Le soleil avait d’ores et déjà quitté l’horizon lorsqu’Artémis passa la porte de la Grande Salle. La jeune fille de troisième année jeta un coup d’œil fatigué à la cour baignée dans l’ombre nocturne avant de soupirer. À travers la vitre, elle ne distinguait que son reflet. Ses longs cheveux avaient perdu de leur flamboyance après ce premier mois de cours. Ses yeux bleus s’étaient également assombris. Décidément, les journées s’avéraient longues à tenir.

Artémis balaya les environs du regard : le couloir était désert, pas un seul élève ou fantôme en vue. Ses épaules se relâchèrent et elle dut s’appuyer contre le mur pour ne pas chuter. Sa robe de sorcier révéla alors une couleur qui la hantait depuis sa cérémonie de répartition : un jaune aussi brillant que le soleil.

« Poufsouffle, vraiment… » souffla Artémis entre ses dents.

Mais elle se redressa rapidement. Elle n’avait pas le droit de se laisser aller dans un tel endroit. Si l’envie de se morfondre était bien présente, elle se devait d’attendre d’être à l’abri des regards, dans son lit à baldaquin. Artémis se dirigea alors vers les escaliers fous de Poudlard et descendit jusqu’aux sous-sols, là où résidaient les Poufsouffle et les Serpentard. Lorsqu’elle posa le pied sur le sol froid, Artémis s’imaginait déjà sous l’eau bouillante de sa douche réparatrice quotidienne. Il s’agissait du moment qu’elle attendait le plus en chaque fin de journée. Le moment où elle pouvait s’enfermer dans une cabine et laisser l’eau ruisseler contre sa peau, emportant avec elle toutes ses inquiétudes.

Pourtant, ce soir-là, ses jambes s’étaient immobilisées à l’intersection de deux couloirs. L’un menait à la Salle Commune des Serpentard, l’autre à la Salle Commune des Poufsouffle. Autrement dit : le chemin qu’elle aurait dû emprunter et celui dans lequel elle s’était indignement engagée. Chaque fois qu’elle arrivait à cette intersection, elle se demandait comment serait sa vie si le Choixpeau l’avait envoyée dans la seule maison que sa famille estimait. Se serait-elle mieux intégrée ? Sa mère la regarderait-elle avec une once de fierté ? Probablement. Tout aurait été plus simple si elle avait été différente lors de cette cérémonie. Malheureusement, elle portait bel et bien les couleurs de Poufsouffle, la maison de la loyauté. Quelle ironie. Le Choixpeau avait décelé en elle un fort sentiment de loyauté alors qu’elle avait trahi sa famille.

« Arty ! » s’exclama une voix derrière elle.

Artémis sursauta et fit volte-face. À quelques mètres d’elle se tenait une fille de sa classe, Elizabeth. Elle s’était présentée elle-même comme un nounours plein d’amour prêt à aider son prochain en toutes circonstances. Un peu potelée et maladroite, Elizabeth était souvent moquée par les autres élèves, même au sein de la maison Poufsouffle. Artémis, elle, ne savait pas quoi en penser. Cette personne avait l’air gentil et désintéressé, contrairement à d’autres qui ne s’approchaient d’elle que pour se sentir en contact avec la famille Lestrange. Pourtant, utiliser un diminutif de son prénom…

« Arty ? » répéta-t-elle, incrédule.
« Je peux t’appeler Arty ? Ça ne te dérange pas ? » enchaîna Elizabeth avec un large sourire qui mit Artémis mal à l’aise. Personne ne l'avait jamais appelée ainsi.
« Je… euh… oui, je suppose. » bredouilla-t-elle.
« Pour équilibrer la balance, tu peux m’appeler Betty ! »

Artémis lui répondit par un sourire cordial. D’un côté, elle n’avait pas envie qu’on la voie en compagnie d’Elizabeth, mais de l’autre, elle ressentait une certaine chaleur s’installer dans son cœur. Comme si, pour une fois que quelqu’un s’intéressait à elle, elle avait l’impression d’exister. Cependant, elle ne pouvait pas se permettre de traîner auprès d’elle en public trop longtemps, un élève de Serpentard pourrait les surprendre, ce qui n’arrangerait guère sa réputation déjà compromise.

