• • • Je ne dirais pas que l’année 2002 sera meilleure par rapport à 2001, pas tout de suite à tout le moins. Il était vrai, toutefois, que je me sentais bien depuis le début de la période de Noël et pas spécialement pour cause d’un congé mérité du ministère de la magie. Vrai, les révélations de cet homme sous le sortilège du contrôle des esprits nous avait déjà pris beaucoup de temps. Était-il un rebelle ou pas ? Un rebelle n’aurait pas laissé tomber l’un des leurs ? Ou si ? En effet, on a aussi été obligé mettre en garde à vue Marcus Parkinson et commencer une enquête sur la vérité ou le mensonge de ce qui avait été dit. C’était malheureux que je crusse de plus en plus en la culpabilité de mon ami surtout après avoir parlé avec Ayla.
Combien d’autres amis comme lui me poignardaient-ils dans le dos songeais-je un goût désagréablement amer dans la bouche ?

Même si je semblais perdre un bon ami j’allais bien, mieux.
J’avais l’impression de reconnecter avec ma famille et cela dès l’éveil d’Arya en octobre. Ma famille était, sans aucun doute, bien plus importante que toute autre gens dans ma vie. Égocentrique, je les avais mis de côté dans ma quête à amener au sommet le nom Lestrange. Plus maintenant, car j’avais appris de mes erreurs pilant sur mon orgueil trop souvent exacerbé.

Sobrement vêtu d’un pantalon et d’une chemise au-dessous d’un gros haut en laine et d’une chaude cape aux couleurs chatoyantes chaudes, mais foncées je marchais ainsi d’un pas vif égalant cet état esprit trop longtemps oublié. Malgré la sobriété de mes atours, je savais que l’Allée des Embrumes faisait piètre figure par rapport à moi l’invectivant aujourd’hui. À chacun de me pas, je sentais un regard se poser sur moi parfois admiratif, parfois en colère. L’un d’eux montrait même un visage suppliant et je laissais tomber un galion entre ses mains. J’espérais qu’il en fasse bon usage, mais j’avais peu d’espoir. Il y avait certainement quelque chose à faire avec cet endroit songeais-je alors que mes yeux se perdaient sur Barjow & Beurk et deux autres boutiques.

- Je ne suis pas ici pour ça.

Soupirais-je même si, à chaque fois, ce n’était pas l’envie manquant de transformer l’Allée des Embrumes en un lieu économiquement viable. Je savais pouvoir le faire, amener l’illégalité de ce lieu dans la légalité en misant sur la magie dite noire. Pourquoi, toute d’abord, séparions-nous la magie en deux couleurs en diabolisant une ?
Ensuite, on me porterait en liesse héros de l’époque et la réputation du gouvernement décuplerait.

Je m’enlevais de la tête cette idée ou, au moins, pour le moment alors que je devais m’occuper du problème de succession de Lady Blackwood venant de passer l’arme à gauche. Amie avec mère, j’avais tôt eu l’honneur de connaître cette femme élégante à la discipline et la poigne puissantes. Sans héritier direct, la lignée Blackwood revenait donc de droit au petit-fils Daemon et américain d’origine.
L’ayant vu à Poudlard, mon idée première du jeune homme fut de voir en lui un couard arrogant se croyant au-delà de tout le monde, mais ne connaissant rien.

Tout en approchant de la ruine dans laquelle le jeune homme semblait vivre, je ne pus pas m’empêcher de confirmer mes préjugés : ce jeune homme était complètement paumé. Faisait-il quelque chose pour s’en sortir ? Moi, c’était ce que j’aurais fait en tout cas refusant cet état de fait pitoyable, un rictus ironique déformant le bas de mon visage. Je devais aviser le jeune homme du décès de lady Blackwood tout comme l’existence d’un manoir luxueux, le testament stipulant la propriété des Mangemorts, la mienne en quelque sorte. Sans doute que je pourrais en faire hériter Ayla,

La porte donnait directement sur les pavés et arrivé, je donnais aussitôt du gond pour faire savoir ma présence ici. Je n’avais pas envie de passer trop de temps ici, cette mission ne me passionnait pas beaucoup. Je préférais ainsi profiter de la présence de mes filles et de mon fils au manoir, un sentiment presque surprenant de ma vie d’alors.

