• • • Le bal de Noël fut une véritable catastrophe ou, à tout le moins, selon certains points de vue. J’ai été éhonté, choqué et idiot ce soir-là. J’avais paru tel l’homme un peu trop passionné, impulsif et violent qu’on me reprochait de mes jeunes années. Après tout, la nature d’un homme était définie dans l’enfance et on ne pouvait jamais y échapper bien longtemps. Mes émotions n’en furent pas pour le moins sincères surtout quand elles avaient touché ma fille Ayla, la chair de mon sang si ignorée de mes yeux de père. Sentimental le bras-droit du Seigneur des Ténèbres pourtant si autoritaire qu’il en était sadique ? Peut-être. Je ne cessais de penser à me repentir auprès de mes filles à vouloirs les inclure réellement dans les plans d’un héritage sans précédent.

Mais pas aujourd’hui et tout particulièrement ce soir du 18 décembre 2001, mes pas foulant sous un accoutrement ne me ressemblant pas les rues désertes du village de Pré-au-Lard.

J’avais ainsi, transplané une heure plus tôt d’une cheminée dans le hall du Ministère de la magie sous ces traits montrant un homme plus âgé, mince à la coiffure en bataille et portant une barbe mal entretenue. Je semblais être l’un de ces explorateurs du monde aux yeux illuminés à chaque nouvelle découverte, mais perdus depuis la fermeture des frontières. J’avais passé par plusieurs cheminés évitant qu’on me repère trop aisément, il allait de soi concernant le rendez-vous m’attendant ce soir.

Alors, il m’allait très bien qu’on me croit passionné, impulsif et stupide à la suite de ce bal. En réalité, il en était bien tout autre mon esprit heureux de sa réussite. Oui, car comme déjà mentionné sa catastrophe en était une, mais selon certains points de vue. Pas tous. J’empruntais donc un chemin boisé et hors de la route pendant que mes traits orignaux reprenaient peu à peu leurs droits. La lune ne brillait qu’à moitié et les nuages tout particulièrement présents, la durée de la potion touchant à sa fin restait dans mes plans. J’arrivais finalement en vue de la cabane dite « hurlante », une vieille habitation qui un jour fut celle d’un noble sorcier, paix à son âme.

Dès que je mis les pieds à l’intérieur, le vieux bois craquait sous mes pas. Le lieu sentait la poussière et l’humidité, mais je n’en avais cure. Nous changions régulièrement notre zone de rencontre ainsi, autant la décrépitude que l’histoire de la cabane hurlante ne m’affectait pas un lien. Vêtu d’atours presque aussi poussiéreux que ledit lieu et ne me seinant pas en temps normal, je cherchais plutôt eux.

Alors que j’entrais dans ce qui aurait dû être un salon, je me surpris de ne voir qu’elle. Silencieux, je restais debout attendant.

• • • Tout avait été finement calculé et orchestré. Le coup du bal avait été un francs succès et avait eu l’effet escompté. Le plan qu’elle avait concocté avec son frère avait fonctionné, après des semaines, voir peut-être quelques mois, Adelyne était parvenue à trouver les quelques pièces manquantes qu’il fallait pour le rendre moins brutale et plus sournois, et le résultat avait été des plus concluants ce qui lui avait valu des félicitations de la part de son cher frère, même s’il avait tout autant participé qu’elle à son élaboration.

Théoriquement, elle avait tout prévu, de tel sorte, à ce que l’on ne parvienne pas à remonter jusqu’à eux. Toujours aussi discrète, non seulement à Poudlard, mais également au ministère, Adelyne avait pourtant des yeux et des oreilles, et elle savait de ce fait, qu’une réunion allait être organisé au sommet, cette réunion allait réunir certains piliers du ministère, et elle n’avait pas pour autant été convié, cela aurait pu la vexer, cependant, après réflexion, cela n’était pas forcément nécessaire qu’elle soit présente, tout comme son frère, car même si elle n’y serait pas, nul doute qu’elle pourrait toujours compter sur lui, pour tout lui raconter et ce dans les moindres détails.

Cela n’avait amené à le convoquer. Ne serait-ce que pour en parler, et exiger de lui une certaine discrétion et qu’il fasse le nécessaire pendant cette réunion pour éloigner les pistes, tout en lui racontant le moindre détail de celle-ci. Elle avait donc fait ce qu’elle avait affaire, tout en expliquant soigneusement à son frère ce qu’elle s’apprêtait à faire à ce sujet, pendant qu’elle effectuait diverses expériences dans le laboratoire de l’école de sorcellerie. Il ne pourrait malheureusement pas venir avec elle, mais il lui faisait amplement confiance pour gérer la situation et tout lui expliquer par la suite, à ne pas en douter.

Un léger rapprochement s’en était suivi, l’interrompant tout bonnement et simplement dans ses pratiques, lui permettant de souffler d’une certaine manière et de ne faire qu’un de nouveau avec son frère, comme il lui arrivait de faire, une façon qu’il avait de se complaire et de fêter plus ou moins avec intérêt, leur réussite, commune. Le chemin vers la gloire et le sommet ne faisait certes que débuter, mais elle ne serait pas seule à le suivre. Elle le savait, et pourtant, il y avait toujours cette menace de prophétie ou de fusion, qui la tourmentait, mais elle l’oublia, momentanément.

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Etre étudiante, avait ses avantages et inconvénients, elle pouvait quitter l’école et y revenir, quand elle le voulait, mais cela ne voulait pas pour autant dire qu’elle ne devait pas rester méfiante, loin de là. Rien que les détraqueurs qui l’entouraient, eut pour effet de la faire rester sur ses gardes, elle dut tout autant s’assurer de ne pas être suivie, elle n’hésita pas pour cela à repasser dans les mêmes ruelles et boutiques afin de brouiller les pistes, pour se rendre ensuite jusqu’à la cabane hurlante, non pas pour l’observer de loin, mais pour y attendre à l’intérieure même l’un de ses plus fidèles partisans.

Elle s’était rapidement installée, après avoir assaini l’endroit où elle allait se mettre bien entendu dans ce qui ressemblait le plus possible à un salon, et elle entreprit de s’installer, et de croiser soigneusement les jambes, tout en regardant constamment vers la porte, porte où il devrait normalement faire son entrée, sans la prendre par surprise. Chevelure tombante, yeux bleus dans cette même direction et vêtue d’une robe de sorcière assez sombre, sans oublier sa cape, elle put ainsi conserver toute sa prestance et sa grâce, elle demeurait ainsi sans le moindre d’un doute présentable.

Quelques minutes après, elle crut s’impatienter, mais il fit son entrée, pile à l’heure, l’empêchant d’effectuer une remarque à cet effet, nul doute qu’il était surpris de la voir, ici et seule, son silence en disait plutôt long, mais de son côté, elle n’en avait que faire, et elle s’empressa de rompre ce silence en prenant la parole sans pour autant se lever, ce n’était pas à elle de venir vers lui mais l’inverse. « Je m’attendais à vous voir arriver bien plus tôt, mais vous êtes malgré tout à l’heure » lui avait-elle dit avant de reprendre « Asseyez-vous, nous serons beaucoup plus à l’aise pour échanger, je suppose que vous devez potentiellement savoir, pourquoi est-ce que vous êtes ici » demanda-t-elle.