« Pourquoi pas, Betty » prononça-t-elle amèrement, « mais je suis en train d’attendre quelqu’un d’important, est-ce que l’on pourrait discuter une autre fois ? »

Elizabeth hocha vivement la tête avant de s’éloigner en gesticulant de manière hilare. Artémis maintint son sourire quelques secondes, un peu déçue d’avoir menti à une fille si innocente. Mais elle devait tenter de sauver ce qu’il restait à sauver, quelle indigne héritière elle faisait…

La rentrée scolaire avait débuté il y a un mois et cela faisait donc à l’heure d’aujourd’hui près d’un mois qu’Arya avait débuté sa quatrième année d’étude. Les temps étaient sombres, le retour de Voldemort était connu de tous depuis l’attaque de Poudlard de l’an dernier et la mort d’Albus Dumbledore, Arya aurait pu se sentir effrayer cependant, elle gagna bien au contraire en confiance car Severus Rogue, directeur de la maison Serpentard (enfin ancien directeur) et actuel mangemort à la joute de Voldemort se trouvait être à la tête de l’école, ainsi que quelques mangemorts, à des postes de Professeurs. Elle se sentait protéger de part son rang, mais également son sang. Elle faisait partie des élèves fidèles au régime du Lord, et qui participait activement aux cours et qui restait donc une élève modèle et exemplaire, cherchant encore et toujours à gagner en puissance et à se faire bien voir, elle ne manquait jamais une occasion de dénoncer les personnes qui ne respectaient pas le règlement, elle y prenait d’ailleurs un malin plaisir et elle se servait continuellement de son don, pour servir sur ce point, ses propres intérêts, faisant la fierté de sa famille qui devint peu à peu tout particulièrement proches du Seigneur des Ténèbres. Arya savait que la guerre ne tâterait pas à frapper, et elle savait d’ores et déjà de quel côté elle se situerait, même au si finalement, elle n’en resterait pas moins marquée.

Aujourd’hui était une journée comme une autre, Arya était allée déjeuner comme tous les élèves de l’école, et elle avait suivi sa journée de cours, lorsque celle-ci fut terminée, elle entreprit de retourner dans la salle commune des Serpentards. Sur le trajet, elle entreprit cependant d’entendre une conversation des plus intéressantes, entre sa cousine et l’une des filles faisant partie de sa maison. Arya tenait un sacré scoop entre les mains, elle s’en réjouissait d’ores et déjà, mais elle entreprit dans un premier temps de s’assurer de rester la plus discrète possible et ainsi se rapprocher quelques secondes après de sa cousine, pour la confronter et avoir des explications, cette conversation serait probablement évoquée, mais en amont, il fallait vraiment qu’elle en profite pour lui parler, après tout, elle n’avait toujours pas compris, même après trois ans, sa répartition chez les Jaunes et Noirs, qu’elle qualifiait de tromperie.

Si plus jeune, elle ne lui prêtait pas plus attention que cela, il n’en demeurait pas moins qu’elle était à l’heure d’aujourd’hui la plus âgée de cette troisième génération de Lestrange, postérieurement à ses grands-parents bien entendu, elle ferait donc tout ce qu’elle pourrait pour continuer à laisser transparaître une bonne image de la famille, et pour cela, elle était prête à tout, et ce même à prendre sa cousine sous son ailes si cela était nécessaire pour ne pas qu’elle se pervertisse davantage dans cette maison de moins que rien et de personnes contre nature. Elle entreprit de s’approcher d’elle, et de l’aborder : « Salut Arty » lui dit-elle tout simplement, tout en faisant exprès de l’appeler comme l’autre fille l’avait fait, « Je dois absolument te parler, j’espère que tu es disponible » lui dit-elle avant de reprendre comme si de rien était « Poufsouffle, Poufsouffle était-il un choix volontaire ? Ne me ment pas, tu sais très bien que tu aurais pu influencer le choixpeau, mais tu ne l’as pas fait, pourquoi ? » demanda-t-elle à sa cousine.

