• • • Le bal de Noël était pour dans quelques jours. Toute l’école songeait en cet événement grandiose. Deux ans à Poudlard et j’avais la malheureuse impression que les Anglais ne connaissaient pas le plaisir. Je devais avouer qu’ils étaient un peu coincés avec leurs grands airs, à cheval sur les règles. J’étais donc vraiment excitée, le sourire fendu jusqu’aux oreilles qu’on puisse s’amuser un peu. Je sautillais de couloirs en couloirs rencontrant une difficulté monstre à me concentrer en cours. Tout ce à quoi je pensais était le bal de Noël et ma robe. Je ne passais pas une journée sans la regarder et en parler à mes amies. Ma mère était bonne styliste et à l’aide de Guipure, elle put m’offrir une robe aux manches bouffantes, courtes tout de velours rouge foncé.
J’allais faire sensation et les sang-purs n’avaient qu’à bien se tenir.

Ce matin, le cours sur les forces du mal fut donc si long. J’aimais beaucoup les forces du mal, mais je n’arrivais pas à concentrer mon esprit sur les notes à prendre rêvant de danse et du prince charmant. Soudainement, le visage de monsieur Lestrange m’était alors apparut dans mon esprit. Ahhh ! réveilles-toi Hazel marmonnais-je tapochant ma tête de petits coups de poings. L’évidence était telle que cela me valut des regards intrigués dont celui du professeur. Gênée, je baissais la tête pour écrire. S’ils savaient à qui je rêva, je serais expulsée rigolais-je par devers moi.

Quand nous étions enfin sortis du cours, je me dirigeais vers la salle commune avec mes amies puis, je remontais pour atteindre la Grande salle en partie remise de ma rêverie.

J’avais toujours faim ! C’était horrible ! Je sentais mon ventre gargouiller à m’en faire devenir ronchonne. J’avais avalé toute la nourriture comme un ogre me reprenant même une deuxième portion de tarte à la rhubarbe. J’adorais les tartes à la rhubarbe de Poudlard. C’était donc requinquée que je ressortie tout en laissant mes amies passer devant. Je me rappelais soudainement avoir oublié ma plume préférée ce matin dans la salle d’étude soit la raison pour laquelle je ne la trouvai pas durant le cours de forces du mal.

-  Je vous rejoins. Je vais juste jeter un œil pour voir si je l’ai oublié là.

Le sac à dos sur mon épaule droite, j’entrais dans la grande salle commune pour chercher la plume introuvable depuis ce matin. Je savais m’être arrêté ici avant le cours du matin et on disait toujours de revenir sur nos pas après avoir perdu quelque chose. J’espérais seulement que personne ne l’avait … Oh ! Je l’avais trouvé. Oui ! Évidemment, ce petit arrogant de Daemon avait le coude dessus sûrement sans s’en rendre compte. Je levais des yeux au ciel agacée parce qu’il ne voyait rien à rien !
Je me dirigeais vivement vers où Daemon Blackwood était assit pour me planter devant lui.

- Tu n’as pas remarqué où tu mettais tes petites pattes ? C’est ma plume que tu écrases là ! Je l’avais oublié ce matin !

Je ne savais pas pourquoi, mais à chaque fois que je voyais Daemon Blackwood l’envie ne manquait pas de le charrier, de me moquer de lui. Après tout, il parlait fort se croyant bien plus intelligent que quiconque. Bah ! C’était juste plus fort que moi. C’était amusant de le taquiner et donc je ne pus pas empêcher un rire d’ourler la commissure de mes lèvres.

• • • Daemon Blackwood était plus vieux que moi de deux ans. Enfin, c’était ce que je croyais. Je ne connaissais plus très bien son âge ce qui était sûrement lié à son arrogance et son immaturité à se moquer tout le temps de moi … D’autres aussi très sûrement. Je jurerais avoir justement entendu parler d’une retenue contre lui cette année. Bah ! C’était sûrement plus mon envie de le voir coller, d’en rire que la réalité. Parfois, j’en oubliais même nos âges respectifs et sa scolarité plus avancée par rapport à la mienne ce qui le casait, normalement, comme étant supérieur à moi. Moi aussi, je pouvais être intelligente. Puis, l’âge ne valait pas grand-chose si on agissait comme un bébé.
C’était exactement ce qu’il s’amusait à faire actuellement.

