Lily-Rose avait passer la journée en cours. Elle avait notamment révisé les propriétés de la peau d’ophidien et comment l’utiliser correctement. Avec ses collègues de Master, on lui avait ensuite ordonné de réviser la troisième loi de Golpalott. En effet, plusieurs de ses camarades avaient tendances à oublier que « l’antidote d’un poison composé doit être égal à plus que la somme des antidotes de chacun des composants ». Vu le niveau de la jeune femme, elle s’était donc ennuyée ferme même si elle était bine consciente que les révisions faisaient partie de l’apprentissage.

Son esprit avait donc vagabondé et, comme souvent lors des cours de potions qu’elle n’avait pas spécialement besoin de réviser, il s’en alla vers Severus Rogue. Ah Si seulement il avait été là, si seulement ça avait été lui son professeur de Master ! Elle rêvait de le revoir, de le sentir tout près d’elle, d’entendre le son de sa voix, d’admirer ses cheveux… de…

-        MISS PAKINSON !

Lily-Rose sursauta violemment.

-        Parce qu’on a d’excellentes notes l’on se croit au-dessus des autres ?!?
-        Non Madame…
-        Alors je vous veux le nez dans vos bouquins et l’esprit affuté !

La professeure de potions tourna sur elle-même pour s’adresser à toute la classe :

-        De bonnes notes en théorie ne vous assure pas de bonnes potions ! Restez vi-gi-lants !
-        Pardon Madame.

La fin de la journée se passa dans une monotonie sans nom. Si Rogue avait été là, il l’aurait faite repousser ses limites au moins !

Lily-Rose était donc fortement agacée quand elle revint aux dépendances. Elle grimpa les marches en quatrième vitesse et déverrouilla la porte *Tiens ? Dimaria n’est pas là ?* avant d’entrer et de la refermer en la claquant, frustrée. Elle balança ses livres sur son lit avant de respirer lentement pour se calmer. Après quelques secondes, elle reprit son état normal -elle ne se fâchait jamais bien longtemps-, rangea ses livres et s’assit en tailleur sur son lit. La jeune femme marqua un temps de pause. Dimaria était bien là, discrète et apparemment concentrée sur son parchemin. Lily-Rose grimaça :

-        Oh ! Pardon Dimaria… Je ne voulais pas… désolée de ma rentrée un peu brusque.

La jeune femme était très empathique et remarqua tout de suite que quelque chose n’allait pas.
Elle savait sa colocataire dans un moment très douloureux et si elles ne dialoguaient pas beaucoup, Lily-Rose l’aimait bien.

-        Tu vas b… enfin tu as besoin d’aide mon amie ?

Elle se permit de se rapprocher un peu et posa sa main avec beaucoup de douceur sur le bras de la jeune femme. Elle enchaîna rapidement :

-        Tu peux me parler tu sais… Ou bien je peux te faire une potion ? Veux-tu un filtre de paix ? Je le fais plutôt bien ! Je crois même que j’en ferai deux : je pense trop à Severus en ce moment.

Lily-Rose se rassit sur son lit, observant calmement Dimaria et attendant de savoir si elle accepterait un peu d’aide…

Lily-Rose étira son sourire jusqu’aux oreilles. Elle était ravie de voir sa colocataire sourire et même faire de l’humour. Elle rit :

-        Ah ça ! Je veux bien le promettre mais c’est surtout les dangers d’incendie qui prime avec ce philtre.

Elle se leva d’un bond, ragaillardie. Comme toujours, elle savait que rien que de faire la potion lui calmerait les nerfs. Elle ne put s’empêcher d’avoir une dernière pensée pour Rogue qui avait martelé à toute la classe, quand il leur avait appris le philtre « faîtes très attention aux dosages si vous ne voulez pas que celui qui le boive tombe dans un coma irréversible ».

Lily-Rose attrapa avec enthousiasme deux chaudrons -elle en avait de toutes les tailles, de la poudre de pierre de lune, du sirop d’ellébore, une mandragore, des poudres et un liquide. Il faut savoir que là où beaucoup de ses camarades avaient installé une bibliothèque en face de leur lit, la jeune femme avait quant à elle opté pour de très grandes étagères remplis d’ingrédients et de grimoires de recettes.