Une fois Elizabeth disparue au fond du couloir, les épaules d’Artémis se relâchèrent et la jeune fille chancela jusqu’au mur. Elle sentit la froideur de ce dernier même au travers de sa manche à présent tachée de poussière. Elle époussetait son habit lorsqu’elle entendit des bruits de pas s’approcher. Elle entreprit alors de rapidement réajuster sa manche et sa chevelure rousse pour faire bonne impression devant quiconque elle devait se présenter, mais elle se raidit en voyant sa cousine, Arya, approcher.

Arya tenait tout particulièrement à l’image de la famille Lestrange, et encore plus depuis qu’elle était à la fois en âge de comprendre mais également en âge de tracer son propre chemin et de montrer cette potentielle toute puissance, puissance qu’elle pouvait incarner grâce à son don de légilimencie innée, mais qu’elle se devait de cacher (mais plus pour longtemps) pour l’instant. Elle pouvait en effet être utilisée comme une arme, elle allait l’être bien entendue mais pour servir la cause, celle des mangemorts, non celle des rebelles et de l’ordre du Phénix ou encore l’armée de Dumbledore. Elle avait appris à utiliser son don à mon escient, même s’il pouvait s’avérer de temps à autre difficile à contrôler. Aujourd’hui, elle n’était ni perturbée par ses émotions, ni par quoique ce soit d’autres, raison pour laquelle, il lui fut très facile de l’utiliser, et d’entendre par conséquent une conversation des plus intéressantes entre sa cousine, Artémis, sang-pur, et une sang-mêlé ou nés-moldus.

Arya jugeait le comportement de sa cousine tout particulièrement déplacée, et elle n’allait pas se priver pour le lui faire savoir, mais en amont, elle se devait de régler une chose très importante. Elle désirait obtenir des explications de la part de sa cousine, elle avait besoin de comprendre pourquoi cette dernière avait choisi Poufsouffle alors qu’elle aurait pu sans difficulté choisir Serpentard. Comme à son habitude, et d’un ton des plus hautains, elle se rapprocha d’elle et elle s’adressa à elle, en utilisant le surnom que venait de lui donner cette impureté, ne serait-ce que pour lui faire comprendre qu’elle savait et qu’elle disposait d’un avantage sur elle, cela n’empêcha pas sa cousine de lui répondre, mais elle ne l’écouta point préférant poursuivre, cela ne l’empêcha pas avant qu’elle ne puisse se justifier, qu’Arya réagisse sur ce qu’elle venait de lui dire un peu plus tôt : « Tu permets que j’utilise ce surnom, à priori, tu laisses n’importe qui t’appeler ainsi, donc je suis à mon humble avis parfaitement dans mon droit de t’appeler ainsi ou d’une toute autre manière si j’en ai envie » lâcha-t-elle tout simplement.

Puis, elle entreprit de la laisser s’expliquer, Arya ne fut absolument pas convaincue par cette réponse, absolument pas, elle entreprit de lui faire savoir « Que tu sois disponible ou non m’importe peu, je reste l’aînée de cette famille, tu me dois par conséquent un respect et une loyauté sans faille, que tu sois occupée ou non, tu dois donc te rendre disponible » ajouta-t-elle avant de reprendre « ici et maintenant oui, Je ne te crois pas. Tu mens comme tu respires. Essaye au moins d’avoir la décence de ne ma pensée trop haute. Tu nous as déshonorer, monter au temps de faiblesse en public, c’est inimaginable. Notre oncle et notre tante ne t’ont pourtant pas éduqué ainsi. Tu as forcément décidé de ton propre chef d’aller dans cette maison, je ne vois que cette possibilité, elle te plaisait, avoue le » conclut-elle tout simplement. Elles étaient seules, par conséquent, Arya ne filtrait pas ses mots. Elle entreprit de lui parler ainsi sans le moindre filtre, peu importe si elle se sentait mal ou non de se retrouver face à elle. Elle n'en avait absolument rien à faire.

