Un début catastrophique

La vie réservait bien des surprises. Et… justement, pas que des bonnes. Son mariage avec Arya faisait partie des mauvaises surprises. Un mariage sans amour et déjà rempli de froideur. Ils ne se comportaient que comme deux étrangers, pas même comme un couple marié. La nuit de noces, le mariage n’avait pas même été consommé. Théodore avait prétexté en être incapable ce soir là dû à son handicap. Après cela, on leur avait fichu la paix. Ce qui se passait au sein du manoir restait au manoir. Bolton Nott avait bien essayé de les débrider un peu, mais en vain. Théodore demeurait un mur de glace. Un mur de glace qui n’avait pas le moindre regard pour sa femme. Même lorsque Venus Fawley avait fait son discours, Théodore était resté résolument impassible, ne demandant même pas de ses nouvelles. Se fichait-il d’elle ? Pas vraiment. Il n’avait juste pas envie d’elle. Pas envie d’être en sa présence. Pas envie de l’avoir sous ses yeux. Pas envie de la toucher. Pas envie de partager la moindre chose avec elle. Il était en colère. Il voulait Daphne. Il le savait, Arya n’y était pour rien et le fait qu’elle paye les frais de sa frustration était loin d’être juste. Mais c’était plus fort que lui. Il ne voulait pas d’elle.

Les semaines s’étaient écoulées, et Bolton les avaient poussé à trouver leur propre manoir, songeant que les deux se rapprocheraient peut-être un peu s’ils n’étaient pas quasiment constamment entouré du vieillard qu’il était. A vrai dire, il fallait bien l’admettre, la présence de Bolton n’avait pas aidé Théodore a voir son épouse comme quelque chose de désirable, comme quelque chose en quoi il devait s’investir. Théodore avait donc cédé. Ou Arya avait cédé. Il ne savait plus, et il s’en fichait. Il avait même laissé Arya quasi carte blanche sur le choix du manoir, se fichant ouvertement de son endroit, de son style ou même de sa taille temps qu’il reflétait leur rang. Désintéressé. Oui, c’était le mot juste. Théodore était résolument désintéressé.

En cette journée d’Octobre, ce samedi, pour être exacte, la pluie battait son plein. Il tombait des cordes sans le moindre arrêt depuis le matin. Leur tout nouveau manoir, en dépit d’être absolument magnifique, avait un air presque lugubre avec cette pluie. Le parc était si trempé qu’il ressemblait plus à une piscine olympique qu’à un parc. Même la toiture du manoir semblait avoir cédé et tout l’étage était maculé de fuites. En dépit des sortilèges de réparation, les fuites revenaient, créant un incessant floc floc qui rendait les chambres inhabitable pour le soir, le temps qu’un sorcier expert puisse faire le déplacement. Un début catastrophique, donc.

Les deux jeunes mariés étaient donc dans leur salon. Seuls, pour la toute première fois. La nuit était tombée, et la pluie continuait de battre sur les immenses fenêtres. Pour rendre la pièce un brin moins lugubre et froide, Théodore avait entrepris d’allumer un feu. Leur elfe de maison n’arriverait que le lendemain, et merlin, le jeune juriste détestait le fait qu’ils n’aient pas pensé à prendre un elfe de maison AVANT leur emménagement.

Le feu allumé, trempé jusqu’aux os, le Nott se tourna vers sa femme, silencieux, le visage aussi impassible que d’habittude.

Un début catastrophique

Le mariage change une personne, c’était un fait, mais pas forcément en « bien ». Arya en avait fait les frais, contre son gré. Elle aurait énormément apprécié qu’on la prévienne avant de dire « oui », cependant, à présent, maintenant qu’elle était mariée, elle ne pouvait plus revenir en arrière et ce même si elle l’aurait souhaité au plus profond d’elle-même, elle s’était retrouvée enchaîner à un homme qu’elle n’aimait pas, à un homme qu’elle ne désirait pas, elle allait en revanche devoir continuer à supporter et à observer celui qu’elle aimait dans les bras d’un autre, sa vie était devenue un véritable enfer.

Et elle allait continuer à vivre dans celui-ci. Cela aurait pu être pire, c’est ce que son père aurait pu lui dire, mais c’était bel et bien ce qu’elle cherchait à penser et à se persuader. Elle venait d’aménager depuis peu dans un tout nouveau manoir, même si elle aurait largement préféré aménager une fois les réparations faites et les domestiques présents dans les lieux, cependant, son époux en avait décidé tout autrement, ce qui eut pour effet de l’énerver de plus belles, surtout qu’aujourd’hui, il pleuvait, Arya commençait à ressentir le froid, et la fatigue car oui, elle n’avait pas arrêté de lancer sortilèges, sur sortilèges pour y remédier et pour éviter que la pluie ne s’infiltre chez eux, mais tout ceci était peine perdu.