• • • Un certain temps passa avant que la porte s’ouvrît enfin. Un temps qui me permit d’observer la rue et les bâtiments adjacents à celui-ci, chacun de si piètre qualité. Sans aucun doute que le froid devait prendre un malin plaisir à s’immiscer dans les moindres recoins de ces murs mal isolés, la chaleur peinant à être gardée. Amenant mon regard un peu plus loin, je vis un vieux bonnet sale et vétuste laissé à l’abandon depuis trop longtemps déjà. Il y avait tout près, une écharpe portant les mêmes teintes ou ce qu’elles avaient sûrement été originalement. Triste sort qu’était l’Allée des Embrumes trop longtemps oubliée des grands, mais alimentant de plus en plus mon ambition d’en changer.
Une fine neige commençait alors à tomber.

J’eus un léger sourire, car les doux flocons rendaient presque féérique le décor morose qui m’entourait. Cela en était ironique.

La grosse porte de bois grinça finalement sur ses gonds s’ouvrant d’un tantinet sur un jeune homme aux bouclette brunes qui semblait visiblement avoir eu de meilleures nuits. Il se surprit rapidement de me voir et j’eus à peine le temps de le voir ranger sa baguette magique celle-ci pointée dans ma direction.

- Je vais bien, je vous remercie. Non, je n’ai pas fait erreur sur l’adresse monsieur Blackwood. C’est bien vous que je viens rencontrer.

Rétorquais-je sans laisser passer la moindre émotion d’une neutralité et froideur qui alimentait un respect et une politesse étant du à mon rang et rôle dans cette société. J’entrais à l’intérieur alors qu’une bouffée d’air puant une trop grosse quantité d’alcool m’y accueillit. Faisant passer un léger haut-le-cœur par l’action d’enlever mes gants, je me fis violence pour prendre une grande inspiration. Ainsi, je suivis Daemon Blackwood dans ce qui devait être la plus petite demeure jamais vue. Merlin, même mes elfes de maison possédaient de plus grandes chambres et surtout bien mieux rangées.

Pendant un moment, j’observais le manège de Daemon Blackwood à ramasser les dernières traces de pagaille un peu partout et me dirigeant, bien malgré moi, vers le canapé où il me fit signe de m’asseoir. Heureusement ni goule ni toute autre créature peu ragoûtante semblait y avoir fait son nid, seul l’usure du tissu montra la fatigue exacerbée du meuble.

Assit sur le bout de celui-ci, les mains entre les jambes, j’observa cette fois et consciencieusement le jeune homme qui me faisait dorénavant face. Son attitude différait totalement de celle que je vis lors du club de duel. D’un jeune homme sûr de lui et arrogant, il était aujourd’hui embarrassé et gêné. Ça montrait clairement un homme avec peu d’expérience, incapable encore de faire face convenablement à toute sorte  d’adversité. Néanmoins, je n’étais pas ici pour jouer au psychomage.
Ne souhaitant pas m’éterniser longtemps ici, j’abordais aussitôt le sujet nous occupant.

- Je suis ici pour vous annoncez avec regret la triste nouvelle du décès de votre grand-mère Mrs. Impatience Blackwood.

Solennel, j’en vins ensuite au silence pour laisser Daemon assimiler la nouvelle. Je n’avais aucune idée pourquoi il ne vivait pas avec elle, mais l’hypothèse d’une mésentente me sembla fort plausible. Comment réagirait-il à son décès ?

• • • Je ressentais la présence d’un jeune homme ambitieux, mais brisé intérieurement n’en pouvant plus de ces incessants obstacles qu’on lui mettait sur la route. Ses traits tirés montraient le combat de toute une vie contre cette seule petite erreur. Un combat qu’il perdait se noyant au creux de ses peurs, de ses cauchemars. Oh ! Je n’avais aucun mal à mes les imaginer alors qu’il ramenait le décès de sa sœur croyant ce tragique événement son erreur. Sur le moment, je n’avais pas trop fait attention à tout ce qu’avait dit cet homme manipulé de loin trop obnubilé par ma propre famille puis, les mensonges incessants de Marcus me poignardant dans le dos. Puis, je ne connaissais que les généralités du tragique entourant la noble famille Blackwood. Il ne m’était, ainsi, jamais venu aux oreilles que la faute revenait à l’héritier.