Artémis savait qu’Arya savait se montrer directe, mais elle ne pensait pas qu’elle allait la confronter ainsi dans les couloirs de l’école. La Poufsouffle se demandait parfois comment sa cousine voyait le monde ; comment était la vue de « là-haut », lorsque l’on est une héritière de grande famille de sang-pur ? Artémis ne le saurait probablement jamais. Arya justifia son utilisation du surnom « Arty », mais elle n’avait pas besoin de le faire. Les craintes d’Arty s’étaient immédiatement confirmées. Quelle idée avait eu Elizabeth ! De tous les élèves de l’école, il fallait que l’oreille indiscrète d’Arya passe par là ? Évidemment qu’elle allait pointer du doigt cette faiblesse ! D’un côté, Artémis avait envie de faire payer sa camarade pour cela, mais elle ne pouvait pas s’y résoudre. Elle était peut-être trop gentille pour cette famille.

Artémis ne répondit pas aux attaques d’Arya lorsque cette dernière lui rappela sa place dans la hiérarchie. Après tout, c’était normal, elle avait probablement posé la question par souci de conventions sociales. Dans tous les cas, Artémis était disponible, elle n’avait rien de mieux à faire à part étudier dans un coin de la salle commune. C’était à cela que se résumaient ses soirées, de toute manière. Cependant, ses pupilles s’écarquillèrent lorsqu’elle l’accusa de mensonge. Elle n’avait pourtant aucune raison de le faire, et elle disait la vérité ! En tout cas, elle communiquait ouvertement sur ce qu’elle avait ressenti le jour de la répartition. La peur et la pression avaient submergé la petite fille de onze ans qu’elle était.

Les paroles d’Arya blessèrent pourtant Artémis, qui savait qu’elle avait raison : elle avait bel et bien déshonoré un père qui avait désespérément besoin de remonter dans l’estime de sa famille. Au moins, elle ne remettait pas en cause l’éducation de ses parents. Cette dernière avait été stricte et très difficile à vivre pour Artémis, qui se sentait forcée d’agir d’une manière qui ne lui convenait pas. Sa mère avait d’ores et déjà exprimé son ressenti sur cette situation et Arya lui ressemblait terriblement en ce moment-même.

« Tu as forcément décidé de ton propre chef d’aller dans cette maison, je ne vois que cette possibilité, elle te plaisait, avoue le. » conclut Arya d’un ton cinglant.

Artémis ouvrit la bouche mais aucun son n’en sortit. Que pouvait-elle répondre à cela ? « Oui, je suis différente de toi, maman et les autres Lestrange. Je suis une Poufsouffle, j’ai la main sur le cœur. » ? C’était inconcevable. Exprimer une différence qu’elle commençait à peine à déceler était inconcevable. Et puis, si elle devait se rebeller, ce ne serait certainement pas contre Arya…

« Poufsouffle ? Me plaire ? » s’exclama-t-elle en roulant théâtralement des yeux. « Jamais. Ce ne sont que des blaireaux qui pensent que l’amitié peut résoudre tous les problèmes. Ils se sont perdus dans les contes de fée que leurs parents leur ont lu le soir avant de dormir. »

Cet air de dégoût ne lui ressemblait guère. Elle n’avait absolument rien contre les membres de sa maison, qui faisaient de leur mieux pour l’intégrer. Elle regrettait parfois de ne pas accepter leur main tendue.