- Rends-moi ma plume Daemon alors que je tentais d’attraper mon bien voletant tout autour de nous. Si tu en veux une comme la mienne, je te conseille d’attendre le prochain week-end à Pré-au-Lard. Derviche et Bang vend pleins de belles plumes toutes roses qui te siéraient parfaitement.

Élevais-je la voix pour qu’on entende bien cette affirmation de Daemon aimant la couleur rose telle une jolie petite fille toute coquette. J’entendis, ainsi, quelques gloussements voire des petits rires par-ci par-là. Mon visage représentait une certaine ironie alors que je montais le menton pour lui faire face. J’avais, en effet, le malheur d’être un peu plus petite que lui. Sur la pointe des pieds, ce que je fis, j’atteignais sa hauteur. Haha !

Je savais bien qu’il n’allait, toutefois, pas me la rendre aussi facilement. Je n’étais pas dupe. Il irait peut-être même la cacher en hauteur ou pire, dans uns des nombreux passages secrets de Poudlard que je n’avais pas encore découvert.
Ouais, j’étais certaine qu’il en connaissait lui. Je le connaissais monsieur-j’en-connais-plus-que-tout-le-monde.

- Puis, je t’avise que si tu ne me rends pas ma plume avant mon cours de potions, je vais dire au professeur que ce sera à cause de toi si j’arrive en retard en cours. Il saura que tu m’as délibérément fait du tort.

Une fois encore, j’aimais cette sensation de victoire tels des chatouillis me traversant le corps en une excitation.

• • • Et maintenant, il ne m’écoutait même pas. Il se ficha complètement de ce que je dirais au professeur de potions si j’avais le malheur d’arriver en retard au cours par sa faute ! Bah ! De toute manière, on ne me croirait pas parce que Daemon était de sang-pur et mon excuse complètement bidon. J’entendais déjà la réponse du professeur dans ma tête : « mademoiselle Ombrage, je retire cinq points à Poufsouffle pour votre retard et un autre cinq points pour manque de respect à un élève de sang-pur. » Blablabla ! Je soupirais donc lorsque Daemon s’éloignait, ma plume à la main, tel l’idiot du village.

J’entendais des élèves chuchoter entre eux gloussant et rigolant. J’entendais des rires contre Daemon et allant donc dans mon sens : heureusement qu’ils existaient, je me sentais moins gourde. D’autres, toutefois, pariaient ma couardise envers Daemon. Que je rebrousserais chemin trop peureuse pour retrouver ma plume telle une pauvre petite Poufsouffle. Tss ! Ça, c’était ceux qui ne me connaissaient pas. Je rétorquais, ainsi, du tact au tact envers ces mécréants.

- Lorsque je reviens avec ma plume, je veux bien avoir une partie de la somme de vos paris.

Un sourire déformé par une grimace montrant une trop grosse confiance en moi et je m’élançais à la poursuite de Daemon. Ce n’était pas parce que « froussarde » rimait avec « hallebarde » que j’allais me laisser marcher sur les pieds. Puis bon, je doutais bien qu’il ait pleins de plumes roses même si ce serait trop drôle. Haha !

- As-tu vraiment pleins de plumes roses Barbie ? pouffais-je de rire à la belle rétorque que je lui fis. Tu vas où comme ça ? Te cacher ? C’est donc toi le froussard.

Clamais-je à nouveau, mais une fois de plus en rigolant. Je riais tellement que mes yeux s’emplissaient de larmes alors que je les essuyais machinalement. Mon sac toujours sur mes épaules, j’arrivais dans le couloir au moment où je vis le pied de Daemon disparaître derrière un tableau. Restant momentanément pantoise croyant qu’il disparut dans un passage secret, je me rendais compte de l’espace encore légèrement ouvert. C’était le magnifique tableau d’une princesse, l’un de mes préférés dans Poudlard. La belle princesse semblait même avoir mon âge. Elle gloussa puis, me fit un clin d’œil. À cette démonstration de solidarité féminine, je ne pus pas m’empêcher de retrouver tout ma confiance.
C’était au même moment que j’entendis de derrière le tableau Daemon crier comme une fillette.