- Merci répondis-je en acceptant avec respect et politesse la tasse de thé allant se jucher adroitement entre mes mains. Il est vrai que la vie semble souvent prendre un malin plaisir à nous mettre au défi.

Arguais-je sans émettre une émotion bien malgré des souvenirs amers remontant du plus loin de mes 16 ans, une période de ma vie qui aurait pu se comparer aux obstacles du jeune homme se tenant devant moi aujourd’hui. Trop fort, le thé avait au moins un effet chaleureux sur mon corps alors que la tasse retrouva le plat de la table basse devant moi.

Si j’avais eu le troisième œil, je n’aurais même pas deviné la réaction subite de Daemon Blackwood à l’annonce du décès de sa grand-mère Impatience Blackwood. Aucun mot ne semblait nécessaire dans cette situation que l’observation d’un jeune homme brisant enfin ses chaînes pour libérer ses démons. D’insultes sur un ton grave et de défi, il en vient à l’impulsivité et à la colère pure s’emparant d’une bouteille de whisky pur-feu – par devers moi, je ne pouvais pas m’empêcher de voir la moue de William Travers au traitement reçu à sa fierté – Daemon Blackwood éclata alors tel un véritable feudeymon aussi puissant qu’inarrêtable. J’eus un très léger sourire, sûrement invisible à ses yeux, alors qu’il brisait le cadre me faisant cadeau de sa photo de famille. Mais quelle famille songeais-je tout en observant ses membres presque tous éradiqués ?

Puis, aussi subitement que la colère avait commencé elle s’arrêta laissant place à la culpabilité, l’embarras. Il me ressemblait enfant et donc je ressentais jusqu’aux plus profond de mes tripes son potentiel énorme pour accomplir de grandes choses soit comme Auror ou politicien. Il lui faudrait juste apprendre à canaliser ses émotions et sa colère. Apprendre à mater la vie.

Bougeant légèrement sur mon siège trop coincé dans l’immobilisme, je n’avais ainsi aucunement élevé la voix laissant la colère du jeune homme s’exprimer me montrant, par le fait même, plus de sa personne qu’il ne le pensait.

- Le manoir revient effectivement aux mangemorts répondis-je platement à sa question tel si aucune tempête n’avait tout juste fait trembler les pauvres murs. Certes, il ne s’agirait que d’une signature de votre part monsieur Blackwood pour vous approprier toute la fortune de Mrs. Impatience.

Je souris alors qu’on y ressentait aisément la fierté. Ignorant la bouteille de whisky pur-feu que le jeune homme plaça près de moi dans sa colère, je reprenais la tasse de thé en sirotant une autre gorgée. Même si je devrais faire construire un manoir à ma fille Ayla, ce n’était que partie remise - puis elle méritait bien mieux, - car je ressentais une force certaine, une détermination tout comme un courage chez Daemon Blackwood. En l’aidant vers la félicité, je ferais là un homme puissant et un allié de taille.

Je lui souris, cette fois, sincèrement.

- Je connais et je ressens votre colère monsieur Blackwood parce que je l’ais, moi-même, vécu à votre âge. Vous avez un potentiel énorme que ce soit en duel ou en-dehors. Je peux vous aider à l’atteindre.

• • • Gêne et embarras avaient, une fois de plus traversés les traits du jeune Daemon Blackwood alors que j’avais vu sa main faillit s’emparer à nouveau de la bouteille de whisky pur-feu. Mes narines dorénavant saturées de cet air vicié, je pouvais facilement m’imaginer le nombre qui a pu être vidé de son contenu depuis … Le bal de Noël ? C’était certainement le cas, cette soirée terminant dans un brouhaha infernal et plus de questions que de réponses finalement. Néanmoins, je n’avais jamais réellement « consommé » d’alcool à outrance préférant sûrement ressentir la douleur de mes émotions au plus profond de me tripes en place de les fuir. Puis, ça me peinait que le Whisky pur-feu servait à épancher sa douleur, une si délicieuse liqueur. C’était un comble de l’utiliser dans cette optique. Au moins, le jeune homme se fut rapidement ravisé y préférant l’eau.

