Tout est bien trop complexe en ce moment. Mes fiançailles qui finalement se sont annulées mais d’autres viendront. C’est une certitude. Tout s’accumule depuis cet été alors que mes sentiments pour Alina deviennent de plus en plus forts. Sa présence est un rayon de soleil dans ma vie et il devient de plus en plus complexe de le cacher. Je dois me montrer insupportable avec elle dès qu’un sang pur est dans les parages afin de maintenir l’illusion. Une situation de plus en plus complexe mais pourtant je tiens toujours cette image. Mon visage se transforme en fonction des personnes présentes. Je ne peux être moi-même qu’en de rares occasions: en présence d’Alina et de mon frère. Lui sait absolument tout de moi, même ma relation avec Alina. Il m’a toujours compris et me soutient en tout temps. Je me sens perdue en ce moment et mes notes en subissent les effets. Je n’arrivent plus à travailler, bien incapable de me concentrer alors que tous les sentiments se mélangent en moi. Je n’ai jamais été une élève brillante mais j’ai toujours su me maintenir, trouvant un grand intérêt à lire pendant des heures et à accumuler des connaissances. J’aime apprendre mais je n’y arrive plus. Dès que je me pose pour étudier, tous les doutes et questionnements viennent envahir mon cerveau et rien de ce que je dois apprendre ne peut rentrer.

Les vacances de Nöel approchent et je vais bientôt devoir assumer mes pitoyables notes. Cela sera sûrement interprété comme une rébellion pour mes parents qui ne comprendront pas. Tout est tellement compliqué en ce moment et je masque les larmes qui envahissent mes yeux alors que je découvre ma nouvelle note en potion. Un désolant. La potion est passée à un cheveu de l’explosion alors que mes pensées étaient totalement ailleurs. Le doux visage d’Alina qui passait dans mon esprit, me donnant envie de la voir. J’ai dû prendre sur moi pour ne pas la regarder de manière trop insistante et cela m’a fait pensé à toutes mes obligations. Cela m’angoisse de voir ainsi mes résultats dégringolés alors que c’est l’année des BUSES. La journée de cours se termine dans un brouillard et je m’installe sur un rebord de fenêtre dans un couloir désert de Poudlard. Je tente ainsi dans la plus grande des solitudes d’étudier et de rester concentré. Je n’y arrive pas malgré toute l’insistance que j’y mets. Les heures passent ainsi et j’en oublie totalement le repas du soir. Je m’acharne à vouloir étudier quelque chose qui ne veut pas rentrer. Je ne serais jamais à la hauteur des attentes, je ne pourrais jamais provoquer la fierté. Le désespoir m’envahit en même temps que les larment coulent à flot de mes joues.Je finis par déchirer le parchemin sur lequel je m'échine à écrire en tout petits morceaux. Je les jette en l’air et je range ensuite en vitesse mes affaires. Je dois sortir, je dois aller ailleurs. Je ne sais pas pourquoi mais l’image de la forêt interdite s’impose à moi. Si je dois déçevoir, autant le faire jusqu’au bout. Alors que tout le monde a dû quitter la grande salle, le repas étant fini, je passe dans le hall désert pour me rendre à l’extérieur. J’ai les larmes qui coulent encore alors que je file dans la direction de cette forêt. Juste être seule et ne plus voir personne. J’arrive à l’orée de cette forêt.

Daemon s’était entraîné plus de deux heures avec son meilleur ami Dennis dans la forêt. Pour une fois, ils n’avaient pas tenté la Forêt Interdite et étaient restés juste à sa limite. Le jeune homme adorait se battre -enfin-… s’entraîner avec Dennis. Il en savait beaucoup et connaissait plein de techniques et puis, il était toujours encourageant.

A la fin pourtant, les deux amis étaient épuisés : courir, sauter, éviter, rouler, esquiver, lancer, juger… Daemon avait fini par s’écrouler -littéralement- par terre avant de demander une pause à son ami. Il s’était ensuite traîné au pied d’un grand chêne et s’était adossé au tronc. Il suspectait Dennis d’en avoir encore dans la baguette mais celui-ci fut assez sympa pour ne pas le lui faire remarquer.

Ils parlèrent un petit moment et puis…

… Daemon se réveilla en sursaut, l’esprit en alerte. Il attrapa aussitôt sa baguette et se releva prestement. Plus de Dennis dans les parages ! Ah l’espèce de crapule pleine de poux ! Il l’avait laissé seul. Daemon le voyait très bien s’en aller à pas de loups avec un sourire jusqu’aux oreilles. Le jeune homme ne se souvenait même pas s’il avait fini sa phrase avant de plonger dans les méandres du sommeil !

Il faisait nuit à présent, la forêt seulement éclairée par la pleine Lune et il allait lui être difficile de revenir discrètement. Merci Dennis ! Mais alors qu’il allait se décider à repartir, il entendit un bruit -sans doute celui qui l’avait réveillé-. On aurait dit… des sanglots ?!? Oui c’était bien ça.
 
Se cachant derrière un arbre, il garda sa baguette bien haute en observant les alentours. Un bruit de pas précités accompagnait ceux-ci. Ce n’était pas normal…
Daemon aperçut alors une silhouette qui courrait en pleurant et qui s’apprêtait à rentrer dans la Forêt Interdite. Le jeune homme ne resta pas étonné très longtemps. Il devait agir ! Un élève sans aucun doute qui se dirigeait en pleine nuit vers cette endroit dangereux en pleurant ?!?

Le jeune homme attendit patiemment que la personne se trouve à portée de bras pour se retourner et l’attraper par derrière. Lui ceinturant les bras, il ne prit pas la peine de regarder qui c’était. Il passa ses bras autour de sa taille et la souleva pour la faire sortir rapidement de la Forêt. C’était un poids plume ! Une fois arrivée à sa limite, il la déposa doucement derrière un tronc et s’assit avec elle en lui retenant juste le poignée. Il se permit alors un « lumos » et dégagea doucement les cheveux de son visage ruisselant de larmes.

-        Par la barbe de Merlin mais que t’a-t-il pr… HOPE ?!?

 Daemon écarquilla les yeux et rabaissa sa baguette, relâchant au passage le poignée de son amie.
Il se déplaça immédiatement, pour se rassoir plus près, à côté d’elle et lui baissa la tête pour qu’elle puisse s’appuyer sur son épaule.

-        Que t’arrive-t-il ?!? Parle-moi ! Mais que comptais-tu faire ?!?

Daemon ne comprenait pas : était-elle devenue suicidaire ?!?

Je ne sais pas trop ce que je veux ni pourquoi je prends cette direction. Je suis tellement mal que je réagis à l’instant. J’ai juste envie d’être loin, de ne plus penser à tout cela. Fuir me traverse l’esprit. Mais cela reviendrait à devoir être loin d’Alina. Je suis complètement perdue alors je cours. Je ne me rends pas vraiment compte que c’est la forêt interdite. Au départ, j’ai juste besoin d’air, de pouvoir respirer. Mais cela n’est pas suffisant. Je ne sais pas ce dont j’ai besoin mais j’ai l’impression de suffoquer. Je me sens oppressé et je cherche ma respiration tout en continuant de courir. Je veux être loin de cette école qui me rend folle. Je voudrais être juste normal pendant deux secondes. Pouvoir être la fierté de mes parents et être capable de réussir mes examens. Pourquoi cela doit devenir aussi complexe avec des sentiments interdits. Je n’ai pas choisi d’aimer Alina, cela m’est tombé dessus et c’est autant un bonheur que le synonyme de l’enfer de l’interdit. Alors oui je cours, pour m’éloigner, pour oublier. Je ne prête aucune attention à mon environnement alors je ne vois pas la silhouette qui surgit pour venir me ceinturer. J’ai une réaction instinctive et je me mets à hurler. “Lâchez-moi”. Je ne sais pas qui est la personne et mon hurlement continue. Une sorte d’hystérie passagère alors que mes nerfs lâchent totalement sous la surprise.

En d’autres temps, je n’aurais certainement pas réagi ainsi mais c’est la goutte de trop dans mon vase déjà bien rempli. Je me sens encore un pantin qu’il est aisément possible de manipuler sans la moindre préoccupation pour le consentement. Je me débats de toutes mes forces en hurlant. Je tape, je plante mes ongles, je mords si j’en ai la possibilité. J’use de tout ce qui est à ma disposition pour sortir de cet enfermement tel un chaton enragé. Heureusement que l’orée de la forêt n’est pas juste à côté de Poudlard. Est-ce que mes cris ont pu tout de même parvenir à des oreilles indiscrètes. Cela dure ainsi jusqu’à ce que la silhouette me lâche. Je ne prends pas le temps de voir qui c’est et je tente de me relever pour m’enfuir à nouveau. Je m’apprête à lutter contre cette poigne enfermante quand la voix me stoppe. Je la connais. Et elle n’est pas inamicale. Bien au contraire. Je regarde celui qui m’a reconnu et cela a pour effet de me calmer un peu. En tout cas de me stopper dans ma volonté de fuite. Je le regarde, totalement stupéfaite alors que je l’entends m’interroger. “Je ne sais pas. Je ne sais pas ce que je veux faire. Je veux être loin”. Je m’effondre alors totalement en larmes et je sens qu’il vient poser sa tête contre son épaule. Je me laisse faire, incapable de résister.

