Si quelques clients ne venaient pas couper les tâches ménagères de notre cher Seamus, il aurait presque pu croire qu'il travaillait dans un bar-fantôme. Jamais il n'avait vu une journée aussi calme que celle-ci, mais quelque part cela lui faisait du bien. De ne pas courir à droite et à gauche, de ne pas entendre les éternelles plaintes des clients, franchement il n'allait pas regretter ce calme. Il pouvait au moins prendre le temps de se concentrer sur les plannings, sur les payes, et toute la paperasse qui demandait calme et sérénité. C'était pas une chose aisée de s'occuper d'une entreprise, jamais il n'avait pensé que ça lui prendrait autant de temps. Il n'avait jamais pensé que son grand-père réussissait, à son âge, à s'occuper tout seul de toutes ces tâches. Seamus admirait le courage qu'avait eu ce vieil homme, d'avoir tenu la barre aussi longtemps sans faire couler le navire. Il comprenait désormais la fatigue mentale dont il avait si souvent entendu parler sans vraiment savoir ce que c'était. Il fut interrompu en pleine réflexion par la sonnette de la porte, lui signalant l'entrée d'une personne dans le bar. Il referma alors le cahier des plannings, relevant les yeux pour apercevoir un autre collègue, Khalen. Son visage se fendit d'un sourire amical, tandis que son rival s'asseyait au bar en lui demandant, moqueur :

« Salut Seamus ! Tu nous as préparés quoi comme cocktail explosif ce coup-ci ? »

Sa réputation d'homme à tout exploser était visiblement restée même après Poudlard. Cela n'était cependant pas un problème pour lui, il avait toujours assumé qu'il était du genre dangereux. Les chaudrons n'avaient qu'à bien se tenir ! Il rigola franchement à la plaisanterie de Khalen, avant d'attraper un shaker. Il y versa une dose de vodka, deux doses de sirop de pomme, ainsi qu'un peu de sucre de canne, à quoi il ajouta cinq glaçons. Il mélangea le tout avec son shaker, prenant un réel plaisir à préparer ce cocktail. Il versa le résultat dans un verre à pied, avant d'y ajouter de l'eau gazeuse. Sa main attrapa une rondelle de citron fraîche, ainsi que deux séchées. Il déposa les deux dernières dans le verre, les laissant tremper dedans, puis coupa une partie de la première pour la mettre sur le côté. Il ajouta une paille, et tendit le verre à son collègue en répondant d'un ton professionnel :

« Celui-ci, c'est le petit dernier ! Je l'ai appelé "l'Expulso". Dit-moi ce que tu en penses, mon cher cobaye ! »

Il se servait effectivement de son collègue, ami, rival, pour goûter sa nouvelle invention.

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