Le verre remplie d’eau encore entre ses mains, lorsque je lui faisais mention du testament de sa grand-mère Impatience Blackwood, celui-ci stipulant que toute la fortune de celle-ci revenait de droit aux mangemorts, Daemon n’ayant apparemment pas compris de quoi j’en retournais par sa signature.
Je lui avais ainsi, expliqué calmement.

- Non. Malheureusement, votre grand-mère ne vous a rien laissé eussé-je une grimace intriguée quant à cette sombre haine qui avait pu élire domicile au sein de la famille Blackwood. Mais sa fortune nous appartenant désormais, je peux en user comme bon me semble. Je vous propose donc, monsieur Blackwood, de vous donner cet héritage qui est réellement vôtre.

Mimant de mes doigts les guillemets du réellement, ils s’étaient ensuite emparés à nouveau de la tasse de thé que je sirotais avec attention. Nous en avions discuté au conseil et l’ajout de la famille Blackwood comme alliée du gouvernement valait bien plus qu’un pactole de gallions et d’investissements mobiliers. Il fallait ainsi, voir l’opportunité au-delà des seules sommes sonnantes et trébuchantes.

Soudainement humble, Daemon Blackwood me remerciait pour mon compliment envers lui. Sûrement, il le faisait aussi concernant cet héritage qui serait à lui à la suite d’une simple signature. Je ne savais pas, car il ne parla presque plus depuis plusieurs minutes. En somme, il était bien silencieux mes oreilles vrillèrent de ce silence presque trop bienvenu qui avait suivi sa montée aux brancards.
Peut-être me respectait-il à un point tel que le silence devint d’or ?

Ce fut effectivement un compliment qu’il évoqua à mon encontre. J’hochais la tête sans élever la voix préférant à la place boire une autre gorgée de ce thé trop puissant, mais qui pourrait certainement me tenir éveiller toute une nuit. Je le laissais plutôt parler de ses émotions et même des caprices de sa baguette magiques à cause d’elles.

- Je peux vous apprendre monsieur Blackwood. Vous savez, je n’étais pas mieux que vous à votre âge.

Sur un sourire se voulant sincère révélant volontairement une partie de mon passé simplement pour le mettre plus à l’aise, je déposais la tasse pour prendre ma baguette magique. Un beau parchemin au blason du ministère apparue alors sur la table entre nous. Le leg testamentaire dûment rempli, il ne manquait que la signature de Daemon Blackwood en-dessous de la mienne. Je lui passais ainsi, une plume de phœnix au cas où il aurait encore l’ambition d’hériter des biens de sa grand-mère.

• • • Trop optimiste ou bien naïf, je ne savais pas dans quelle catégorie classer Daemon Blackwood. Sûr qu’une somme conséquente de galions et une demeure luxueuse rendaient la vie plus douce. Pour ma part, il permettait plutôt au malheur d’être moins triste. Souvent, on se languissait à l’extrême d’une vie oisive au possible. Subite, je ressentais cette crainte sourde de voir l’héritier Blackwood dilapider la fortune de sa famille ramenant mes efforts à néant. Très certainement, je serais alors blâmé pour cette idée eut-elle été brillante à en devenir for stupide. Le jeune homme devait comprendre qu’un héritage ne signifiait pas de se la couler douce. C’était cette impression, parfois, qui traversait mon esprit quant à mes enfants. J’avais pavé leur futur de ma détermination à m’élever au-dessus des miens. Pour cette raison, ils marchaient tous la tête haute à Poudlard alors que j’y dus, trop souvent, ployer le genou essuyant critiques et moqueries. L’arrogance était un bien vilain défaut.

Mais volubile à accepter avec respect ma proposition, Daemon Blackwood en vint à parler de Marcus Parkinson et donc, je n’eus d’autre choix que de laisser aller au loin mes premières leçons à son encontre parce qu’autant commencer derechef. Talentueux ne s’arrêtait pas à être doué avec une baguette magique voire sans, car il y avait toujours trop de possibilités que la force d’un esprit se valait plus encore. Et là, il venait de me démontrer une faiblesse en révélant ses objectifs profonds de retrouver sa sœur tout comme ses entraînements avec Marcus. Toute vérité n’était pas bonne à dire et, aussitôt, mon visage se renfrognant à l’écoute d’un deuxième non-dit de mon bon ami. Combien d’autres secrets ce couard osait-il me cacher ?