Quand Hope accepta de poser sa tête sur l’épaule de Daemon, celui-ci lui prit la main et la serra doucement dans la sienne, essayant de lui offrir le plus de calme possible.
L’endroit s’y prêtait d’ailleurs très bien avec un ciel étoilé et uniquement le chant des hiboux. Il la laissa pleurer un bon moment, passant seulement un bras autour de ses épaules, compatissant.

Daemon s’en voulait. Il avait été tellement maladroit de la sortir de la forêt avec autant de brusquerie, presque comme un vulgaire sac à patate ! Quelle bêtise !
Il chuchota donc :

-        Excuse-moi de t’avoir sortie de là ainsi, j’ai eu peur et je n’ai pas été très diplomate. J’ai encore beaucoup à apprendre en terme de relations. J’espère ne pas t’avoir fait mal.

Il secoua la tête et se tourna vers elle pour la prendre dans ses bras. Elle semblait réellement dévastée, complètement bouleversée… Il ne l’avait jamais vu comme ça. D’ailleurs, de sa courte expérience de vie, il n’avait vu qu’une personne exprimer la même peine que Hope. Les larmes semblaient très lourdes sur ses joues et son corps tressautait au rythme de ses pleurs. Daemon se sentait vraiment démuni. Jamais il n’aurait imaginé une telle violence en Hope : il avait senti ses ongles le griffer, ses dents essayer de le mordre… Ce n’était clairement pas la Hope qu’il connaissait ou bien… elle cachait bien son jeu.

Après de longues minutes, il se retira et prit son visage dans ses bras, essuyant ses joues.
Pourquoi disait-elle qu’elle voulait être loin ? Elle n’avait pas beaucoup d’amis mais son frère -tout le monde savait combien ils étaient proches- ne la laisserait certainement pas dans un état pareil. Que se passait-il donc ?!? Il lui fit un sourire navré et hésita à parler… Mais enfin il ne pouvait plus se taire, ça lui paraissait trop énorme pour être vrai :

-        Toi qui est toujours avec le sourire, à vouloir être gentille, à vouloir donner sans demander en retour… Je n’arrive pas à comprendre ce qu’il t’arrive ?

Le doute s’insinua en lui :

-        Quelqu’un t’a fait du mal ?!?

Il baissa les yeux redoutant la réponse à sa prochaine question :

-        Felicia t’en a fait baver ? Si c’est elle, ne t’en fait pas : je vais mettre les choses au clair. J’aurai dû le faire bien avant. Je suis désolé… Tellement désolé de te voir dans cet état.

Il est vrai que si c’était la réponse à ses pleurs, Daemon n’avait clairement pas été à la hauteur. Quand il avait été avec Felicia, il s’était senti sur un petit nuage et les côtés sombres de la personnalité de la jeune femme, il les avait clairement mis de côté. Daemon se remit à côté d’elle, un bras sur ses épaules, la tête contre la sienne, fixant des yeux les étoiles et finit par dire :

-        Accepte de te confier. Je veux t’aider.

Je me suis débattue, surprise d'être saisi ainsi avant de prendre conscience de l'identité de la personne. Que fait-il là? Je ne sais pas mais ma tête repose sur son épaule à la recherche d’une ancre à laquelle se raccrocher. J’ai la sensation d’être en train de me noyer dans un océan et de ne plus avoir pied. Je suis perdue et totalement désespérée. "Je suis désolée, je ne voulais pas te faire du mal. Je suis vraiment désolé. Tu ne devrais pas rester avec moi, je ne suis pas celle que tu crois”. Je donne l’illusion en permanence mais en réalité je ne sais plus qui je suis. J’ai la certitude que je ne peux qu’être une déception pour ma famille. Je n’ai jamais mérité qu’il m’accorde le moindre intérêt, père et mère restant toujours à distance. Je n’ai jamais rien manqué matériellement mais je n’ai jamais mérité la moindre affection. Si j’étais capable de simplement suivre la voie qui m’est toute tracée, peut-être que je pourrais gagner qu’ils m’accordent un minimum d’intérêt. Mais même cela, je ne pourrais pas alors que la personne que j’aime est une femme. Un amour qui me scinde encore plus en deux, ne faisant que me prouver à quel point je suis loin des idéaux des sangs purs. Je ne suis pas aussi élitiste qu’eux, pouvant apprécier la compagnie de ceux qui sont considérés comme de sang-impur. J’ai bien conscience de ne pouvoir le montrer et de devoir me cacher. Encore un secret que je dois masquer. Tant de choses que je camoufle sous une illusion et c’est un poids qui devient de plus en plus complexe à porter. Je ressens qu’il ne comprend pas mon état. Et en même temps, il est comme les autres n’ayant vu que le masque que je me donne. Je ne lui en veux pas alors que c’est ce que je veux depuis toujours. Je préfère porter seule le poids de mes secrets, ne me reposant que sur mon frère pour me soulager un peu dès que cela devient trop lourd.

Je me ferme à ses mots, baissant la tête. J’ai envie de disparaître alors que je ne peux pas lui dire tout ce que je cache. Peut-être que si je me tais, il finira simplement par partir et me laisser ainsi dans ma solitude. Je voudrais me réfugier auprès de mon grand frère en cet instant mais je ne veux pas le déranger. Pas au milieu de la nuit, je ne peux pas le réveiller. Il insiste alors que je me mure sous ma carapace. Il semble réellement s’inquiéter, me demandant si quelqu’un m’a fait du mal. Je ne comprends pas pourquoi il agit ainsi. Je l'apprécie mais il ne sait rien de qui je suis réellement. Felicia n'est qu'une goutte dans l'océan. Je ne comprends pas, je ne pense pas qu’il puisse réellement vouloir être présent pour moi. Il n’a aucune raison alors que je ne lui ai jamais donné aucuns éléments pour me comprendre. J’ai certes été présente pour lui alors qu’il pleurait vis à vis de ses parents mais cela me semble normal. C’est ainsi que je dois agir mais je n’attends rien en retour. Tout est bien trop camouflé en moi pour sortir aussi facilement. Ma surprise ne peut que sortir, mêlé aux sanglots qui ne s’arrêtent pas. "Pourquoi veux-tu m'aider? Tu n'as pas de raison. Je ne le mérite pas". Il va certainement vouloir s’enfuir si j’ose me libérer de ses chaînes. Tout comme Adrian d’ailleurs. Je l’'apprécie énormément alors qu’il est la seule personne que je considère comme un véritable ami. Je sais comment il est avec les autres femmes mais jamais il ne m’a traité ainsi. Il est un des premiers à m’avoir fait croire que je pouvais avoir de la valeur en tant que sang pur, me poussant sans le savoir à me montrer méprisante en surface. Certainement pour correspondre aux principes des sangs-purs.

Il est bien trop inscrit dans ses principes pour pouvoir s’en détacher et me comprendre. Ces mêmes principes et le voir les incarner aussi fièrement m’a permis de garder cette image pendant des années. Cela m’a ainsi maintenu dans le rang, trouvant un équilibre entre ces deux facettes de ma personnalité. Pourtanti aujourd’hui, cela s’effrite car je suis totalement perdue et cela il ne peut pas le savoir. Les limites de notre amitié alors qu’il est la seule personne à être aussi proche de moi mais je sais qu’il sera dans l’incapacité de comprendre. A vrai dire, je peux comprendre car je suis moi-même totalement dépassée. Parfois, me jeter un sort d’oubliette me passe par la tête. Avoir une sorte de reset pour recommencer sans ses sentiments qui sont lourds et pourtant source de tant de bonheur. Voir le visage d’Alina, pouvoir la tenir un instant dans mes bras suffit à me faire passer cette idée. Je ne lui réponds pas, venant blottir ma tête dans mes bras. Je me recroqueville sur moi-même tel un hérisson qui cherche à se réfugier. A chaque fois que cela tourne dans ma tête, j’en viens toujours à la même conclusion: je suis le problème. Que ce soit pour mes parents, pour mon frère qui court un risque en protégeant mes secrets et même Alina. Qui sait comment réagirait ma famille si cela s’apprenait. Repenser à tout cela est insupportable. J’ai l’impression de suffoquer alors qu’il me demande de me confier à lui mais c'est dur. Je commence alors à faire les cents pas. Me confier revient à me livrer avec tous les risques que cela lui ferait encourir. "Je ne peux pas. Tu ne dois pas savoir". Le risque d'être jugé est bien trop grand mais il n'est pas mes parents et il ne croira certainement pas l'excuse de l'ado en rébellion. Je me ronge les ongles tout en continuant ma déambulation. “Il vaut mieux que je reste seule. Ne t'inquiète pas pour moi”. Je pleure à nouveau alors qu’au fond même si cela me semble la meilleure solution, je n’en ai pas envie. Je tente pourtant un sourire que je veux rassurant dans sa direction.