« Je sais que j’ai fait une erreur en atterrissant à Poufsouffle » continua-t-elle. « C’est impardonnable. Mais c’est trop tard, je ne peux plus rien y faire. Alors je suis obligée de porter cette écharpe jaune et noir tous les jours, tu ne penses pas que c’est un fardeau suffisamment lourd à porter ? »

Elle avait montré son écharpe encore un peu salie par le contact avec le mur du doigt. Sa voix n’avait heureusement pas tremblé. Sa mère aurait pu être fière, pour une fois, qu’elle avait mis en pratique ses cours d’élocution, s’ils n’avaient pas servi à mentir à sa cousine. Pourtant, elle ne pouvait rien faire à part subir cette répartition. Artémis préférerait que toute sa famille l’oublie, quitte à perdre le nom de Lestrange. Elle pourrait recommencer une nouvelle vie en tant que Poufsouffle. Quoique, non, cela était impossible. Elle avait une étiquette collée sur son front et jamais elle ne pourrait s’en débarrasser.

En pleine confrontation avec Artémis, Arya cherchait non seulement à la comprendre, mais également à la pousser dans ses retranchements. Il n’y avait personne, Arya ne prenait dès lors pas de gants et prenait Artémis de hauts, par ailleurs, si quelqu’un venait à se pointer, Arya pourrait anticiper et adapter ses phrases et son comportement en conséquence grâce à son don, Artémis devait probablement prier pour que quelqu’un intervienne, mais pour l’heure, elles étaient toutes les deux seules dans les cachots. Arya prenait un malin plaisir à faire souffrir Artémis et à être tout particulièrement méchante à son encontre.

Elle agissait ainsi pour faire comprendre à sa cousine qu’elle lui était supérieure, et elle lui fit rapidement comprendre qu’elle pourrait user de son don ou de son art de manipulation pour faire avaler n’importe quoi au reste de son entourage, faisant passer Artémis, sa cousine pour une menteuse, si elle venait à tenter quoique ce soit à son encontre, et cela valait également pour les éventuelles paroles qu’elle pourrait avoir à son encontre à ses amies/amis ou encore à sa famille.

Arya était non seulement puissante, mais très influente, Artémis le savait et de ce fait, elle cherchait continuellement depuis son enfance à la satisfaire, et même avec son faible niveau, elle continuait à répondre aux désirs d’Arya, ce qui allait parfaitement à l’heure actuelle à l’intéresser, mais elle voulait plus, de ce fait, elle agissait ainsi dans ce sens, et à présent, elle attendait ses réactions, impatiemment.

Elle fut partiellement ravie de l’entendre incendier ses camarades. Elle aurait pu s’en servir contre elle, et elle le pourrait toujours en cas de trahison de sa part, mais elle entreprit de s’abstenir et d’enregistrer dans sa tête, ce qu’elle était en train de dire (puis même si cela devait un jour ressortir, Artémis n’aurait sûrement aucune crédibilité contrairement à elle). Elle entreprit ensuite de reconnaître ses erreurs, et elle entreprit de demander à Arya sa clémence, tout du moins, c’est ce que la brune put en déterminer, lorsqu’elle l’entendit lui demander si elle allait devoir porter se fardeau et bien d’autres sur ses frêles épaules à partir d’aujourd’hui.

Arya ne lui répondit pas directement, mais elle entreprit de le faire, « Et bien, quelle éloquence, on dirait que les leçons de Tante Alhéna ont portés quand même leurs fruits, je le lui ferais remarquer. Tu as l’air beaucoup plus convaincante » entreprit-elle de lui dire avant de reprendre « Appartenir à ses faiblards m’a l’air en effet plus que suffisant jusqu’à ta majorité, je ne me lasserai cependant jamais de te le rappeler, maintenant, ce que je voudrais savoir, c’est est-ce que tu veux faire partie des gagnants ou des perdants Artémis, et pas de mensonge, contrairement à toute à l’heure » lui demanda-t-elle tout en restant très attentive à ce qu’elle allait bien pouvoir lui dire.