- En ce qui concerne mon bon ami Parkinson, il est sous enquête interne du ministère de la magie. J’imagine que vous comprenez pourquoi monsieur Blackwood. Malheureusement, je ne peux pas vous en dire plus ni s’il reviendra à Poudlard cette année.

J’avais parlé sur un ton plus dur que pensé au préalable, car je semblais prendre cette traîtrise personnellement. C’était une réalité crue et cet intervalle de silence ne fut pas de trop, car elle me permit de siroter ce thé tout en étouffant mes émotions par le fait même. Daemon reprenait alors avec plus de légèreté allant jusqu’à me flatter l’égo. Tout en déposant la tasse, j’eus un petit sourire en coin. Eh bien, il n’est pas totalement perdu ce petit songeais-je comprenant qu’il savait déjà jouer de mots pour m’en proposer même à sortir ailleurs. Toutefois, je ne me levais pas parce qu’au préalable sa signature ne brillait pas sur le leg testamentaire et je ne pourrais pas non plus me déplacer aujourd’hui même pour prendre une boisson en la compagnie du jeune homme. Mes déplacements étaient tous calculés et le prochain voyait me diriger vers l’hôpital Sainte-Mangouste pour une visite de routine d’entre les murs puis, le magenmagot m’attendait et finalement, je me devais d’être présent pour une réunion du conseil : le Seigneur des Ténèbres haïssant les retards !

Mais, je n’étais pas non plus un hippogriffe mal léché. Je savais réagir avec tact et respect tout particulièrement envers ceux m’en offrant en retour. J’eus donc à bien choisir mes mots évitant d’en révéler trop de moi ou pas assez pour m’en faire alors passer pour un homme ayant tout réussit sans suer un tantinet.

- J’étais impulsif tout comme vous monsieur Blackwood à une époque où j’aurais voulu tout détruire du seul sortilège d’explosion. Je ne vécu pas réellement le deuil, mais ce fut assez pour m’amener à penser avoir besoin d’aide, ce que je fis l’observais-je dans les yeux dorénavant maître de mes émotions. Aujourd’hui, je suis for occupé, mais je vous contacterai au courant de la semaine. Certes, si je puis vous donner une première leçon, ce serait d’éviter d’en révéler trop sur vous, la connaissance étant une arme diabolique.

• • • Le silence s’était, pendant un moment, emparé de l’unique pièce en cette piètre habitation donnant fièrement sur l’Allée des Embrumes. Celui-ci un quartier malfamé où régnait la magie noire parce qu’interdite, illégale partout ailleurs. La crainte que recelait l’Allée des Embrumes dans le cœur des sorciers anglais ne fut plus à prouver, mais à l’évidence tout pouvait changer, évoluer vers un futur meilleur. Tout en sirotant ce thé trop puissant, j’avais entendu des bruits. Une course poursuite peut-être, des cris joyeux à en être malicieux. Ils passaient en un coup de vent sous la fenêtre.

Mais je ne m’y intéressais pas plus qu’il en fallut. Ces échauffourées étaient habituelles surtout quand elles provenaient, tout particulièrement, d’enfants à l’impulsivité aussi folle qu’un troupeau de ngoudous d’Afrique sub-saharienne.

Non.

J’avais plutôt dardé mes observations sur un Daemon pensif et tourné vers cette dite fenêtre lorsque je lui avais annoncé l’enquête dirigée contre Marcus Parkinson. Ce serait une grande perte pour Poudlard, pour le ministère de la magie, mais aussi pour moi. Cependant, je ne pouvais pas rester coi à ces dures révélations.
Je ne savais pas à quoi il songeait subitement muet.

- C’est un bon professeur et une grande perte pour l’école de sorcellerie Poudlard s’il venait à ne plus pouvoir y revenir. Toutefois, nous travaillerons doublement à en trouver un meilleur et loyal envers la cause sorcière.