Je ne pus pas m’empêcher d’éclater de rire pour ensuite passer aussitôt derrière le tableau.

BAM !
Le plafond était bas ici et je m’y cognais malencontreusement la tête. Aïe fis-je sur les genoux tout en me massant le crâne. Ce fut juste après que je remarquais Daemon, ma plume contre lui et un lumos allumé au bout de sa baguette.

- Rends-là moi Daemon et … !

On ne saurait sans doute jamais ce que j’allais dire et puis, j’avais moi-même bien rapidement oublié. Oui, car le passage secret se referma subitement derrière moi !
Effrayée, je me tournais vers l’entrée qui refusait de s’ouvrir.
J’étais coincée ici et avec Daemon Blackwood de surcroît songeais-je tout en me mordillant la lèvre stressée. Ah bah bravo ! Je fais quoi maintenant pour sortir ? Je poussais et poussais et poussais … Je tirais aussi, mais le passage restait désespérément fermé.

- Espèce de gnome ! On est coincé ici à cause de toi maintenant.

Apparemment, je n’aimais pas être enfermée parce que mon stress augmentait et ma respiration se faisait de plus en plus courte. J’avais peur, je me sentais coincé. Est-ce que j’allais manquer d’air ? Je balbutiais d’autres mots, mais dans la panique ils restèrent autant inintelligibles pour lui que pour moi.

• • • Il gueulait à nouveau comme une femme tentant sûrement de mimer ma propre réaction. Moi, je m’en effrayais, l’écho me renvoyant bien trop rapidement le son faisant vibrer mes tympans. Yeux exorbités, je tendais le regard vers le lointain que seul me renvoyait le noir total à imaginer une créature nous sauter dessus. Orgueilleuse, je ne voulus pas être vu tendue, effrayée et heureusement son ignorance de Barbie me revenait à l’esprit au même moment. Je le foudroyais ainsi de cette comparaison à cette poupée pour enfant m’en sentant alors mieux après.

- C’est étrange que tu ne connaisses pas Barbie parce que tu y ressembles vraiment beaucoup.

Ironisais-je tout en ricanant sans joie, bien au contraire, plutôt fière malgré la colère et l’agacement qui se glissèrent aussi au sein de mes entrailles. Mes mains formaient alors des poings pendant que l’impression d’être enfermée dans une boîte scellée et sans air se faisait ressentir. Daemon ne semblait pas le voir de cette manière lui. Il ne semblait même pas comprendre que j’avais peur.
Est-ce que ça me pétrifiait encore plus ou bien, je trouvai le moyen d’arrêter de songer à cette prison et à avancer ?

Bon d’accord, c’était la deuxième option qui me fit plus vibrer. Daemon dans son ignorance de la peur m’empêchait de l’être davantage. Mieux, il semblait savoir que ce passage secret menait à quelque part, cela me rassura donc doublement.

- Blablabla ! Je n’aime pas être enfermée c’est tout !

Affirmais-je donc sans vergogne envers mon vis-à-vis ce qui supprima par le fait même toute peur ou, à tout le moins, je la réprimais. Daemon me proposa alors le sortilège de la lumière pour l’aider à éclairer le passage secret. Bah, c’était ce que je fis … J’ai du juste me concentrer un peu sur les mouvements de ma baguette avant quoi !
Ce n’était pas comme si lui avait allumé le bout de sa baguette sans qu’un seul mot sorte de ses lèvres : ah mais oui, c’était ça !

Il continuait à m’énerver quoi !

Plus il m’énervait et moins mon sortilège fonctionna. Je me mis à soupirer fortement rangeant finalement ma baguette magique à ma ceinture. Je ne lui fis pas savoir avoir raté un sortilège aussi facile pour tout sorcier se respectant sauf … Moi sûrement.

