• • • C’était une femme solennelle marchant la tête haute avec aise tel si elle le fit dès la naissance : ce que je n’avais nullement de mal à imaginer. Elle avait cette propension d’être respectée par ce beau visage bien sculpté comme s’il fut fait de marbre, un regard dont nous devrions tous nous méfier si nous étions à son opposé. Ainsi, c’était à juste titre le cas en cet après-midi de début novembre alors que Nyx Fawley prenait place dans l’un des deux fauteuils capitonnés de mon grand bureau. Tout dans son attitude reflétait la prestance, mais à l’évidence il n’y avait pas que cela. Je ressentais de la colère, une tension qu’elle cachait exceptionnellement bien. Depuis que je la connaissais et ceci remonta à mon amitié avec Horus, j’avais toujours eu droit à sa froideur habituelle.
Je la connaissais donc trop bien pour reconnaître là les prémices d’une colère chancelante.

Néanmoins, loin de moi l’envie d’apparaître tout aussi tendu. C’était, après tout, la première heure de la journée que je prenais pour me détendre. Assis, les jambes allongées sous mon bureau j’écrasais machinalement de deux doigts d’un bras gauche une malice réglisse d’un bol finement décoré en métal. Je me délectais de la sucrerie alors et hochant la tête à l’affirmative de mon amie pour la tutoyer.

- C’est vrai.

J’acquiesçais de manière monotone, mais avec un sourire chaleureux pour elle. Par devers-moi, j’étais un peu déçu de ces contrats maritaux cette année. Ils ne m’avaient que causé des ennuis. C’était encore extraordinaire qu’Ayla ne réagit pas aussi ouvertement à son mariage comme l’avait fait sa sœur jumelle : elles étaient si proches, fusionnelles même.

Éliminant d’un revers de main ces pensées m’étant devenues obsédantes depuis avril, j’avalais une deuxième malice réglisse comme le fut la première. L’écraser fut jouissif m’aidant, par le fait même, à passer outre ces déboires personnels. Alors, j’écoutais Nyx soit ses propres désagréments ces jours derniers. Elle faisait mention du ministère de la magie exerçant un nouveau contrôle sur l’école de sorcellerie et de magie Poudlard. J’en ressentais sa colère, mais surtout son indignation parce que l’institution était sous sa gouverne. Je souriais légèrement amusé parce qu’on ne pouvait pas vraiment apporter grand-chose de plus.

- Et c’est le Seigneur des Ténèbres qui gouverne ne t’en déplaise.

Sûrement que j’aurais dû rajouter « malheureusement », mais je ne le fis pas. Je n’aimais pas toutes les décisions de Lord Voldemort, certaines que je pensais même trop littérales. Je savais qu’il avait toujours dirigé grâce à cette peur répandue par sa propre personne, nous-même les mangemorts l’ayant suivi jusqu’en 1998 la ressentaient. Il en était très fier, trop peut-être même. Moi, je pensais qu’une manière plus douce – en apparence – permettait d’avoir la mainmise sur toute la société. On allait en augmenter le pouvoir et peu à peu, ces gens souhaitant en sortir trouveraient un certain confort avec nous. Il nous fallait « aimer » notre population. C’était petit à petit que j’en laissais aller des mots, parfois, au Seigneur des Ténèbres : économie, échange, prospérité et fierté pour une société bien en forme. Comme ces moldus diraient, je gouvernerais d’une main de fer dans un gant de velours.
Un frisson de plaisir traversa mon échine à cette opportunité, à cet avenir que j’aimerais tant.

Je réfléchissais à ces choses, mais je ne perdis pas non plus le fil de la conversation avec Nyx, celle-ci évoquant des détraqueurs protégeant l’école de sorcellerie et de magie Poudlard. Je relevais la tête surpris à cette nouvelle ma fois, plutôt incongrue. Je fis claquer ma langue d’agacement à cette idée du Seigneur des Ténèbres dont il ne me parla pas ou, à tout le moins, pas encore.

- Sûrement qu’il craint une deuxième attaque comme celle du premier septembre déblatérais-je machinalement comme pour espérer lui donner raison. Certes, il aurait été mieux de déployer d’abord plus d’effectifs du bureau des aurors ou bien de la police que j’affirmais tel si je me mettais à penser tout haut. Sûrement qu’il me convoquera donc bientôt en audience.

J’avais ainsi, parlé d’un ton agacé soupirant par ces nouvelles informations apprises bien trop tard à mon goût. Puis, on ne devait pas demander trop d’audiences avec le Seigneur des Ténèbres parce que ce dernier pouvait venir à s’impatienter et votre réputation sera ternie à jamais avec lui et j’en désirais une éventuelle pour parler seuls à seuls de plans pour expansionner l’économie de tout le pays. Encore une fois, c’était à moins bien sûr qu’il allait m’en parler sous peu et Nyx Fawley le devança tout simplement.

- Depuis combien de temps vois-tu des détraqueurs autour de l’école Nyx ?

Mon ton s’était adouci, car non je n’en voulais pas à mon amie, bien au contraire. Je restais sérieux tout de même parce que je n’aimais pas cette nouvelle lubie montrant, une fois de plus, l’impulsivité du Seigneur des Ténèbres. Je me fichais aussi des autres élèves, mais je devais avouer que je craignais un peu malgré moi de la sécurité de mes enfants et de mes beaux-enfants ceux-là même allant faire, tôt ou tard, prospérer le nom de Lestrange. Ok, ça leur donnerait de l’expérience. Certes … Certes, je savais que mon bon ami Marcus Parkinson le faisait parfaitement lui-même dans ses cours de Forces du Mal, bien mieux qu’auparavant avec cette piètre Défense Contre les Forces du Mal.