Daemon balaya d’un revers de main les excuses de Hope. C’est vrai qu’elle l’avait bien griffé mais… le jeune homme n’aurait tout simplement pas du la prendre par surprise et « l’enlever » en quelque sorte. Il s’était montré maladroit… Comme chaque fois qu’il paniquait un peu trop. C’était sans doute pour cela que le Choixpeau Magique l’avait envoyé chez les courageux et non chez les rusés.

La voyant baisser la tête et la planter dans ses bras, Daemon se recula légèrement. Il n’était pas nécessaire de rentrer dans son espace vital. Il lui fallait de l’air de toute évidence et il prit sur lui pour rester patient et se taire le temps qu’il faudrait. En attendant, fixant les étoiles, il repensa à tout ce qu’était Hope. Une jeune fille introvertie, qui ne faisait jamais de vague. Une fille douce et gentille, souriante et empathique. Il se rappellerait toujours de cette fois où il s’était réfugié devant le lac pour pleurer ouvertement ses parents et où elle l’avait soutenue. Sans rien dire. Sans jugements. Sans paroles surfaites…

… Et puis il repensa au fait que c’était malgré tout une sang-pur qui se comportait sèchement avec ceux qui n’étaient pas de son rang. En Grande-Bretagne, Daemon avait toujours été frappé par cette attitude. C’était sans doute pour cela qu’il ne se sentait pas réellement britannique. Il observa Hope du coin de l’œil et fronça les sourcils. Les pièces ne s’imbriquaient pas. C’était tellement loin de son caractère de se comporter ainsi ! Et puis elle le blessa. C’était involontaire et plus une façon de dévier la conversation, de ne pas dire ce qui n’allait pas mais Daemon s’agita :

-        J’ai perdu toute ma famille. Mes amis sont ma Famille de cœur et tu mériteras toujours que je prenne du temps pour toi.

Elle ne… « le méritait pas » ?!? Mais qu’avait-elle donc ? Avait-elle fait une bêtise ?!? Encore une fois, les pièces ne s’imbriquaient pas. Plus l’heure avançait, moins il comprenait, plus il s’inquiétait, moins il voulait la laisser…

-        Je ne vois pas un monstre Hope. Je vois une amie… et je me sens monstrueux de ne pouvoir l’aider.

La jeune fille finit par se lever, faisant les cent pas nerveusement devant lui. Elle voulait être seul mais comment Daemon pourrait-il laisser son ami… une sœur seule ?!? La pensée le fit frissonner et il refoula la boule qui lui montait à la gorge. Cette demande de Hope lui rappelait le pire de ses souvenirs… et jamais oh grand jamais il ne la lâcherait.

Daemon se leva doucement pour ne pas l’effrayer et lui laissa encore une fois une zone de confort, se contentant de s’appuyer à l’arbre. Il se râcla avec discrétion plusieurs fois la gorge avant de parler. Daemon avait hésité avant. Serait-ce trop intrusif ? Trop violent d’entendre parler ? Trouverait-il les bons mots ? Il finit malgré tout par se lancer. Il ne savait pas s’il ferait mouche puisqu’il ne connaissait toujours pas le problème… mais il fallait bien essayer. Il prit donc sa voix la plus douce et la plus calme avant de commencer :

-        Beaucoup me trouve arrogant. Sans doute mon côté américain. Et puis… Oh soyons honnête : cette carapace, à paraître sûr de moi, à dire ce que je pense comme ça vient, ça m’arrange bien. Je n’ai jamais été très à l’aise avec les traditions des sang-purs. Surtout ici. En Grande-Bretagne. Ils sont tellement -pardonne-moi mais…- coincés ! Sévères… parfois cruels. Rassure-toi : je ne te vois pas comme ça, bien au contraire. Enfin bref. Parfois, ma carapace craque. Comme la fois où tu m’as vu pleurer mes parents.

Daemon s’arrêta un instant et se passa une main sur le visage :

-        Je vais être honnête mon amie. Depuis toute à l’heure, les pièces se s’imbriquent pas bien. Je repense à ce que tu me dis, que tu ne mérites pas mon amitié, que je ne veux pas savoir, que je ne dois pas savoir et surtout qu’il vaut mieux que tu restes seule et mon esprit cherche à tout prix à comprendre. Mon cœur se serre de te voir pleurer, de te voir t’effondrer… et que je n’ai rien vu venir !

Il s’arrêta un instant pour déglutir.

-        Hope. Ce pourrait-il que tu ais toi aussi une carapace ? Est-elle en train d’imploser ? Je ne te laisserai clairement pas tomber, t’effriter, exploser, imploser ou quelle que soit l’image qui te vient. Je suis là et tu as besoin de quelqu’un.

Daemon se rassit et tapota l’herbe à côté de lui :

-      Je ne suis pas là pour te juger. Je ne suis pas là non plus pour que tu reformes ta carapace. Si je suis resté, c’est pour t’écouter, te comprendre. Je t’accepterai toujours. 

J’ai réagi alors qu’il m’a saisi de manière totalement instinctive et je m’en veux de l’avoir griffé. Je ne veux blesser personne mais je n’ai pas su me contrôler. Je blottis ma tête dans mes genoux, cherchant ainsi la solitude. J’ai l’habitude d’être seule et de ne pouvoir réellement compter que sur mon grand frère. Pourtant, je ne peux pas lé déranger à cette heure mais je suis certaine que Daemon va finir par s’en aller et me laisser ici. Il n’a aucune raison de rester à moi et je lui affirme.Des larmes coulent de mes yeux alors qu’il me parle de sa famille. C’est un manque total de délicatesse de ma part alors que je connais cette partie de lui. J’ai été présente le jour où il a pleuré au bord du lac, cherchant à le soutenir car cela me paraît normal. J’ai envie d’être présente pour les autres mais je n’attends pas la même chose. Je n’attends pas grand chose, ayant l’habitude d’avoir très peu d’importance et de passer toujours après les autres. Bien pour cela que je suis aussi mal d’ailleurs alors que je rêve au fond de moi que mon père ou ma mère se préoccupe de moi juste un instant. Pas parce que je les déçois, pour mes notes ou pour les fiançailles. “Je le regarde tristement. “Je suis désolé Daemon, je n’aurais jamais dû dire cela”.

Je ne sais qu’être une déception pour les autres et cela ne fait que renforcer mon envie d’être seule. Un mot me surprend, me faisant lever les yeux pour le regarder avec surprise. “Je suis une amie?”. Je l’apprécie et il est évident pour moi d’être présent pour lui, mais je ne pensais pas qu’il me considère ainsi. Il le répète et il semble vouloir m’aider. Je me lève alors, faisant ainsi les cents pas. Je ne sais pas rester assise alors que je suis encore plus perdue. Je regarde la forêt interdite et l’idée de m’y enfoncer pour disparaître est omniprésente. Le silence s’installe alors que mes pensées tournent en boucle dans ma tête. Il brise à nouveau le silence et je l’écoute me parler des sang-purs, de sa vision et de sa carapace. J’en ai une aussi mais tout le monde en a une. Une manière de se protéger pour affronter la réalité. J’ai envie de lui hurler dessus alors qu’il me surnomme son amie. J’ai l’impression qu’il m’enfonce un coup de poignard dans le cœur alors que je suis persuadée que s’il sait, il disparaîtra. Pourtant il continue et il met les mots sur la dissonance de mon comportement. Il dit qu’il se sent mal de me voir ainsi. Il met les mots sur ma carapace mais surtout il comprend qu’elle est sur le point d’exploser. Hormis mon frère, il est le premier à apercevoir cela, à comprendre que je ne suis pas celle que je dis.

Je le vois tapoter à côté de lui alors qu’il s’est rassis et j’hésite alors qu’il insiste pour être présent pour moi. Je reste immobile ainsi pendant de longues minutes. Je ne sais pas si je peux réellement céder ainsi pourtant je sens que je risque de voir ma carapace se briser à tout moment. Je prends la parole alors que je suis encore debout. “Je devrais être à l’aise avec les traditions des sangs-purs, penser qu’ils ont raison et m’y conformer. Je devrais accepter mes fiançailles ainsi que le devoir l’exige. Je voudrais tellement être dans le même moule que tous les sangs-purs. Je ne comprends pas pourquoi je ne le suis pas. J’essaie de faire semblant pour ma famille mais pourtant au fond je ne me pense pas supérieurs aux autres. Je ne pense pas comme ma famille et je suis totalement perdue”. Je finis par m'asseoir sur le sol près de lui mais sans me coller à lui non plus. “Je voudrais juste être comme tous les autres, Daemon et arrêter de me sentir aussi différente. Je fais semblant mais au fond cela me mine en permanence”. Je m’effondre alors en larme, je voudrais poser à nouveau ma tête contre lui mais je n’ose pas. Je ne sais pas trop comment je dois me comporter. Je ne veux déranger personne et surtout pas lui en réalité. Je l’apprécie bien trop et s’il décide de ne plus me parler. Se confier est toujours risqué et je me lève à nouveau. Si je reste assise, l’envie de me blottir contre lui serait bien trop forte et je ne peux pas.