Je suivais donc Daemon rampant derrière lui, le tissu de mon pantalon d'uniforme qui semblait s’user à chacun de mes mouvements. Ma mère va me tuer dès qu’elle saura marmonnais-je à part moi. Subitement, je vis un rat puis, l’instant d’après un autre. Plus surprise qu’effrayée, je tentais de ne pas les écraser de mes paumes. L’un des deux rats semblait même fuir par un trou situé à la gauche de notre position. Évidemment, c’était un trou bien trop petit pour nous. Curieuse, je me baissais tâchant d’apercevoir le rat dans le trou, mais je ne vis rien à rien ! Tout était noir.

-  Daemon. Sais-tu jusqu’où va le passage ? Il est peut-être lié à d’autres parce que je viens de voir un rat passer dans un petit trou.

Arguais-je tout en tâchant de ne pas me laisser distancer par mon aîné et le manque de lumière de mon côté, le corps de celui-ci cachait en effet ma vision de sa propre lumière.

Soudainement, je me pris les genoux dans je ne savais quoi trébuchant sur Daemon. AÏE ! En fait, je n’avais pas vu que le passage se mit à remonter assez brusquement sans pour autant s’agrandir, mon genou heurta ainsi le roc à un angle prononcé et m’ayant surpris.  

• • • Je lui avais donc tiré la langue dans une grimace parfaite, le genre de chose qui m’aurait valu une punition aux prises avec ma grande cousine si celle-ci l’avait su. Bah ! Elle n’était pas ici, là. Non, Daemon n’avait rien remarqué. Enfin, je le croyais. Peut-être qu’il le remarqua, mais m’ignorant royalement. Pfft ! De toute manière, j’appris bien rapidement que monsieur craignait les rats. Je ne pus pas m’empêcher d’en rigoler. Le grand Daemon avait peur d’une si petite créature.
Moi qui le croyais sans peur et sans reproche, bah je m’étais lourdement trompé.

Nah mais non, je ne le pensais pas ainsi, mes pensées furent lâchées avec une pointe d’ironie et un louchement des yeux vers le haut. Daemon alla même à me raconter avoir été coincé, une fois, dans la cave de son manoir se faisant mordre par les rats. Moi, je me surprenais surtout parce que sa grand-mère ne voulait plus l’y voir vivre. Ne l’avait-elle pas aidé à échapper aux rats ?

- Elle n’a pas l’air très gentille ta grand-mère.

Que je marmonnais soudainement compréhensive, un peu attristée et même touchée malgré tout par ce qu’il me raconta. Sa grand-mère me rappelait grande cousine Dolores. Je me demandais si elles se connaissaient. Je ne pus pas y songer plus parce que Daemon se rendait compte de ma baguette magique non-allumée me passant la sienne. Je protestais n’importe quoi qu’il m’eût déconcentré précédemment me faisant rater mon sortilège !
Enfin, c’était juste avant de me casser la gueule contre la pierre dure.

- Aïe … Non, ça va. Il n’y a que mon uniforme qui en a pris un coup rétorquais-je à sa modeste contribution pour ma santé. Oui, tu es mieux de me redonner ma plume et je ne suis pas pesteuse !

Déclarais-je un peu plus fort que nécessaire l’écho du tunnel me renvoyant ma voix alors que j’étais hâtive de voir le passage s’élargir enfin. Toujours la baguette magique de mon binôme à la main, je le suivais en redoublant d’attention au moindre faux pas. Mon genou droit semblait égratigné, car chaque pression sur celui-ci me donnait une légère douleur. Toutefois, je n’allais certainement pas donner la chance à Daemon de me charrier là-dessus aussi. Il n’en était pas question !

Bon, enfin je sautais à terre de ce long et tortueux couloir rocheux pour arriver dans une grotte. Alors que je passais la baguette magique sur les murs, il semblait scintiller de mille feux révélant par le fait même des dizaines de gravures évoquant souvent des couples. L’une d’entre-elles attira même mon attention, car je reconnaissais le nom du deuxième homme après le Seigneur des Ténèbres au ministère de la magie. Il était gravé en lettres écarlate et semblant dorénavant fossilisé dans le feu : « Alexander Corvus Lestrange & Marlène MacKinnon, Noël 1979 » Fascinée par ces noms et surtout curieuse pour celui de la fille, j’eus une sursaut lorsque Daemon se moquait de moi une fois de plus.
Je me retournais d’un seul mouvement rapide vers lui.