Elle entreprit dès lors de s’arrêter laissant le reste entre les mains de son époux quand il reviendrait, quelque peu à cran, elle entreprit de se rendre dans le salon et de l’attendre un livre en main. Rapidement, elle fut rejointe par Théodore, lorsqu’elle le vit, elle entreprit sans attendre de le dévisager, tout en restant silencieuse. Il daigna quelques minutes après enfin tenter d’allumer un feu, Arya se contenta de l’observer et de lui dire « Je vous déteste vraiment » dit-elle avant d’ajouter « Pourquoi n’avez-vous pas voulu attendre que tout ceci soit réparer et les elfes présents avant d’aménager ? » lui redemanda-t-elle sans lui cacher sa position, « Puisque c’est vous qui avez désiré aménager plus tôt, je ne vois pas pourquoi cela ne devrait pas être à vous de remédier à tout ce désordre » conclut-elle tout simplement.

Un début catastrophique

Théodore maudissait déjà ce manoir. Rien ne fonctionnait, le personnel n’était pas là et en plus, ils étaient bloqués ici à cause de la météo. A nouveau, au lieu de se focaliser sur le positif et de faire de cette situation désastreuse un avantage, il n’arrivait pas à se sortir de cette pensée pour Daphne, que s’il avait été dans la même situation avec la belle Greengrass, la soirée aurait tourné en un romantisme fou, agrémentée de parties de jambes en l’air au coin du feu. Pensée qui, de toute évidence, ne l’aidait absolument pas à faire la part des choses et apprécier un minimum ce qu’il avait là ou songer à faire plaisir à son épouse.

Alors qu’il revenait et allumait un feu, se cantonnant à son habituel silence, Arya prit enfin la parole, qui plus est pour lui dire qu’elle le détestait vraiment. Théodore soupira. Les mots d’Arya ne le blessaient pas et ne l'atteignaient pas non plus. A vrai dire, elle aurait pu être folle amoureuse de lui qu’il s’en serait tout autant moqué. Mais Arya repris la parole, lui reprochant de ne pas avoir attendu quelques jours de plus pour emménager qu’il ferait mieux de ne pas compter sur son aide pour améliorer la situation ou leur manoir puisque tout était de sa faute. Théodore leva alors les yeux au ciel, le regard toujours rivé sur les flammes dans la cheminée. Le feu commençait enfin à brûler décemment. Il se redressa et se tourna enfin vers son épouse à qui il avait tourné le dos depuis le début.

Debout, il la toisa de son visage inexpressif, de son regard dur, froid et sombre. Mains posées sur sa canne, il continua de fixer Arya.

- Vous croyez que je vous apprécie ? Soyez rassurée, je vous déteste tout autant, ravi que nous sommes donc sur la même longueur d’onde, lança-t-il sur un ton froid avant d’opérer une semie révérence complètement sarcastique.

Elle non plus ne faisait pas le moindre effort de toutes façons. S’était-elle intéressée à lui depuis leur union ? Non, il n’en avait pas l’impression. Les pensées d’Arya étaient tout autant tournées vers Keylian Travers que les siennes ne l’étaient vers Daphne.

Un début catastrophique

Fatiguée d’avoir tenté vainement toute la journée de remédier aux diverses imperfections du manoir qui venaient de se manifester par suite d’une grosse averse et d’un orage, Arya l’était. Théodore avait été absent, ce qui avait eu pour effet de faire plus grandir la haine qu’elle pouvait éprouver à son égard, il aurait pu après tout prendre une journée pour l’aider, peut-être qu’à deux, ils auraient pu résoudre tout ceci, mais non, il ne l’avait pas fait, et par conséquent, Arya avait rapidement abandonné et s’était contentée rapidement de penser à se reposer et de penser à son confort. Attendant impatiemment qu’il ne revienne pour l’accabler et l’obliger presque à faire tout ce qu’elle avait pu faire pendant toute la journée pour qu’il comprenne.

Lorsqu’il était arrivé, elle l’avait laissée arriver, et allumer un feu, emmitouflée sous une plaide, Arya s’était ensuite empressée de lui faire comprendre ce qu’elle ressentait et ce qu’elle avait dû supporter, tout en lui faisant également savoir qu’elle le détestait. Le plaisir semblait partager, elle fut à peine toucher de ses propos lorsqu’il s’adressa à elle, d’un ton froid et sans la moindre émotion. Puis, elle le vit effectuer une révérence des plus sarcastiques à son encontre, prenant quelque peu la mouche, elle reprit « Moquez-vous, vos propos ne me touchent guères, comment le pourraient-ils alors que depuis le début de ce mariage, vous ne faites aucuns efforts, de mon côté, j’abandonne » conclut-elle tout simplement.

« Nos destins sont liés, et vous continuez à m’ignorer, croyez-vous qu’il s’agît là d’une bonne chose pour nous ? Je n’imagine même pas ce que doit en penser notre entourage » conclut-elle avant de reprendre « Même la compagnie de votre père semble actuellement bien plus plaisante que la vôtre » conclut-elle tout simplement « Comment se porte Daphné ? » demanda-t-elle sans passer par quatre chemins puisqu’ils en avaient l’habitudes depuis leur rencontre, autant ne pas chercher à cacher ses émotions ou encore ses pensées.