Lily-Rose s’installa par terre, disposant ses deux chaudrons chacun sur un réchaud et commença à s’activer. Elle semblait concentrée mais honnêtement, la recette était du niveau BUSE et elle aurait pu le faire les yeux fermés.
Elle en profita donc pour insister un peu auprès de sa colocataire. Elle la savait secrète mais elle savait également d’expériences que parler durant un deuil pouvait se révéler essentiel…

-        Alors… qu’as-tu fais aujourd’hui ? Veux-tu en parler ?

Elle remua en même temps les deux chaudrons dans le sens inverses des aiguilles d’une montre jusqu’à ce que le mélange devienne orange avant d’oser relever les yeux.
Dimaria s’était assise en tailleur et elles étaient face à face. Lily-Rose avait toujours trouvé dommage qu’elles ne se connaissent pas mieux. C’était peut-être l’occasion ?

Lily-Rose gloussa à la réponse de Dimaria.

-        Je vais faire au mieux ! affirma-t-elle en continuant sa potion.

Elle adorait faire les potions et elle se sentait légère en les faisant. Elle s’était toujours demandée si ça avait été le cas de Severus aussi. Elle ne le lui avait jamais demandé mais bon. On ne peut pas dire qu’il se livrait facilement.

Quelques instants plus tard, elle sentit son cœur se serrer. Dimaria n’avait même pas pu terminer sa phrase. Sa période de deuil était loin d’être finie et la jeune femme le comprenait aisément. De son côté, elle n’avait pas tout à fait vécu la même chose avec Rogue…
Elle sourit malgré tout à la question de Dimaria. Celle-ci se tenait avec sa plume et un parchemin, prête à réviser la potion.

-        Bien sûr que tu peux !

Lily-Rose lui fit un clin d’œil et commenta quelques instants ce qu’elle faisait. C’était la phase la plus difficile et elle se concentra tout en parlant tranquillement. Elle aimait vraiment enseigner. C’était un plaisir de partager ses connaissances. Elle l’avait déjà compris en donnant son premier cours à ses charmantes élèves, Hope et Amélia.
 
Cependant, elle n’était pas dupe. Dimaria avait changé de sujet et s’appliquait à présent à une nouvelle tâche. Sans doute pour ne pas penser à l’impensable. A la violence de la mort. A la disparition de l’être aimé. Au manque de sa présence.

La jeune femme ne lui en voulait évidemment pas mais… Elle aurait aimé être assez proche de sa colocataire pour qu’elle ose se livrer… mais la potion était terminée et il était temps que chacune boive la sienne. Elle mit chaque potion dans un verre et en tendit un à Dimaria :

-        Tiens ma coloc’ ça va te faire du bien ! Lui dit-elle avec le sourire le plus serein qu’elle put trouver en elle.

De son côté, elle but d’un train son filtre de paix et sentit dans les secondes qui suivirent son anxiété s’évaporer et son agitation lui faire faux bond. Que c’était agréable ! C’était comme voir les choses de manières complètement sereines. Elle guetta la réaction de Dimaria et sourit. Peut-être qu’elle se livrerait plus facilement à présent ? Lily-Rose tenta le tout pour le tout en se livrant elle-même. Ce n’était plus si difficile avec un philtre pareil dans le sang. Elle aurait dû ranger et nettoyer les affaires sorties pour le philtre mais… contrairement à d’habitude, elle remit la chose à plus tard, s’installant elle aussi sur son lit, en tailleur, face à sa colocataire.

-        Tu sais, je sais écouter et si tu as besoin d’une oreille attentive, je serais toujours présente. Je t’apprécie et suis heureuse que l’on soit dans la même chambre. Mais je sais ta peine.

Son regard se fit lointain alors qu’elle continuait, les larmes dévalant ses joues. Pourtant elle se sentait tranquille. Il fallait juste que ça sorte et c’est ce qu’elle fit :

-        Je connais une phrase : « tu n’es plus là où tu étais mais tu es partout où je suis ». C’est exactement ce que je ressens pour Severus… Je me demande sans arrêt comment aurait tourné notre relation s’il n’avait pas disparu si brutalement. Je regrette de n’avoir pu lui parler, de n’avoir pu lui tenir la main… Il me manque. Elle sourit. Mais il restera à jamais dans mon cœur.

Lily-Rose releva la tête :

-        Je suis persuadée que Rick restera toujours dans le tien. Si un jour tu veux te livrer, n’hésite pas. Je suis là. Tu es une belle personne et tu mérites la paix. Elle cligna des yeux, chassant les dernières larmes en souriant. La VRAIE paix. Pas celle d’un philtre !