- Tss … Moi, je voterais plus pour Daemon l’arrogant et le pas beau.

Un sourire fier en coin, j’eus une énorme envie de rire. Oh non, je ne le retenais bien trop heureuse de pouvoir le charrier à mon tour. Je ne ricanais pas, non. Je riais et avec légèreté en plus. Nuance. Je me retournais vers le mur, la baguette de mon pair toujours à la main, contemplant à nouveau les deux noms.

- Je me demande qui est Marlène MacKinnon.

Lâchais-je presque trop pensive pour mon propre bien.
 

• • • Apparemment, Daemon Blackwood avait un cerveau. C’était vraiment une première, ça ! C’était incroyable, non ? En plus, il semblait parfaitement connaître l’identité de cette jeune femme ladite Marlène McKinnon. J’aurais sûrement voulu l’embobiner avec ses énormes connaissances, mais j’étais bien plus intéressée par l’histoire tragique de cette femme. Je laissais la baguette magique de Daemon allumée illuminant ces deux noms, l’un intimidant à outrance faisant presqu’autant frissonner une personne normalement constituée en comparaison à celui de l’ignoble ministre de la magie. L’avantage de cet homme était sa beauté et j’en avais même fait les frais quatre ans plus tôt. Dans ces conditions, comment ne pas dire « non » à ces lois nous interdisant bien des choses à nous les sangs impurs ? Je ne connaissais rien de l’histoire de la société magique britannique. Je connaissais encore moins les personnalités ayant exercées une opposition lors de la première guerre des sorciers à la fin des années 1970s. Le professeur d’histoire s’obstinait même à éviter de nous apprendre tout lien avec une opposition au régime en place. Ils avaient peur sûrement. Peur qu’on s’en abreuve et nous rebellant. Je n’étais pas dupe, mais qu’est-ce que je pouvais bien y faire ? Il fallait bien continuer à vivre.

- C’est triste. Où as-tu trouvé ces informations sur Marlène McKinnon ? Les cours d’histoire n’en disent rien évidemment.

Plus calme dorénavant, je baissais la baguette magique mon bras commençant à s’ankyloser dans une position fort inconfortable. Ma curiosité maladive prenait, ainsi, le dessus sur toutes malice ou blague que j’aurais voulu propulser contre lui. Je me rendais aussi compte voir cet homme plus humain. Tout aussi intimidant qu’il le fut, Alexander Lestrange ce fut trouvé ici à un moment de sa vie comme nous aujourd’hui. C’était étrange de ressentir cela.

- Au moins, ça rend Alexander Lestrange plus humain. Il fut jeune aussi … Comme nous.

Déblatérais-je alors que j’aimais ce ressentiment de bienveillance envers un homme n’en ayant sûrement aucun pour moi. Je suivais Daemon de l’autre côté de la grotte toujours aussi fascinée par les noms gravés dans la pierre. Certains semblaient être contemporains de l’époque de Marlène et d’Alexander, mais d’autres remontaient à beaucoup plus loin. Tout en haut, il y avait justement deux noms dont la calligraphie était si abîmée que j’eus peine à lire. Jacob … Jabobin … Ielena … ? Je ne sus pas réellement, mes lèvres bougeant à mesure que mon esprit tentait de déchiffrer. La calligraphie gravée manuellement devait remonter au 19e siècle voire au-delà.

Daemon reprenait la parole me sortant des hypothèses historiques dans lesquelles je m’étais un peu brusquement plongé. Nous nous trouvions devant deux toboggans et un sourire parsemait déjà mon visage à ce qui allait sûrement suivre. J’avais toujours aimé les sensations fortes et, de surcroît, pousser Daemon dans l’un d’eux m’était fort tentant.
Évidemment, monsieur ne se rappelait plus lequel l’on devait prendre.