Daemon ouvrit grand les yeux de stupéfaction en entendant Hope. Elle semblait tellement fragile, tellement peu sûre d’elle ! N’avait-il pas fait attention à ce point pour ne pas se rendre compte d’un malaise pareil ? La jeune fille ressemblait à une brindille prête à se briser à tout instant. Elle semblait écrasé par un poids invisible beaucoup trop lourd pour elle.

Quand elle s’excusa, Daemon se contenta de secouer la tête en souriant. Ce n’était vraiment rien. Il n’avait pas bien réagi et elle s’était affolée. Il le comprenait d’autant plus vu l’état de stress et de fatigue émotionnel dans laquelle elle semblait plongé jusqu’au cou.

Mais quand elle lui demanda si c’était son amie… Il ne put s’empêcher d’écarquiller les yeux. Ils se seraient presque embués s’il ne s’était pas retenu. Le jeune homme était quelqu’un d’empathique et pourtant ! Pourtant il n’avait rien vu venir. Il aurait voulu arracher les poids qui étreignaient son amie et les balancer loin d’elle, les noyer dans le Lac, les faire engloutir par le Calmar Géant ! A la place, il se contenta de lui faire le sourire le plus chaleureux possible en lui répondant d’une voix calme :

-        Bien sûr que tu es une amie. Tu es mon amie et je… t’aime comme tel ! N’en doutes jamais !

Daemon sentait bien que ce n’était pas cela qui l’aiderait. Il voyait bien qu’elle luttait avec elle-même, que tout n’était que tension. C’était très clair pour lui : il lui fallait parler, se livrer, lâcher ce qu’elle avait sur le cœur. Elle semblait se sentir coupable mais de quoi ? Le jeune homme ne comprenait pas. Il la vit hésiter avant de rester finalement debout à quelques pas de lui. Daemon n’insista pas pour le moment. Elle avait encore besoin d’espace. Il le comprenait bien à présent. Et puis… elle parla enfin. Elle ne se livrait pas encore totalement mais elle déchargea une partie de sa souffrance et Daemon put y voir un problème central… sans doute LE problème de fond.

Il la laissa parler jusqu’à ce qu’il soit sûr qu’elle ne rajouterait rien. Ce n’était vraiment pas le moment de la couper. Elle finit par s’écrouler presque sur le sol à ses côtés, et à fondre de mille larmes douloureuses.

Alors le jeune homme n’y tint plus. Il se permit de se rapprocher à nouveau et de passer un bras qu’il voulait rassurant autour de ses épaules, l’invitant à déposer sa tête sur la sienne. S’il paraissait serein, la colère enflait en lui : voilà ! Voilà bien le problème de la civilisation actuelle, celle qui se prenait pour la meilleure, la plus digne, la plus… pure ! Elle s’infligeait depuis des générations les mêmes tourments et elle ne grandissait pas de ses erreurs ! Les sang-purs ! Quelle idiotie ! Quelle cruauté ! Il aurait préféré être un troll des montagnes plutôt que d’appartenir aux 28 familles de… « privilégiés ». Privilégiés tu parles ! Il repensa à Félicia, fiancée sans son consentement ! Quelle indignité de la part des parents !

Daemon respira un grand coup pour calmer les battements de son cœur. Il n’avait peut-être presque plus de famille mais il était libre… Enfin presque. Mais sa grand-mère ne le tiendrait jamais ! JAMAIS ! Et il souhaitait la même chose à tous ses proches. On offrait à tous une prison dorée et il était à bout de nerfs de les voir camisoler ainsi. Il resserra un peu son étreinte avant de prendre la parole, la voix vibrante d’émotions :

-        Tu ne devrais rien du tout sans être consentante ! Tu devrais être libre, te sentir libre et avancer à ta vitesse. Tu devrais t’épanouir sans ce stress permanent de fiançailles ridicules, sans amour, sans… passion.

Daemon se tourna vers elle et décolla doucement les cheveux de ses joues pleines de larmes en continuant plus calmement :

-        Je ne comprends sans doute pas… comme vous. Mes parents n’étant plus là, je n’ai pas les mêmes obligations à supporter. Mais… je me rappelle une phrase moldue -et pour ma part, peu importe qu’elle soit moldue, je la trouve très vraie-… Elle dit « Être différent n’est ni une bonne ni une mauvaise chose. Cela signifie simplement que vous êtes suffisamment courageux pour être vous-mêmes. » … Et si je paraît égoïste tant pis mais… Moi je veux que tu restes différente. Peu importe la différence dont tu parles. C’est ainsi que je t’apprécie.

Daemon soupira pourtant :

-        Je sais. Chez les sang-purs britanniques, choisir d’être un… un mouton noir n’est pas vraiment bien vu. C’est même un euphémisme. Pourtant, c’est si beau de savoir se démarquer. Alors dis-moi. Comment puis-je t’aider ? Quel est ce secret ? Cette différence ? Je te promets que je te soutiendrai toujours. Comme… comme un frère de cœur !

Et c’est la promesse qu’il se fit à lui-même ce soir-là. Il serait toujours là pour Hope. Peu importe la différence qu’elle cachait. Si elle acceptait de s’ouvrir à lui, jamais il ne lâcherait son étreinte d’ami.

Je serais bien incapable d’expliquer pourquoi la forêt interdite. Un acte totalement impulsif et je ne m’attendais absolument pas à être stoppé ainsi par Daemon. Il est certes un ami mais il ne sait rien de moi. Il n’y a que Keylian qui sait absolument tout. Je ne parle jamais car parler serait bien trop risqué. J’ai compris très jeune l’importance du secret et j’ai accepté de porter ce poids dès que j’ai commencé à ressentir les premières différences. Je ne ressentais pas ce mépris envers les nés moldus que mon éducation s’évertuait pourtant à m’inculquer. J’ai continué à aller vers ceux dont le sang est impur mais dans le plus grand des secrets. J’ai développé ainsi deux facettes de moi. J’ai ma carapace qui me permet de donner cette illusion du comportement attendu d’une sang-pur. A l’abri des regards, je me permets d’être bien plus avenante. Ceux qui m’ont vu ainsi ont compris la nécessité de tenir le secret. J’ai toujours pu tout raconter à mon frère alors une sorte d’équilibre s’est installé sans que je ne me rende compte du poids des secrets. J’ai tout entassé au fond de moi, refusant de me rendre compte à quel point cela pouvait être lourd. Une cocotte minute alors que ma solitude est grande depuis que je suis enfant. Mon frère a sa vie et malgré sa volonté d’être présent pour moi, il ne peut l’être tout le temps. Je n’ai jamais été très sociable de toute manière et j’ai grandi avec l’idée que je ne peux pas compter sur grand monde. J’ai cette impression de toujours être une déception pour mes parents. L’illusion de l’équilibre s’est brisée en mille morceaux cet été.

Les sentiments que je ne peux plus nier pour Alina et ses fiançailles qui m’ont été annoncé. Alina est une parenthèse enchantée dont j’apprécie chacune des minutes que je peux avoir en sa compagnie. Mais ce n’est qu’éphémère et cela ne fait que me sentir plus en décalage avec ma famille. Alors, je ne pouvais pas imaginer que Daemon puisse me considérer comme une amie. Entendre cela me crée un pincement au cœur. Il est ami avec l’image que je donne. Je me ferme alors qu’il affirme que je sujis une amie. Je voudrais tellement pouvoir ressentir de la joie mais je sais que ce n’est qu’illusoire et que cela s’effondrera dès qu’il saura la réalité. Les larmes me montent alors aux yeux. Je fais les cents pas alors que ma fragilité est à son summum. Je finis par lâcher une partie alors qu’il m’assure sa présence à mes côtés. Parler vient faire céder mes dernières résistances et je m’effondre au sol. J’aimerais être dans ses bras mais je n’ose pas. Je ne peux pas alors que son amitié peut à tout moment disparaître. Je l’écoute, les larmes continuant de couler à flot. Je suis surprise de le sentir me prendre dans ses bras. Je n’ose pas me détendre alors que j’ai l’impression de n’être qu’une illusion à ses yeux. Que je ne sois pas méprisante envers les autres sangs ne peut pas le choquer alors que j’ai remarqué que son comportement est bien différent. Ce qu’il me dit est en accord avec ce que je pensais. J’aimerais tellement pouvoir être aussi libre que cela. Je rêve de cette liberté mais j’ai bien conscience que c’est une utopie et que je suis condamnée à rester dans ce carcan. Carcan dans lequel je me débats en ce moment sans arriver à trouver l’espace de respirer. Je voudrais l’interrompre, crier à quel point c’est une utopie. Pourtant, je le laisse continuer jusqu’au bout. Je le regarde stupéfaite alors qu’il me dit qu'il souhaite que je reste différente tout en ayant bien conscience des obligations qui pèsent sur mes épaules.

