• • • La nuit était tombée depuis longtemps, la lune haute dans un ciel noir d’encre. Une horloge toute proche, Big Ben pour ne pas la nommer, sonnait ces derniers coups avant l’heure fatidique de minuit. Le calme emplissait l’air froid et humide de ce début janvier 2002, une brume pouvant apparaître presque malveillante l’épaississait au travers des rues et ruelles trop silencieuses. Un chat à la robe entièrement noire bondissait subitement hors d’une ruelle, un mauvais présage comme plusieurs le diraient. Un mauvais présage remontant aux légendes de la chasse aux sorcières, au diable même. Peu avait cure si sorcières et sorciers avaient réellement existés de nos jours, s’ils bondissaient derrière un lit vous lançant un mauvais sort. Balivernes n’est-ce pas ? Histoires à faire peur aux enfants ?

Et cela m’allait très bien comme ça.

Silencieux à outrance, je me mouvais lentement dans un monde cruel et désirant justement notre chasse et mort à nous, sorcières et sorciers de ce temps. Ils ne nous connaissaient plus, nous ayant oubliés outre en cette fête de Samhain - ou Halloween - qu’ils fêtaient avec trop d’insouciance si je puis dire. Un jour, je la leur ferais payer, mais ceci était une autre histoire. Je ne payais pas de mine, bedonnant. J’avais un visage rond et un peu trop simplet pour qui je fus réellement. C’était dans les plans, un garçonnet de deux ans, accroché comme si sa vie en dépendait à moi. Il tenait à moi enveloppé dans une large cape gris terre et sécurisé par mon corps et souffle chauds dans cette nuit glaciale. Je marchais 45 minutes ainsi tel un voleur entre les maisonnées, les commerces et ces multitudes ruelles serpentant de partout. On y était presque, le ministère de la magie déjà loin derrière j’apercevais enfin l’orphelinat faisant montre le bâtiment vétuste de ce côté-ci. Attendant deux, trois minutes je m’y dirigeais avec une belle discrétion tapochant finalement de ma baguette magique quelques pierres éparses sur un coin de mur, celles-ci me cédant un passage pour se refermer aussitôt ensuite.

L’orphelinat était dirigé par une sorcière du nom d’Eleonore Clements, une femme respectable et loyale à nos politiques – à tout le moins, je n’avais eu pour le moment que des compliments à lui faire. – Peu connaissait l’existence de cet enfant descendant de voyants célèbres, mais s’étant malheureusement rebellés contre le Seigneur des Ténèbres. Seul celui-ci, Morgana et moi-même connaissaient ainsi, le pouvoir que recelait ce bambin innocent et, pour le moment, s’endormant peu à peu au creux de mes bras.

Cinq minutes me suffiraient pour atteindre les appartements d’Eleonore Clements à partir de cette porte dérobée, cinq minutes bien exécutées qui me verraient reprendre peu à peu ma véritable apparence lorsque je l’en aurais passé.

Miss Clements connaissait pour une arrivée imminente d’un homme accompagné d’un bambin grâce à l’envoi d’une lettre signée du ministère de la magie sans pour autant spécifier la personne l’ayant écrite en Morgana Lestrange. Elle ne serait donc pas surprise de ma présence ici, alors que mes doigts cognaient quelques coups volontaires à la porte de ses appartements.