Lorsqu’Arya mentionna les leçons de « Tante Aléna », le visage d’Artémis se crispa de manière incontrôlable. Elle parlait d’elle avec une aisance que même Artémis, la fille de la personne en question, n’osait avoir. Si seulement elle était suffisamment prestigieuse pour pouvoir invoquer son nom sans honte. Le compliment d’Arya sonnait faux, mais vrai à la fois. Cela avait toujours été le cas. Artémis avait toujours eu de la peine à distinguer les véritables pensées de sa cousine de ses banalités soumises aux conventions sociales de la haute société des sang-pur. Dans tous les cas, mieux valait ne pas remettre en doute sa sincérité. Et puis, ce n’était pas vraiment grave si elle se montrait hypocrite face à elle : Artémis avait l’habitude d’être traitée de la sorte avec sa mère.

Arya entreprit ensuite de préciser qu’elle allait se délecter de la situation de sa cousine jusqu’à sa majorité, au moins. Artémis savait bien qu’elle mentait : à moins qu’elle obtienne un poste important dans la hiérarchie du seigneur des ténèbres, elle resterait toujours le vilain petit canard de la famille. Mais le souhaitait-elle réellement ? Elle avait plutôt accepté sa condition.

Lorsqu’Arya lui demanda dans quel camp elle avait envie de se positionner, Artémis fronça les sourcils. Elle avait l’impression de sa cousine enfonçait une porte ouverte. Elle ne voyait pas à quoi cela allait lui servir de poser des questions auxquelles Artémis possédait une liste de réponses prédéterminées contre lesquelles elle ne pouvait se rebeller même si elle le voulait.

« Le camp des gagnants, évidemment, je suis une Lestrange, après tout. » déclara-t-elle fadement.

Elle avait agité sa main pour convaincre Arya de sa sincérité et cacher son désespoir. Porter le nom de Lestrange traçait d’ores et déjà toute sa pensée et elle n’avait pas la force de s’y opposer. Un jour, peut-être, elle osera prendre son courage à deux mains et tenter de penser par elle-même. Mais pour l’instant, elle voulait simplement se jeter dans son lit et dormir. Mais elle n’avait pourtant pas l’occasion de parler en tête-à-tête avec Arya tous les jours, si bien qu’elle saisit l’occasion pour lui poser quelques questions.

« Pourquoi est-ce que tu as attendu aussi longtemps pour me poser ces questions ? » demanda-t-elle finalement. « Tu vérifiais que je me comporte plus ou moins dignement malgré mes couleurs ? Est-ce que tu es satisfaite de moi ? »

La réponse de sa cousine l’intéressait réellement. Même si elle se doutait bien que son étiquette de Poufsouffle et de fléau de la famille était indélébile, elle aimerait savoir ce que sa cousine en pensait, en tant que personne et non en tant qu’héritière des Lestrange.

Face à Artémis, Arya cherchait à obtenir des réponses. Elle cherchait également à sonder son esprit pour découvrir le degré de défaillance de celle-ci, pour elle, il était évident que sa cousine l’était mais elle se devait de confirmer ses propres pensées, avant de pouvoir correctement s’en servir et les utiliser, au bon moment bien entendu. Analysant les gestes, la carrure mais également les paroles de sa cousine, Arya l’écoutait. Il semblerait qu’Artémis veuille continuer à rester du côté des gagnants, c’était à la fois une bonne et une mauvaise chose. Que se passerait-il si une nouvelle bataille se déroulait ? Que se passerait-il si cette fois-ci le Lord et les sangs-purs perdaient ? Artémis resterait-elle du coter du Lord ou bien finirait-elle par rejoindre le camps adverse (celui de l’ordre). « Mauvaise réponse, tu aurais dû dire, non pas le camp des gagnants, et encore moins celui des perdants, mais que tu appartiens au camp des Lestrange, et que tu le resteras, tout en assumant jusqu’au bout ce choix » lui dit-elle tout en marquant une pause « Rassures-moi, tu ne comptes pas non trahir ? » lui demanda-t-elle tout simplement.