Le silence s’installe et dure un moment à la fin de ses paroles. J’hésite, ne sachant pas si je veux vraiment. “Comme un frère de coeur?” La phrase m’interroge alors que je doute tellement de moi en cet instant. Je ne peux pas continuer de le laisser croire à l’illusion que je donne. “Je ne sais pas si tu veux vraiment de moi comme une soeur de coeur ou si tu pourras continuer à le penser. Je vais finir par te faire honte, que tu ne veuilles plus être vu avec moi en public. Je comprendrais, je ne suis pas celle que tu crois, que tout le monde croit” Tout comme je déçois profondément mes parents et ce sera bien pire s’ils apprennent la réalité sur moi. Il est plus simple pour moi de me fermer, de m’isoler que de croire que des personnes pourront vraiment être de mon côté. Je m’arrête un instant avant de baisser la tête et de lâcher d’une voix tendue. “Je ne comprends pas ce qui m’arrive. Je ne comprends pas pourquoi je ne suis pas comme tous les autres sangs purs. Je devrais être arrogante et ne pas me laisser marcher dessus. Je ne sais pas répondre comme les autres et je ne sais pas m’imposer.. Je n’ai pas envie de me rendre dans ces soirées mondaines et de parader dans des tenues qui sont juste une démonstration d’apparence”. C’est bien pour cela que Felicia arrive à me marcher dessus et à me martyriser comme elle le fait. Il n’aurait sûrement jamais été forcé à boire. Il ne se serait pas laissé faire mais moi, je n’ai pas su et j’ai honte au fond. Je reprends d’une voix tremblante. “J’arrivais à faire semblant et à maintenir l’illusion mais maintenant tout s’effondre. Elle est devenue si importante pour moi et pourtant mes sentiments à son égard sont totalement interdits. Je voudrais pouvoir être toujours en sa compagnie, lui tenir la main mais nous devons nous cacher. Elle finira sûrement par partir comme toi. Je comprendrais si tu préfères t’en aller. Juste, je t’en prie ne le dit à personne”. Les larmes continuent de couler dans un flot ininterrompu. Je me lève alors et je me dirige vers la forêt interdite, certaine de son choix à lui. J’ai envie de croire qu’il va rester, qu’il va réellement être à mes côtés malgré mon secret mais la désillusion serait bien trop douloureuse. Je tais alors l’espoir, l’enfermant à double tour au fond de mon cœur. Mes mains viennent se poser sur un arbre, juste à l’orée de la forêt interdite. Je recherche un appui pour ne pas m’effondrer alors que j’ai les jambes qui tremblent.

Daemon n’avait pas parlé de « frère de cœur » par hasard. Hope lui rappelait beaucoup de choses. Et la promesse qu’il venait de se faire à lui-même, il la tiendrait coûte que coûte.
Le jeune homme voyait bien que ses paroles flottaient autour de la jeune femme sans vraiment s’ancrer en elle. Nom d’un dragon ! Qu’avait-elle comme secret qui la fasse repousser tout espoir ainsi ? Et pourquoi être partie vers la Forêt Interdite ?

Il est vrai que Daemon était un adolescent doté d’une carapace plus que résistante. Il n’avait jamais eu la sensation de la perdre depuis 10 ans qu’il la portait. Il disait ce qu’il pensait, il pensait ce qu’il voulait, il voulait la liberté et depuis la mort de ses parents, en quelque sorte : il l’avait. C’était assez triste en réalité. Sa grand-mère le rejetait tellement qu’elle l’avait barré de son testament. Elle refusait qu’il passe ses vacances avec elle, elle l’envoyait Allée des Embrumes depuis 3 ans. Depuis la Bataille Finale et la disparition des êtres chers à son cœur. Sa carapace s’était alors renforcée mais comme tout un chacun, il lui arrivait de craquer.

Pourtant, quand il observait Hope, il ne la voyait pas craquer de la même manière. C’était beaucoup plus intense. Beaucoup plus fort. Il se désespérait de voir une amie si chère à son cœur se désintégrer sous ses yeux. Que faire ? Que dire ? Daemon comprenait Hope d’une certaine manière. C’était tellement facile de parler. De balancer des banalités. Les actes étaient des preuves et c’est pour cela qu’il l’avait tenu à nouveau dans ses bras. Impuissant à faire plus, il commençait à paniquer -sans rien en montrer- pour elle. Devait-il aller chercher son frère ? Devait-il faire intervenir un adulte ?
 
Il repoussa cette dernière question presque immédiatement. Ce n’était pas ici, à cette époque, dans ce monde, qu’elle aurait le droit à de l’aide. Ainsi, il lui faudrait agir seul pour le moment. Du moins avant de faire appel à son frère peut-être ?

Quand le silence s’installa après ses dernières paroles, Daemon le respecta, ne quittant toutefois pas Hope des yeux, le visage doux et serein. Ses pensées le traversaient pourtant comme des décharges. Il avait rencontré beaucoup de situation dans sa vie. Et pas toujours facile. Mais celle-ci était inédite pour lui. Que faire ? Que dire ? Que penser ? Sans le vouloir, il finir par afficher une mine inquiète et se redressa, posant ses mains derrière son dos et son dos sur le tronc d’un énorme chênes.

-        Je veux être là pour toi Hope… Je…

Mais elle le coupa. Il se tut instantanément. Elle était persuadée qu’elle lui ferait honte. Daemon plissa les yeux d’incompréhension mais n’eut pas le temps de répondre qu’elle reprenait, très agitée. Le jeune homme avait envie de hurler face à ce qu’elle disait. Non pas contre elle mais contre cette société. Les sang-purs étaient des nuisibles. Il en était de plus en plus persuadé. Pas les enfants non ! Les adultes qui reprenaient les mêmes schémas que leurs ancêtres, qui refaisaient systématiquement les mêmes erreurs et pourrissaient la vie de tout un chacun avec, en première position : leurs propres enfants !

… Et alors enfin il comprit. Car Hope se livra un peu plus. Elle jeta les armes et lui révéla ce secret si dur à dévoiler. Elle ne le dit pas clairement. Mais c’était une évidence à présent. Daemon eut presque envie de rire tant il se sentit soulagé… mais il fut vite rattrapé par la réalité. Evidemment, il se fichait de qui aimait Hope et si elle était attirée par des femmes eh bien… ET ALORS ?!? Oui mais… « et alors » pour lui et lui seulement. Il comprenait parfaitement que dans le monde de Hope ce fut un handicap, une galère, un danger et qu’elle se devait de le cacher. Il comprenait enfin pourquoi elle était en pleurs et pourquoi elle paniquait, pensant que lui aussi la rejetterait. Son cœur se serra un peu plus et il déglutit de peine en la voyant pleurer à chaudes larmes, sans pouvoir plus se retenir.

Hope se dirigea alors à nouveau vers la Forêt Interdite et la première réaction de Daemon aurait été de la récupérer comme il l’avait fait au début s’il n’avait pas réalisé l’erreur que c’était.
Il préfèra se dépêcher de se placer face à elle, lui barrant la route :

-        Non ! Attends ! Ne fais pas ça je t’en prie ! Je comprends ton désarroi et même ta panique… Mais je te l’ai dit : je t’apprécie comme tu es ! Peu m’importe que tu aimes telle ou telle personne ! Que ce soit une femme ou un homme ! Je m’en fiche du moment que tu es heureuse. J’imagine combien ta vie doit être compliquée et j’aimerai t’aider plus que je ne l’ai fait jusqu’à présent ! Alors laisse-moi une chance de prouver mon amitié. Tu n’es pas un monstre voyons ! Tu es… Hope !

Il dit cette dernière phrase comme si elle représentait tout. Hope était quelqu’un de très bien, une belle personne, il ne lui fallait rien d’autre !

-        Je t’en prie, rentre avec moi au château. On va… trouver une solution ! Pas pour que tu te défasses de ton amour ! Pour que tu puisses continuer à l’aimer et à… échapper aux jugements des autres. Je serais toujours là pour toi. Je suis sûr que je ne suis pas le seul. Il y a ta copine aussi ! Et puis ton frère ! Je suis sûr qu’il est là pour toi ! Ne nous abandonne pas… N’abandonne pas.


Daemon leva alors sa baguette et indiqua d’un hochement de tête la Forêt Interdite :

-        Si tu pars par-là, je viendrais avec toi.