Moi, je soupirais désespérée par son manque de concentration lorsqu’il venait ici. Non mais, il était venu combien de fois ici ? Apparemment, c’était beaucoup. Alors, comment pouvait-il encore oublier une chose pareille ? Je m’avançais éclairant les deux chemins. Alors que celui de gauche semblait plus doux, l’autre partait très rapidement en pente forte. Néanmoins, je ne voyais absolument pas la lumière au bout d’un de ces deux toboggans. – Sans faire de vilain jeu de mots. –

- J’imagine que les deux mènent à quelque part dans Poudlard ou vers l’extérieur m’enquis-je à tout hasard meublant simplement la conversation ou plutôt la solution. Il est quand même possible qu’un des deux mène à un cul de sac. Il n’est donc pas question qu’un en prenne chacun un. Imagine que tu t’en sors et moi je reste coincée. Tss.

Ainsi outrée par sa proposition qu’on prenne chacun un toboggan, je me détournais violemment de lui pour bouder. Bah oui, c’était bien lui. Daemon voulait que je me retrouve coincée et héroïquement, il irait chercher les professeurs pour m’en sortir. Encore, il aurait le dernier mot, le plus beau. Pfft.

- Moi, j’ai une idée. Et si je te redonnais ta baguette puis, je te poussais dans un des toboggans. Tu pourras me faire savoir, une fois en bas, où tu es.

Je n’étais pas peu fière de moi sur ce coup-ci et mon sourire ironique envers Daemon le prouvait. Ouais et pourquoi ce seraient toujours les femmes d’abord ?

• • • Je n’arrivais pas encore à croire que Daemon Blackwood aimait à passer de son temps dans la bibliothèque. Comment était-ce possible ? Est-ce que, par hasard, Amélia lui avait jeté un sort ? – Oui, j’avais vu Amélia en compagnie de Daemon à plusieurs reprises. - Peu importe, je savais maintenant devoir m’y rendre aussi parce que je voulais en savoir plus sur Marlène MacKinnon et comment elle fut assassinée par un mangemort. De plus en plus déterminée à parfaire mes connaissances sur les personnalités du monde magique anglais à la bibliothèque, les noms de Severus Tobias Rogue et de Lily Evans ne me disaient, en effet, rien du tout. Enfin, c’était jusqu’à entendre Daemon définir celle-ci comme étant la mère de Harry Potter.

- L’homme qui a combattu le Seigneur des Ténèbres en 1998. Je me demande qui était Severus …

Je n’avais pas eu le temps de m’attrister sur le sort de ce garçon que les noms de Félicia et Daemon apparurent gravés, mais aussi barrés entre les deux toboggans. Évidemment, monsieur avait très rapidement détourné mon attention de ceux-ci sûrement pour éviter que je lui rigole en plein visage. Daemon Blackwood et Félicia Selwyn, Serpentard de son état. Le pauvre, il n’avait aucune chance. J’avais donc failli éclater de rire pouffant, pourtant, par devers-moi.

Mais non parce qu’en place et lieu, je lui en fis voir de toutes les couleurs.

- Pfft. Veux-tu que je grave ton nom près du mien, Roméo ?

Un sourire en coin, je me sentais espiègle. Toute guillerette de mon état, c’était peut-être une conséquence d’être coincé ici avec lui ou bien le résultat d’avoir vu autant de noms de couples gravés dans la pierre. L’évidence même était que j’allais le regretter. Une seconde plus tard, je me retrouvais dans l’un des deux tobogans glissant et glissant et glissant … En réalité, c’était très amusant. Enfin, c’était avant d’arriver au bout. J’avais descendu la tête la première et prenant peur, ce fut un réflexe qui me sauva de cogner durement mon menton contre le sol.

Je restais un moment au sol, encore sous le choc. Soudainement, de ma gauche, j’entendais Daemon et l’une de ses rétorques intelligentes habituelles. – C’était de l’ironie pour ceux n’ayant pas encore compris. – Aussitôt, je me levais sur les coudes pour me remettre complètement debout malgré avoir mal aux genoux.
Ce n’était pas comme si je n’avais pas vécu pire au Quidditch !

- Désolée, je peux être aussi chiante que ma grande cousine quand je veux.

Clamais-je presque trop innocente pour être méchante. Puis incapable de tenir plus longtemps, je me mis à éclater de rire. La plupart du temps que songeais à grande cousine Dolores, le fou rire m’attendait. Apercevant une porte, je m’y dirigeais sans pour autant réussir à complètement cesser de rire m’essuyant les larmes de joies de mes yeux.