Guettant sa réponse, elle put rapidement l’avoir, elle n’avait plus rien à lui dire pour l’instant, Artémis entreprit donc d’en profiter pour lui poser des questions. « On constate la défaillance ou non d’une personne sur le long terme et non en seulement quelques jours, j’avais besoin de vérifier tout cela, et de m’assurer à présent que tu ne dévieras pas plus » conclut-elle tout simplement, « Je suis partagée pour l’instant, tes fréquentations sont loin d’être idéal, mais nous allons y remédier ; je ne veux plus que tu adresses la parole à cette bouffonne, tu passeras plutôt la plupart de ton temps avec moi et mes amis » dit-elle tout simplement et fermement, cela n’était guère négociable « Ce n’est pas négociable » ajouta-t-elle.

« Tout n’est pas perdu, tu as autre chose à me demander ? » lui demanda-t-elle.

Artémis fronça les sourcils en constatant qu’elle avait donné une mauvaise réponse, selon sa cousine. Elle était pourtant partie du principe que la famille Lestrange allait honorer sa fidélité au Seigneur des Ténèbres en toute circonstances. Et surtout, elle ne voyait objectivement pas comment l’Ordre pourrait renverser la situation d’une quelconque manière.  Lord Voldemort était au pouvoir, il comptait y rester et il avait les moyens d’y rester. Tisser de bonnes relations avec lui était la meilleure décision qu’une famille pouvait prendre.

Lorsqu’Arya lui demanda si elle comptait les trahir, Artémis sentit une vague d’indignation éclater en elle. Elle ouvrit la bouche, mais aucun son n’en sortit. Elle ne savait pas si elle se sentait insultée à cause de l’inefficacité de son argumentaire ou si elle hésitait réellement à trahir les Lestrange, si l’occasion se présentait. Elle aurait aimé se considérer comme neutre, mais il était impossible de se déclarer ainsi en portant le nom de « Lestrange ». Arya ne lui laissa même pas le temps de rétorquer et entreprit de répondre à ses questions. Apparemment, elle la testait pour savoir si elle n’avait pas succombé à la mauvaise influence des Poufsouffle. Visiblement, elle avait plus ou moins réussi le test.

Arya précisa qu’elle ferait mieux d’éviter de fréquenter Elizabeth. Artémis haussa les épaules : elle ne parlait presque jamais à cette fille, de toute façon. Elle sentit tout de même un petit pincement au cœur lorsque sa cousine la traita de « bouffonne ». Elizabeth n’était peut-être pas une lumière, mais elle était profondément gentille. Cependant, la suite surprit grandement Artémis.

« Tu passeras la plupart de ton temps avec moi et mes amis. » avait-elle dit.
« Avec toi et tes amis ? » Artémis eut besoin de répéter pour être certaine d’avoir bien saisi le message. « Après m’avoir laissée seule toutes ces années, ce n’est que maintenant que tu me fais rejoindre ton groupe ? »

Sa voix trahissait un mélange de soulagement et d’agacement. Elle s’était sentie seule depuis son entrée à Poudlard et elle allait devoir, tout à coup, passer son temps avec les élites du château ? C’était… inattendu. Et non négociable, selon Arya.

« Non, rien d’autre à demander. » souffla-t-elle enfin.

D’un côté, elle se réjouissait de pouvoir, en quelque sorte, monter en grade, mais elle sentait que la tâche n’allait pas lui être aisée. Après tout, au sommet, il fallait se battre pour rester debout et son nom de famille n’allait pas suffire à la protéger, surtout compte tenu des couleurs qu’elle arborait. Chacun de ses gestes allait être capté par les autres et par Arya. Elle cherchait certainement à la garder près d’elle pour pouvoir la surveiller.