J’ai grandi dans ce monde de sang pur où l’apparence et la réputation comptent plus que tout. Bien plus que l’amour que je n ai jamais eu vraiment l'impression de connaître. Sauf venant de mon frère. Le seul qui m'ait réellement donné des preuves de l'affection qu'il me porte. J'ai dû me forger une carapace pour masquer la différence que je ressens depuis que je suis toute petite et qui ne fait que grandir avec les années. Plus je la sens grandir plus l'espoir de pouvoir rendre un jour ma famille fière s'amenuise. Encore plus maintenant que j' aime une fille et que je ne peux pas me cacher ce que je ressens pour elle. Une évidence alors qu en sa présence je rayonne et tout me semble si simple. La réalité me rattrape vite dès que je ne suis plus dans cette bulle de soleil. Une bulle qui doit restée soigneusement caché. C'est bien pour cela que cette nuit j'ai fui en direction de la forêt interdite. Une envie d'être loin de tout cela et pourtant cela doit être totalement inexplicable pour Daemon. Il ne peut savoir alors que très peu de gens me connaissent réellement. Ils n'ont conscience que de ma carapace et il est très difficile de venir me livrer, de venir dire ce que je pense réellement. Cela comporte tellement de risques pour moi mais surtout pour Alina. Qu est ce qui se passerait pour elle si jamais cela s'ébruitait. Les conséquences seraient lourdes alors je me force au silence. Le silence s'installe et s'éternise alors que c'est la cacophonie danson esprit. Sauf qu'il veut comprendre et je finis par craquer libérant une partie de ce que j'ai sur la conscience. Je ne me rends alors pas compte qu'il avait commencé à parler, prise dans mon élan d'enfin révéler .Je suis alors terrifiée qu'il puisse me trahir mais certaine qu'il ne comprendra pas. Même pour lui cela doit être trop étrange et loin des codes.

Je suis réellement prête à partir dans la forêt interdite alors que je avance, certaine qu'il va partir. La seule chose que je demande est qu'il le garde pour lui. Je lui rentre dedans alors qu'il se met devant moi. Il me faut plusieurs secondes pour que je réalise qu'il a agi ainsi que je ne pouvais pas l imaginer. Je suis saisi par la surprise restant totalement sidérée pendant plusieurs secondes. Je l'entends et pour autant cela me paraît totalement improbable. Ce n'est pas possible. Il ne me juge pas et encore plus difficile à croire il veut m'aider. Malgré que j'aime une femme. Je lui tombe alors dans les bras le serrant très fort contre moi. "Mercii…Vraiment merci". Je ne réalisé pas totalement alors que je suis encore sous l'effet de la surprise et incapable d'aligner des mots.

Vont-ils être surpris:

Le membre 'Hope Travers' a effectué l'action suivante : Lancer de dés

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'Dé à 6 faces' :

Vénus n’était pas encore couchée, et pourtant il commençait à se faire tard. Elle avait déjà dîné un peu plus tôt dans la soirée en compagnie des élèves de l’école et des professeurs, mais elle n’avait pas trainé dans la Grande Salle contrairement à certains et certaines de ses connaissances, elle s’était empressée de rejoindre son bureau, de là, elle dominait tout le monde de toute sa hauteur, bien qu’elle se trouvait d’ores et déjà à une place prépondérante de l’école (et de tout le pouvoir qui s’y accompagnait), il n’en demeurait pas moins que cet emplacement était tout particulièrement bien situé, en effet, elle voyait tout de cet endroit, des professeurs, aux élèves qui se promenaient dans la cours, de jour, comme de nuit.

Elle ne comptait plus les moments où elle avait dû entrapercevoir des élèves enfreindre le règlement que ce soit en installant des farces et attrapes interdites par le règlement ou des élèves qui sortaient de nuits après le couvre-feu. Elle corrigeait quelques copies lorsqu’elle crut entendre du bruit, cela semblait provenir de l’extérieur, les portes venaient probablement de s’ouvrir. Elle s’empressa de se diriger vers l’une des fenêtres pour assister à ce spectacle, elle fut rapidement servie puisqu’elle vit une sorcière en sortir, puis une bonne demi-heure après, suivit d’un jeune homme, tous deux étaient en train de se diriger vers la forêt interdite.

Elle ne put retenir un soupire, en effet, elle se devait malgré l’heure de remplir son rôle. Ainsi, après s’être emparée d’une veste compte tenu de cette période estivale, elle s’était ensuite dirigée vers les extérieurs, baguette en main, déterminée. Qu’est-ce que ce genre de comportement pouvait l’énerver, la gonfler, mais elle se devait de le faire, car après tout, parfois, elle ne pouvait compter que sur elle-même pour faire régner l’ordre dans son académie ; elle ne pouvait tolérer ce genre de comportement. C’est pourquoi, elle ne tarderait pas à les attraper et à les punir avec sévérité.

Sang-pur ou pas sang-pur. Elle parvint rapidement jusqu’à l’entrée de la forêt interdite et elle s’empressa puisqu’elle avait été distancée par les élèves de lancer un sortilège pour parvenir à les retrouver. Elle s’empressa de suivre leur piste sans s’arrêter ou sans se sentir effrayer. Elle était la directrice après tout, elle ferait régner l’ordre et la justice à sa manière, tout en employant ses propres méthodes peu orthodoxes pour y arriver.
Elle entreprit d’allumer car elle ne voyait que très peu, elle fut sur la bonne route, notamment lorsqu’elle put entendre des voix, nul doute qu’elle ne s’était pas trompée. Elle s’empressa d’interrompre toutes ses mièvreries sans employer la méthode douce, elle s’empressa en parallèle de se manifester, à bonne hauteur bien entendu « Et bien, qu’avons-nous là, deux élèves, dehors, qui ne respectent pas le couvre-feu, et qui se sont rendus dans la forêt qui plus est » dit-elle avant de reprendre « J’attends des explications et ne pensez même pas à fuir, je vous en empêcherai, votre punition sera d’autant plus amplifiée si vous le faites, si vous ne le faites pas, je pourrais potentiellement être clémente » dit-elle avec sévérité.

« Je vous écoute, deux sangs-purs en plus, vos parents en seront informés » finit-elle par conclure, baguette en main, prête à réagir. « Poursuivons cette conversation dans mon bureau, je vous laisse me suivre ».

Le froid commençait à se faire sentir. Après tout, c’était une nuit sombre et hivernale qui était sans doute assez avancée pour que le couvre-feu soit à présent établi.
Pourtant, Daemon ne bougerait pas. Tenant toujours sa baguette haute, il défiait du regard toutes les envies de fuites de sa sœur de cœur. Il ne lâcherait rien et d’ailleurs Hope ne semblait réellement pas s’y attendre puisqu’elle le percuta en voulant avancer un peu plus vers la Forêt Interdite

Le jeune fille l’avait regardé comme si elle n’y croyait pas et Daemon avait senti son cœur se pincer un peu plus en réalisant que depuis tout ce temps, elle prenait tant et tant sur les épaules, au point de ne plus croire en l’amitié, la vraie. Au point de rester sidérer par un seul acte amical. C’était terrible et il se promit de remédier à ça aussi. A partir de maintenant, il serait toujours là pour elle. Il pensait l’avoir été mais ça n’avait pas été assez explicite semblait-il. Les actes Daemon. Ce sont les Actes qui comptent se morigéna-t-il.

Le jeune homme ne put retenir sa surprise quand Hope tomba dans ses bras en le remerciant avec tant de ferveur qu’il ne put retenir ses yeux de s’embuer tandis qu’il soupirait de soulagement, la buée sortant par sa bouche. Il la prit doucement dans ses bras et la serra encore plus fort alors :

-        Je serai toujours là pour t…

… Daemon n’eut pas l’occasion de finir sa phrase. Alors que Hope était de dos et n’avait sans doute pas entendu qu’une troisième personne se rapprochait, il vit avec effroi Venus Fawley s’avancer vers eux. Il ne lâcha pas pour autant Hope et lança un regard noir à la directrice -évidemment, il avait fallu que ce soit elle qui les découvre !-.

Le jeune homme écouta sans rien dire les menaces de celle-ci, s’empêchant avec beaucoup de difficultés de lever les yeux au ciel en l’entendant préciser que les parents seraient tenus informés. Personnellement, il s’en fichait. Il décevrait juste un peu plus sa troll de grand-mère et après ?!?

Il prit la main de Hope dans la sienne et lui fit un sourire navré mais chaleureux. Il était temps de rentrer.

En suivant la directrice, il fit un discret clin d’œil à son amie avant de prendre la parole, le plus poliment et le plus humblement possible :

-        Euh… hem… Professeur Fawley, Madame la Directrice…

Il laissa quelques secondes s’écouler avant de poursuivre plus rapidement :

-        En réalité c’est ma faute. Vous me connaissez, j’aime bien la forêt. C’est un formidable terrain d’entrainement et si je veux améliorer mes techniques de combat… enfin j’aime y passer du temps ! Quand vous êtes arrivée, Hope était justement en train de me rappeler l’heure et qu’il était temps de revenir… C’est trop bête et c’est ma faute… J’assume pleinement mes actes mais… pourriez-vous laisser Hope s’en tirer ? Après tout elle ne pensait qu’à bien !

