait des teintes noires ou gris d’acier qu’adviendrait-il d’elle ? Asher ne voulait pas y penser.

Il se doutait bien qu’elle ne le jugerait pas, qu’elle ne viendrait pas à le condamner, par ignorance à cet instant comme elle le lui soufflait ou peut-être pour bien d’autres raisons. Asher ne pouvait le savoir, incapable de dévoiler ses plus sombres gestes à quelqu’un malgré un sourire qui lui plaisait plus que de raisons. Malgré cette tendresse, cette légèreté qui se dégageait de Lily-Rose. Il n’était pas de ce genre-là, amusé intérieurement de la maladresse de la jeune femme, quelques peu curieux de savoir comment il devait le percevoir face à elle, prenant le contre-pied positif plutôt que de s’enfoncer à nouveau dans les profondeurs. Suivre une lueur, un éclat, quelque chose qu’il ne comprenait pas totalement et à qui tout son corps pourtant ne cessait de réagir. Ce fut peut-être pour cette raison que sa main s’échappa de l’alignement de son bras, caressant la joue de Lily-Rose, observant les traits jeunes qui s’y dégageait, l’espoir qu’il pouvait en discerner dans un regard quand elle ne fermait pas les yeux. C’était peut-être cette sensation, de ne pas noircir l’écrin pur qu’elle possédait qui aurait dû le tenir éloigné, qui avait tenté par des mots, mais qui à cet instant devenait vain. Rien ne comptait plus, ni le bruit de l’extérieur à peine audible, la chambre dans laquelle ils se trouvaient ou qu’un client nocturne pointe le bout de son nez. Uniquement les lèvres dont il s’empara pour l’embrasser.

Une envie soudaine, quand Lily-Rose aurait put s’éloigner, quand elle aurait pu le repousser, répondant à son étreinte pourtant, ses lèvres participant à l’échange. Mais Asher s’éloigna, se rendant compte que son geste n’avait pas approprié la gêne transparaissant sur son visage, s’excusant rapidement d’un pas en arrière. Ses aventures étaient peu nombreuses et venir à embrasser quelqu’un il ne l’avait pas fait depuis qu’il avait rencontré Thomas. Il comprendrait au combien cela pourrait être étrange pour une jeune fille dont il ne connaissait qu’à peine la vie. Mais au contraire elle se rapprocha, venant à coller son corps contre le sien sans qu’Asher ne fasse le moindre mouvement de recul … qu’il cesse de s’excuser. Le gérant n’eut guère le temps d’y penser que déjà les lèvres de Lily-Rose revenaient se poser contre les siennes, les mains s’aventurant dans les cheveux bruns du jeune homme, quand ses doigts se posaient dans le creux des reins du corps féminins. Un baisé bref comme un aveu, à ne pas regretter, une quête d’acceptation. Son regard croisa celui aussi sombre que le sien, s’y perdant légèrement, laissant ses mains être guidés pour quérir les siennes. «  Tu as quelque chose d’envoûtant. » murmura-t-il les souffles proches l’un de l’autre, les doigts jouant avec les siens, quand ceux libres, vinrent se poser à nouveau sur sa joue, s’échappant délicatement pourtant en suivant la courbe de son épaule, caressant cette dernière. «  Je veux bien ne pas m’excuser pour mon geste mais …  » Il marqua un légère pause, toujours plongé dans les yeux sombres de Lily-Rose. «  Je suppose qu’on ne t’embrasse pas aussi rapidement dès qu’on te rencontre. Ou que tu le fasses, non ?  » Question stupide, sa sœur aurait surement lever les yeux devant ce genre de chose, mais Lily-Rose comme lui devaient bien se rendre compte que tout ce qu’ils vivaient à cet instant était des plus étonnant. Malgré l’envie qui prenait Asher de l’embrasser à nouveau, malgré la chaleur qui le gagnait de la sentir contre lui. Mais peut-être que pour un temps, tout deux pourraient simplement se laisser porter.