« Est-ce qu’il y a autre chose que je peux faire pour toi ? » demanda enfin Artémis.

En conversant avec Artémis, Arya était parvenue à obtenir plus ou moins les réponses qu’elle désirait (même si pour la plupart, elle aurait préféré ne pas les entendre). Désireuse de remettre sa cousine sur le droit chemin, elle s’était empressée de lui filer quelques instructions, qui s’apparentaient plutôt à des ordres, des ordres non discutables et non négociables. Ainsi, elle entreprit de lui faire savoir qu’à partir d’aujourd’hui, elle resterait sous sa protection et sous influence, elle s’empressa ensuite de lui interdire de reparler ou de fréquenter de nouveau des personnes inférieures à elle ou à son rang.

Bien évidemment, Artémis s’empressa de manifester sa surprise et elle ne put s’empêcher d’effectuer une petite remarque à ce sujet, Arya s’empressa de lui répondre « J’aurais espéré que tu puisses te débrouiller toute seule, mais à priori, tu n’en es pas capable, cela est visible rien qu’en voyant tes fréquentations et à qui tu parles » conclut-elle « Il n’est pas encore trop tard cependant, nous allons y remédier » lui dit-elle de nouveau. Arya entreprit ensuite de lui demander si elle avait d’autres choses à dire ou encore à lui demander, même si elle espérait pour cette fois-ci, que la jeune femme se taise. Elle écouta sa cousine réagir et lui demander si elle désirait qu’elle réalise quelque chose pour elle, elle s’empressa de réfléchir et de lui dire « Non pas pour l’instant, mais je t’appellerai en cas de besoin bien évidemment, tu es libre de retourner dans ton dortoir ; je te donne rendez-vous demain à notre table, pour le petit déjeuner » conclut-elle tout simplement, « Je vais y aller à présent, je compte sur toi, n’oublie pas les premières instructions que je t’ai donné, ne pas parler à cette fille et ne plus la fréquenter » conclut-elle tout simplement, puis elle entreprit de partir et de retourner dans son propre dortoir.

Le cœur d’Artémis se serra lorsqu’Arya lui dit qu’elle s’était montrée incapable de se comporter correctement toute seule. Même si, effectivement, la Poufsouffle ne s’était pas montrée à la hauteur des standards de sa famille, ne serait-ce que par la couleur de l’écharpe qu’elle se devait de porter au quotidien, elle pensait sincèrement avoir fait de son mieux en se cachant et restant en retrait. Heureusement, selon les dires d’Arya, il n’était pas encore trop tard. Artémis appréhendait cette « rééducation » qui l’attendait, mais c’était une étape obligatoire. Après tout, elle souhaitait de tout cœur pouvoir retrouver une certaine place dans sa lignée, porter son nom de famille avec fierté, faire en sorte que sa mère n’exprime aucun mépris en la nommant. Laisser Arya gérer la situation s’avérait être la meilleure solution à tous ses problèmes.

Arya lui donna rendez-vous le lendemain et lui ordonna de ne plus parler à Betty. Artémis hocha la tête en baissant les yeux. Elizabeth était presque constamment dans la même pièce qu’elle, que ce soit au dortoir, dans la salle commune, dans la grande salle, en cours, … s’en débarrasser n’allait pas être chose aisée. Pourtant, elle n’avait pas le choix. La jeune fille observa sa cousine lui tourner le dos et s’en aller. Elle entreprit alors de faire de même. Le cœur lourd, elle entra dans la salle commune de Poufsouffle.

« Arty ! T’es de retour ! » s’exclama une voix qui dégoûta l’héritière Lestrange.

Artémis fronça les sourcils et détourna le regard sans prendre la peine de répondre. Elle se dirigea silencieusement dans les dortoirs, sous le regard incrédule de ses camarades. « Pardon, Betty », pensa-t-elle en fermant la porte derrière elle.