Daemon était bien trop conscient, surtout après la conversation qu’il venait d’avoir avec Hope, que ce n’était vraiment pas nécessaire que tous les deux subissent les foudres de la directrice et plus important : si lui se fichait des humeurs de sa grand-mère… il était plus que conscient des risques de Hope face à ses parents. Il espéra donc de tout son cœur que son mensonge suffise à calmer les ires du Professeur Fawley face à leur faute.

La surprise est grande alors que je me suis précipitée vers la forêt interdite. La certitude qu’il va me laisser alors que je lui ai révélé toute la vérité. Il ne peut en être autrement alors que ce que je lui révèle est honteux pour ceux de notre sang. Il réagit pourtant différemment et manifeste un réel soutien à mon égard. Je suis stupéfaite et réduite au silence par ce sentiment. Je le serre alors très fort dans mes bras tout en le remerciant, incapable de réagir autrement. Il prouve son amitié à mon égard comme personne ne l’a jamais fait auparavant. Pour une fois, je me sens comprise et écoutée telle que je suis et non pas pour l’image que je renvoie. Alors qu’il m’affirme qu’il sera toujours là, une autre voix résonne. Une voix synonyme de très gros ennuis alors que je reconnais la directrice de l’école. Les ennuis risquent d’être sérieux alors que nous avons enfreint le couvre feu. Je regarde Daemon très inquiète et il n’est même pas question que nous fuyions. Ce serait totalement illusoire alors qu’elle peut nous rattraper en un claquement de doigt. Il est alors évident que nous la suivons jusqu’à son bureau. Jusqu’à ce que Daemon prenne la parole en premier. J’écoute son discours avec stupeur. Il me protège, cherchant par son discours à m’épargner les conséquences de nos actes. Je devrais sûrement suivre son plan pour ne pas risquer d’être puni et que mes parents soient prévenus. Je pourrais sûrement ainsi me dédouaner et lui laisser porter la responsabilité. Un comportement que j’ai souvent vu chez des camarades alors que chez certains, il n’y a aucune culpabilité à laisser un autre être puni. Pourtant, je ne peux pas. Je ne peux pas agir ainsi alors qu’il vient de me donner une des premières preuves d’amitié.

Je sens alors un courage inconnu monté en moi et je prends la parole avec une assurance que je ne me connaissais pas auparavant. “Non Daemon, tu n’es pas responsable. Madame la directrice, c’est moi qui me suis rendu dans la forêt interdite. Je ne sais pas pourquoi, j’avais besoin de réfléchir et de prendre l’air et je n’ai pas du tout pensé aux conséquences. J’ai agi sans réfléchir et Daemon ne mérite pas de payer pour mes bêtises. Je vous présente mes excuses pour avoir enfreint le règlement. Est-ce que vous pourriez laisser Daemon en dehors de cela s’il vous plaît? Il a été là pour justement me rappeler le règlement et m’empêcher de me mettre en danger en m’évitant d’aller plus loin dans la forêt interdite. Heureusement qu’il était là. Je suis prête à assumer une punition plus importante si vous estimez cela nécessaire et que cela lui permet de ne rien avoir. S’il vous plaît Madame la directrice”. J’ai un regard en sa direction qui appelle à une forme de clémence. Mon ton est respectueux et malgré qu’il reflète ma panique intérieure, je suis affirmée dans ma manière de parler. Je n’ai pas envie qu’il soit sanctionné à cause de moi et cela évapore tout le manque de confiance en moi que je peux ressentir. Quand il s’agit d’une personne que j’apprécie, les choses sont bien différentes. Pendant quelques instants, la Hope perdue et déprimée s’est envolée pour laisser place à une amie qui désire plus que tout défendre celui que je considère comme un ami.

Nyx travaillait tout particulièrement tard. Elle était encore dans son bureau lorsqu’elle avait entendu du bruit de sa fenêtre, mais surtout quelques lumières en provenance de l’extérieure, des lumières qui se dirigeaient vers la forêt interdite. Elle n’avait guère pu s’empêcher de soupirer. Elle qui dirigeait cette école depuis la rentrée et qui en exigeait la perfection ; elle se retrouvait être en train de réparer continuellement leurs bêtises, leurs erreurs et surtout à faire la police, ce qu’elle n’appréciait guère. Décidemment, l’ancien directeur avait trop laissé de liberté à cette génération de sorcier, cela en était tout particulièrement déroutant, elle allait devoir y remédier, plus elle voyait, et plus elle s’en apercevait.

Les idées ne manquaient pas et elle comptait bien faire de cet endroit une élite parmi les élites, mais pour se faire, elle se devait d’intervenir et de faire comprendre aux élèves qu’elle se trouvait désormais aux commandes et que l’ancien régime n’existait plus et qu’il y avait désormais davantage de règles à suivre et un comportement exemplaire à avoir : savoir des personnes dignes et non des babouins braillards et empotés comme ils avaient pu l’être.

C’était dans cette perspective qu’elle s’était rendue à la poursuite de ses élèves insubordonnés car il ne pouvait s’agit que d’élèves. Elle était parvenue à les suivre, et à les surprendre qui plus est. Elle réclamait des explications, et le regard froid et imperturbable, elle attendait leurs explications. Il n’en demeurait pas moins qu’elle était tout particulièrement déçue de constater qu’ils appartenaient tous deux à des familles nobles, elle n’en demeurerait pas moins stricte avec eux, il fallait malgré tout qu’ils comprennent, même si elle serait plus coulante qu’avec de vulgaires sangs-mêlés ou nés-moldus.

Elle ne put s’empêcher de soupirer, ils étaient désespérants, à se protéger l’un et l’autre pour daigner sans sortir. Cela n’était guère plaisant à regarder ou encore à assister à ce genre de scène. « Taisez-vous » leur dit-elle avant de reprendre « Dans mon bureau, nous poursuivrons dans mon bureau je vous prie » leur dit-elle, les invitant à passer devant et à les suivre.

Le trajet fut calme et long mais elle parvint à atteindre leur destination avec ces deux jeunes élèves, elle s’empressa de s’installer, les laissant debout, réfléchissant par la même occasion à leur sanction, tous deux seraient punis, elle écrirait également à leur famille, elle ne pouvait pas laisser cela sans que les familles en soient bien évidemment informées. Elle devrait cependant garder tout ceci à l’intérieure de l’école et non que certaines informations ne fuitent, la réputation de l’école demeurait après tout en jeu, elle se devait de tout faire pour la préserver.

A commencer par montrer l’exemple et à les punir pour ce qu’ils avaient fait « Bien, maintenant que j’ai entendu vos deux versions, je peux sans le moindre problème desceller un mensonge en provenance de l’un d’entre vous » leur dit-elle sans attendre et tout en regardant avec intention le jeune Blackwood. « Avez-vous des choses à ajouter ? » leur demanda-t-elle sans attendre.

« Je pense qu’il est inutile de vous dire que vos familles en seront informées »

Il était hors de question pour Daemon que ce soit Hope qui prenne. Alors il avait dit ce qu’il avait dit. En réalité, c’était en partie vrai. Il était bien entré dans la forêt en premier, il s’y était bien entraîné, il avait bien oublié l’heure. C’était la suite qui tiquait. Mais ça, la Directrice ne pouvait pas le savoir n’est-ce pas ? A moins qu’elle ait entendu ce que disait Hope et là, c’était une catastrophe. Mais il ne le pensait pas. Non, elle était trop calme pour cela.

Malheureusement, à peine avait-il formulé leur justification que Hope formulait la sienne, décousant fil après fil son argumentaire. Il savait qu’elle avait voulu bien faire et il ne lui en voulait guère… Mais il fit une grimace -derrière le dos de Miss Fawley- en entendant sa sœurette tout se mettre sur le dos. Elle n’avait vraiment pas besoin de ça et avait d’autres choses à régler que de se retrouver avec une punition en plus. Ses parents étaient bien vivants et de véritables sang-purs avec la mentalité qui allait avec ! C’était risqué. De plus, son état moral exigeait une pause. Difficile de la trouver avec la directrice sur le dos. Voilà pourquoi il avait voulu prendre cette responsabilité. D’un autre côté, il chérissait encore plus Hope de son geste. C’était adorable de sa part. Comme d’habitude. Et même si il fallait qu’elle apprenne à se préserver, son amitié était un bien bel exemple. Après tout, il aurait dû s’en douter : Hope n’était pas personne à mettre les fautes sur le dos d’un autre.

Tandis que la Directrice les amenait vers son bureau, le calme se fit quelques temps et Daemon en profita pour réfléchir le plus vite possible. Il savait qu’ils s’étaient tous deux faits prendre. La directrice étant loin d’être bête, il y avait de forte chance pour que leurs laïus l’ait plus agacé qu’autre chose. Bien.