Certainement, je ne saurais jamais à quoi Daemon Blackwood pensait réellement, mais j’osais espérer mes mots agréables à ses oreilles. Je n’étais pas qu’un mauvais bougre sachant arguer avec délicatesse et respect quand il s’en faut, mes propres émotions se jouant pourtant de moi laissant un ton amer à la fin.
Mais le jeune homme m’était revenu alors semblant plus calme et maître de lui-même.

J’hochais la tête à sa compréhension de garder pour soi des éléments qui pourraient venir à nous détruire telles des erreurs commises et pouvant s’éparpiller à la manière de poudre de cheminette allant en affecter notre réputation même. Impulsif, mais pas sans ressources Daemon Blackwood sera donc à surveiller. Qui sait ce que Marcus Parkinson a pu lui mettre dans l’esprit à ce jeune blanc bec ? Qui sait si mon bon ami jouait véritablement du côté de la rébellion, si cette graine ne fut pas déjà plantée en le jeune homme ?
Daemon serait donc à surveiller les semaines, les mois voire les années à suivre et quoi de mieux pour le faire que d’en faire mon protégé ?

Posant la tasse maintenant vide de son contenu sur la table basse, je me levais défroissant d’un coup de baguette cape et vêtements. Je m’approchais de Daemon le jaugeant de toute sa taille. Enfin, je souris presque fièrement.

- Je vais devoir y aller monsieur Blackwood. Il y a toujours fort à faire au ministère de la magie ces temps-ci. Enfin, grâce à votre signature, plus vite vous hériterez et emménagerez dans un lieu digne de votre rang alors que d'un coup de baguette magique j'amena le parchemin et la plume à moi. Comme promis, je vous écrirai au courant de la semaine et nous pourrions nous mettre d’accord sur un moment pour vous faire faire le tour du propriétaire.

Je ne connaissais guère le manoir Blackwood et sûrement qu’il contenait autant de passages et pièces dérobés que le mien propre. Certes, il appartenait précédemment aux mangemorts à la mort d’Impatience Blackwood ainsi, il était de mon devoir d’en faire emménager Daemon ça et commencer sa formation.

• • • Non. Daemon Blackwood n’était pas un imbécile. Impulsif et immature certainement, mais un idiot non. Après tout, n’avais-je pas été tout comme lui dans ma prime jeunesse ? Dès lors que je lui apprenais à garder pour soi certaines informations plus personnelles, il comprit. Non. Définitivement, il pourrait être un allié de taille ce sang-pur de d’ascendance étatsunienne.
Et il sut parfaitement me flatter.

Je n’eus alors d’autre choix que de lui rendre son sourire évitant ainsi, toute suspicion de sa part. Moi, j’en avais sur lui ne sachant pas si cette idée de rébellion macérait déjà puis, surtout depuis combien de temps. Je ne savais pas, mais je comprenais ces sorciers désirant aller contre le gouvernement en place. Il le fallait pour pouvoir trouver l’effet parfait les empêchant d’agir avec autant de violence. C’était quelque chose manquant au Seigneur des Ténèbres malheureusement, trop arrogant et croyant que tout lui était dû.

M’avançant ainsi, jusqu’à la porte bien en peine d’y trouver-là une entrée justement digne de ce nom pour un sang-pur tel Daemon Blackwood, j’entendis ses hésitations quant à me faire visiter. De marbre complètement serein en ces lieux – maintenant que mon odorat saturait de cette odeur d’alcool et quoi d’autre encore – je me tournais alors vers lui. Il me semblait hâtif. Est-ce que ça devait me rassurer quant à ses pensées profondes ?

Non, je ne baisserais pas ma garde. Ce ne serait pas quelques mots qui m’en feraient agir, ainsi. Je le prendrais comme protégé et, un jour, il m’en remerciera peut-être. Peut-être …

- Je vous ferais visiter ces pièces qui manquent à votre mémoire, Daemon. Bien vite, ce manoir ne se verra plus garder de secret à votre encontre.

Solennel, je lui fis un signe de tête avant de passer dans la rue. Le soleil perçait entre les nuages et le temps, bien que froid, me vivifiant. Enfin, un peu d’air frais songeais-je à part moi, même si en l’Allée des Embrumes, ceci restait relatif.

Tranquillement, je retournais jusque sur le Chemin de Traverse ou je transplana vers mon prochain rendez-vous en l’hôpital Sainte-Mangouste.