C’était l’une des périodes de l’année que je préférais et non seulement parce que mon anniversaire fut le 31 juillet dernier. J’appréciais la chaleur, mais surtout cette tendance au ministère qui faisait en sorte de diminuer mon lot de travail. J’avais plus de liberté en été ce qui me permettait de voir des amis plus souvent ou même de sortir et vagabonder dans les jardins du manoir voire même au-delà. La quiétude des lieux de mon domaine m’intimait de trouver plus de temps pour ces promenades à chaque fois. La chaleur était, pourtant, telle aujourd’hui que je n’eus pas la moindre envie d’aller trop longtemps marcher à l’extérieur y préférant la fraîcheur de mon bureau durant la matinée et celle de la cave pour les heures les plus chaudes de l’après-midi.

Je n’étais pas resté inactif pour autant. Depuis un mois, j’avais rempli un parchemin complet sur des idées qui permettrait de renouer avec la famille Travers après l’erreur que j’avais commise. Agissant tel un dragon en rut, je n’avais point songé aux conséquences profondes de mon geste en prenant la décision spontanée de fiancer ma fille Arya à Théodore Nott en place et lieu de Keylian Travers. J’avais, depuis, reçu des tas de gifles de leur part – une gifle n’était pas obligé d’être physique pour être douloureuse. - Je ne pouvais pas laisser mon erreur faire du mal aux Lestrange, mère me l’avait même rappelé plusieurs fois depuis le mois d’avril et pas toujours avec son tact habituel. Mère pouvait aisément faire preuve de franchise et de force et alors, la peur s’emparait de votre être tout entier. J’avais donc écrit, peu à peu, un parchemin de toute les idées subliminales qui me passaient par la tête ce dernier mois. Personne ne savait pour ce parchemin. Ni mes enfants ni mère ni Morgana. J’en regardais, une fois de plus, ce matin la dernière idée en liste. Je savais que cela allait être difficile de le convaincre encore si jeune, mais il le fallait. Adrian devrait resserrer les liens que j’avais maladroitement brisés des mois plus tôt. Pour me vider la tête, j’avais donc soudainement disparus à la vue des elfes de maison allant m’entraîner au duel à l’épée, discipline remontant aux ancêtres français de la lignée Lestrange. Depuis le 15e siècle, chaque Lestrange mâle savait manier la rapière avec élégance et dextérité pouvant même s’avérer mortelle.

C’était donc habillé lâchement d’une simple chemise à moitié boutonnée sur le haut de mon corps que je sortais dans les jardins à la recherche de mon fils. Je ne l’avais effectivement pas vu dans sa chambre ni nulle part ailleurs à l’intérieur du manoir. Je soupirais mi-amusé mi-agacé lorsque je le vis finalement couché dans l’herbe en train de se faire bronzé. Pourquoi pas songeais-je à demi-mot ?
Sûrement plus amusé, je me présenta à lui par derrière tels ces nuages se faisant menaçant au loin.

- Merci, mon fils. Dois-je le prendre comme un compliment à ressembler à ta sœur rétorquais-je  lorsqu’il pensa voir Arya ? Viens, j’ai à te parler.

Mon ton avait été, cette fois, sans équivoque. J’avais besoin de lui parler et je pensais le faire plutôt dans mon bureau qu’ici. C’était plus pour avoir un semblant d’intimité, mais aussi pour cause des nuages noirs à l’horizon. Nous rentrons et prenant les escaliers, nos pas traversèrent le premier étage du manoir jusqu’à mon bureau que je fermais à clé tout en le rendant, d’un sortilège, silencieux de l’extérieur. M’assoyant derrière mon bureau, je m’étais aussitôt emparé du parchemin qui m’emplissait de nervosité aujourd’hui. Je me mis à le lire sans comprendre réellement le sens des mots, juste pour m’occuper l’esprit. Pas où allais-je bien pouvoir commencer songeais-je ayant l’espoir que mon fils accepte ?
Relevant la tête, c’était plutôt lui qui choisit les prémices de la conversation. J’eus un sourire en coin haussant des épaules spécifiant que son comportement ne m’avait pas dérangé.

- Tu peux me prendre pour qui tu souhaites, mais en autant que je sois toujours aussi beau à chaque fois.

Alors, je ne pus pas me retenir plus longtemps de pouffer de rire. Je pouvais être un homme autoritaire et sévère, mais je savais aussi rire surtout en privé avec mes amis et ma famille. Voyons ! Cela m’inquiétais donc de voir mon fils aussi tendu surtout avec ce que je voulais lui dire. Je voulais qu’il accepte sans anicroche, mais maintenant je ne savais plus par quoi commencer. Je passais encore une bonne minute en silence pour mettre mes pensées en ordre.

- Adrian, ta sœur Arya a récemment été mariée à Théodore Nott. Je suis même très fier du mariage. Or, ce mariage n’a pas fait que des heureux. Les Travers, tout particulièrement, se sont senti lésé déclarais-je sans sourire. J’ai donc longtemps réfléchi à m’excuser de ce choix que j’avais fais et j’ai finalement trouvé.

Je fixais mon fils de mes yeux lui intimant, cette fois, d’être très attentif à ce qui allait suivre.