- Est-ce que tu es vraiment sorti avec Félicia Selwyn ? C’est parce que vous êtes tellement différents. Elle, elle est si sérieuse et toi … Bah, tu es toi. La pauvre.

Haussais-je des yeux au ciel avec légèreté et pouffant, une fois de plus, de rire. Non, il n’aurait pas dû appeler à ma mort. Nah !

• • • Si j’avais pensé que Daemon Blackwood fut un meilleur professeur d’histoire de la magie par rapport à celui nous y étant dédié, j’aurais gagné une potion de chance – chut, il ne faut pas dire qu’elle en a une à utiliser depuis le calendrier de l’avent. – En plus, le Gryffondor était bien plus intéressant et cela même s’il bougonna à tous les trois mots. Bon ok, j’exagérais un tantinet quand même. Non mais, maintenant en plus de Marlène MacKinnon je veux en connaître plus sur ce Severus Rogue, un sorcier qui m’avait semblé être doué et intelligent.

À l’évidence, Daemon avait sûrement voulu que je me cogne la tête contre la pierre ou je ne savais quoi pour me voir oublier son petit cours d’histoire. Bah oui ! Il m’avait littéralement poussé dans le toboggan. Mais raté ! Même si j’avais failli me défoncer le menton en arrivant en bas, ma tête ne fut en aucun cas affectée. Lui, il continuait à se moquer de moi toutefois. Pfft ! Subitement en forme à nouveau, je m’étais levé d’un bond pour me diriger vers lui et … Et je m’attrapais un énorme fou rire à me comparer avec grande cousine Dolores.

- Je prends ça pour un compliment rétorquais-je du tact au tact à Daemon lorsqu’il stipula qu’il m’en manquait beaucoup avant d’atteindre le niveau de ma grande cousine. Huh … ? Tu étais avec Félicia Selwyn ?

Oui bon, la surprise me fit changer aussitôt de sujet. Ça pouvait arriver parfois, ne vous en faite pas. Sans rien dire de plus, je le suivis au travers de la porte pour arriver au beau milieu des cuisines de Poudlard. Wow fis-je aussitôt estomaquée par la taille de la pièce, mais pas seulement parce que je me trouvais à voir tout un tas d’Elfes de maison y travailler. Ah bon ? marmonnais-je stupéfaite par ce que j’apprenais aujourd’hui. Étrangement, je pensais que la nourriture apparaissait par magie sur les tables dans la grande salle. Je m’approchais ainsi, de Daemon et d’une petite elfe qui nous lui reprochait d’être ici.

- Je … Je ne suis pas son amoureuse …

Balbutiais-je plus sous le choc qu’autre chose pour réagir autrement. Je remerciais timidement l’elfe de maison se prénommant Missy pour sortir à la suite de Daemon. Celui-ci me tendit l’un des sandwichs et même si le lunch était déjà passé, j’avais encore faim ! Si faim ! Je croquais dedans sans ménagement. Oh ! Il y a du saumon fumé dans le mien fis-je par devers-moi incapable de lâcher un traître mot tellement heureuse tout en le savourant goulument. Suivant les mouvements de Daemon, je déposai mon sac pour m’asseoir au sol.

À ce moment même, il me fit rire comme jamais auparavant. Je devais avoir des yeux ronds comme de bézoards à me demander ce qu’il allait me donner pour le courage que j’avais déployé dans le meilleur passage secret de Poudlard. Lorsqu’il me présenta ma plume, je ne fus pas déçue, mais à la place tellement surprise. Dans mon rire, je recrachai une partie de ma bouchée celle-ci allant postillonner sur le pauvre Gryffondor.

- Oh, je suis désolée Daemon arguais-je penaude, mais en même temps incapable de m’arrêter de rire ! Et puis, ça ne se fait pas de prendre des grands airs dramatiques juste pour me redonner ma plume ! Je pensais que tu m’offrais un truc cool !