Ils arrivèrent enfin dans son bureau et ses prémonitions visaient justes : elle savait que quelqu’un mentait. Mais Daemon fut presque soulagé : elle ignorait que tous deux mentait. Très bien. Il était temps de répartir les rôles et alors que la Directrice portait son regard plus précisément sur lui, il se tint plus droit. Dans son esprit, il n’y avait qu’une seule façon de s’en sortir :
-        Très bien vous avez raison. J’ai menti. Mais pas totalement. J’étais bien en train de m’entraîner dans la forêt. Et puis je me suis assoupi. J’en ai trop fait. Hope m’a réveillée en passant devant moi sans me voir. Elle se baladait. On a discuté et puis… le temps a passé. Nous ne sommes allés ni l’un ni l’autre dans la forêt interdite. On était à sa limite. Nuance. Pardon. On a vraiment pas vu le temps passer. On est amis et… quand des amis parlent… ça prend parfois du temps.

Evidemment, Daemon ne dirait jamais de quoi ils parlaient. C’était privé après tout. Alors il avait pris le parti de mixer sa propre version à celle d’Hope. Avec un peu de chance, cela suffirait. Ils prendrait sans doute tout deux une sanction mais tant pis. Quoi faire d’autre ? Il avait donc choisi la vérité car rien de ce qu’il venait de dire n’était un mensonge. Il fit enfin couler son regard vers Hope en espérant qu’elle ne s’en rajoute pas sur le dos. C’était mieux pour eux.

Je ne peux pas le laisser s’accuser seul alors que je suis aussi responsable que lui. Je ne sais pas pourquoi il veut me défendre mais il est hors de question qu’il soit le seul sanctionné. J’assumerais même si cela veut dire que mes parents seront au courant. Cela ne fait que rajouter à la longue liste des reproches qu’ils auront à me faire durant les vacances de Noël. De toute manière, quoique je fasse, je les déçois et l’amitié est essentielle à mes yeux. Je le découvre alors que Daemon est le premier pour qui je dois faire cela. Je donne donc une version différente et cela semble agacer la directrice qui nous impose alors le silence jusqu’à son bureau. Je ne regrette absolument pas ce que j’ai fait alors que je ressens une détermination rare chez moi. Le trajet se fait en silence alors que je me demande ce qu’il va nous arriver. Je n’ai jamais été puni à l’école alors que je ne me suis jamais retrouvé en retenue. Je n’ai jamais fait perdre de points non plus à ma maison.

J’ai toujours respecté le règlement jusqu’à cette année. J’ai entendu que souvent les sanctions consistent en des retenues mais jamais rien de bien méchant. J’ai honte que Daemon se retrouve dans cette situation par ma faute. Ils finissent par arriver dans le bureau et elle exige alors la vérité. Elle semble regarder davantage Daemon alors qu’elle parle de mensonge et c’est encore lui qui prend la parole en premier. Il fait un mixte de nos deux versions et je viens alors hocher la tête dans un signe d’assentiment. Il ne me laissera pas porter le chapeau seul et je ne l' apprécie que d’autant plus. Il est présent pour moi même dans ce genre de circonstance et cela compte beaucoup pour moi. Il me fait découvrir ce qu’est réellement l’amitié. “Ce que Daemon dit est la vérité et oui on était à la lisière de la forêt interdite et non entièrement dedans”. Une réalité alors qu’il m’a juste empêché de fuir à l’intérieur. “Nous sommes désolés Madame la Diretrice, nous aurions dû être plus attentif à l’heure et nous le serons la prochaine fois”. Cela est dit sur un ton diplomate afin de ne pas en rajouter davantage.

Nyx s’était rendue jusqu’à la lisière de la forêt interdite, mais pas pour son plaisir. Elle avait entraperçu deux élèves s’y rendre alors que l’heure du couvre-feu était passée. Elle était parvenue à les prendre la main dans le sac, rapidement, elle entreprit d’exiger des réponses et des explications. Elle s’empressa en amont de les avertir que leurs parents/leurs familles en seraient bien évidemment informés. Nyx n’exigeait rien de plus ou de moins que la perfection de la part de ses élèves et cela voulait donc dire, qu’ils se devaient tous et toutes, peu importe leur sang, respecter ses règles. Aujourd’hui, ces deux sangs-purs les avaient enfreints, et ils seraient bien évidemment punis en conséquence, mais en amont, elle était curieuse, curieuse de découvrir les mensonges qu’ils allaient ou non bien pouvoir lui fournir. Elle s’empressa de les inviter à la suivre pour poursuivre cette discussion dans son bureau.

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Lorsqu’elle fut dans son bureau, elle s’empressa de les inviter à s’installer et de leur demander de plus amples explications. Bien évidemment, lesdites explications se contredisaient, et elle s’empressa d’exiger d’eux, la vérité et rien d’autre que la vérité, nul doute que l’un des deux devait actuellement être en train de mentir pour couvrir l’un ou l’autre. Qui sait peut-être que finalement, les deux étaient en train de mentir ? Bien évidemment, cela, elle l’ignorait.

Elle se retint de lever les yeux au ciel tellement les explications de Daemon étaient grosses et remplies de mensonges à ses yeux. Elle entreprit de le laisser terminer, avant d’écouter à présent la jeune Hope. Cette dernière confirmait à présent la version de son camarade, et elle s’était empressée de s’excuser pour tous les deux, tout en quémandant sa clémence. Elle manqua un soupire. Au moins, elle ne l’enfonçait pas, c’était déjà une bonne chose.

Pendant ce temps, elle réfléchissait, ouvrant son tiroir, où se trouvait toute une flopée de verre, et de potions qu’elle avait pu bien évidemment concocter, parmi elle, quelques flacons remplis de véritasérum, elle avait une étrange envie de s’en servir, ne serait-ce que pour confirmer ou non leurs dires, elle s’empressa alors de sortir une fiole et de la bouger face aux yeux de ses élèves. « Est-ce votre dernier mot ? » leur demanda-t-elle avant de marquer une pause et de reprendre « Est-ce que vous savez ce qu’est ce mélange ? » leur demanda-t-elle sans attendre.

« Du véritasérum ; à présent que vous avez confirmer vos dires, je suppose que vous accepterez sans la moindre difficulté d’en boire une petite gorgée » ; bien évidemment, elle bluffait, mais cela, il l’ignorait, elle avait tout particulièrement hâte de découvrir leur visage et leur tête, ne serait-ce que pour voir si l’un d’eux trahirait l’autre ? Dans tous les cas, sa décision était prise, ils seraient bien évidemment tous deux punis, et à la même enseigne, elle cherchait juste par cette méthode à les tester.

Daemon était assez censé pour avoir dit la vérité. Une partie de la vérité. Mais ça la directrice ne pouvait pas le savoir. Par le passé il lui était déjà arrivé de se retrouver dans ce bureau et par connaissance de cause, il savait que dire la stricte vérité était la meilleure des solutions. Cela ne voulait pas dire qu’il avait à lui narrer la conversation avec Hope ni ce qu’elle lui avait secrètement avoué. De ce côté, elle pouvait être tranquille. Il ne lâcherait rien. Sa plus grande inquiétude était seulement que la Directrice les avait retrouvés dans les bras l’un de l’autre… Il fallait avouer que ça pouvait prêter  à confusion… Si cette confusion pouvait aider pour garder le secret de Hope… il n’était pas certain que ni l’un ni l’autre n’ait envie de prendre ce risque malgré tout ! Il faillit sourire à cette pensée… Jusqu’à ce que la Directrice ouvre le tiroir et montre un flacon… de Veritaserum. Si Daemon savait les effets que cela avait sur celui qui le buvait, il ignorait jusqu’où irait ses révélations : comment être sûr qu’il ne révélerait pas les penchants de sa sœur de cœur ? Mince ! Il fallait absolument qu’il les croit tous les deux. Le jeune homme garda donc un visage neutre, pas impressionné du tout. Il espérait que sa coéquipière ferait de même…
-        Madame la Directrice, si vous y tenez nous pouvons en boire mais sincèrement, ce n’est pas nécessaire : nous avons dit la vérité.
Un battement de cœur passa avant qu’il ne reprenne :
-        Nous nous excusons sincèrement. Nous n’avons pas vu l’heure passer…
Daemon espérait sincèrement que cela suffise. Quitte à prendre une punition, il préférait largement ce risque au Veritaserum. Sa meilleure amie n’ayant vraiment pas besoin qu’elle ou qu’il divulgue son plus gros secret. Si le jeune homme était plutôt assidu en cours de potions, il ne savait pas jusqu’ou pouvait aller la boisson… Après tout, il n’en avait jamais bu… et ne tenais pas à essayer.
Le jeune homme jeta un dernier regard à Hope avant de fixer droit dans les yeux la directrice, d’un air serein malgré tout.