Les larmes aux yeux pour avoir tant ris, je repris ma plume pour bien la ranger dans mon sac cette fois. Subitement, je me rendais compte que si je n’avais pas oublié ma plume pour commencer, je n’aurais pas rencontré Daemon ce jour-là ni découvert par le fait même ce passage secret recelant bien plus que les cuisines en son bout. Avalant la dernière bouchée du sandwich, je me rendis compte aussi devoir le remercier. Bah quoi ! Ça ne se faisait pas sinon !

- Merci. Eh, au fait, tu connais Amélia non ? Amélia Blackstone. Je te vois de temps en temps avec elle. Je l’aime bien, elle est gentille même si un peu à cheval sur les règlements.

J’haussais les épaules, guillerette à parler de mon amie. Certes, en parlant de règlement je ne me rendais pas encore compte du peu d’élèves voire surtout de leur absence à parcourir les couloirs actuellement. Pourquoi ? Eh bien, c’était parce qu’ils étaient tous en cours pardi !  

• • • Mais c’était que Daemon avait la mémoire longue. Pardi, il se rappelait encore quand je le comparai avec malice à Barbie, l’iconique poupée moldue. À moins bien sûr que son esprit masculin s’excitait à l’écoute de ce seul nom. Je n’avais ainsi, pas pu résister à la tentation de renchérir. C’était tellement facile de taquiner Daemon Blackwood aussi.

- Tu tiens tant que ça à rencontrer Barbie apparemment. Je t’invite donc chez moi ce Noël.

Non, je ne jouais plus aux Barbies, mais j’en gardais toutefois une me plaisant tout particulièrement. Elle avait la peau noire comme moi et, même si ses cheveux étaient doux et longs, ce fut ma première et préférée donnée en cadeau par maman. J’étais toute guillerette en ce moment, ok et bien trop fière de ma petite pique. Je venais de découvrir pleins de trucs intéressants et amusants sur Poudlard. Alors, je me mis à évoquer Amélia curieuse de savoir ce qu’elle voyait en lui, à mes yeux, diamétralement opposés. Mon compère ne put même pas répondre qu’une longue plainte presque maléfique s’empara du couloir.

- Peeves. Zut, j’ai oublié le cours de potions !

Je savais qu’ils ne rigolaient par avec les retards à Poudlard et la nature de mon sang empirerait même la mise. Depuis ma première année, je m’étais fais la promesse de ne jamais connaître ce que cela ferait d’arriver, pour moi, en retard. À l’évidence, « jamais » resterait un mot proscrit.  Je me levais aussitôt m’emparant de mon sac d’une main, l’autre occupée par le sandwich. Alors, Daemon trouva la pire solution au monde soit de fuir dans le parc. Mais non ! Il y avait des détraqueurs en plus tout autour de l’école et même si durant les parties de quidditch et les entraînements, je savais les professeurs assez intelligents pour empêcher toute intervention de leur part, lors des heures de cours je n’en étais plus aussi sûre.

Mais Daemon était décidé à fuir et donc je ne pouvais pas l’abandonner, non ? En fait, si j’aurais pu le faire. J’étais totalement effrayée et donc je n’arrivais plus à réfléchir. D’un côté, il y avait le professeur de potions et de l’autre la possibilité de détraqueurs quittant leur poste de garde pour fondre sur nous.

- Attends-moi Daemon !

Fis-je paniquée tout en ignorant Peeves tant bien que mal pour rattraper le Gryffondor. Nous nous retrouvâmes bien rapidement dans le grand hall de Poudlard et, étrangement, les portes étaient restées ouvertes. Sûrement qu’on en avait besoin et ce fut ainsi, incapable de me poser plus de questions, mes pas me précipitèrent à la suite de Daemon à l’extérieur et le froid mordant de décembre m’accueillit. Je n’avais cure de ne pas être habillée comme il se devait pour faire face aux grands froids d’hiver en Écosse. Je ne pensais pas plus, la peur au ventre d’être trouvée là en flagrant délit d’infraction. Et je courais encore et encore jusqu’à être incapable d’avancer dans la neige, mes chaussures et chaussettes ressentant en premier la neige fondant contre mon corps. Finalement, je ne pus plus faire un pas de plus complètement essoufflée. On avait couru jusqu’où comme ça ?
Je levais donc les yeux sur mon environnement adjacent pour la première fois depuis notre fuite.