La famille est une chose essentielle mais à vrai dire des différences existent depuis notre plus tendre enfance avec ma jumelle. Nous avons toujours été proches toutes les deux, même très fusionnelles malgré nos caractères si différents. Notre mère a toujours été proche de nous et elle a d’ailleurs été dans la confidence du don d’Arya avec moi. Avec père , cela a toujours été différent car il attendait un héritier mâle. Quand Adrian est né, son attention s’est focalisée quasiment exclusivement sur lui. J’ai grandi ainsi, considérant que cela est une réalité avec laquelle je dois vivre sans venir y porter un quelconque jugement. Une réalité de notre monde alors que je cherche plutôt un moyen de tirer mon épingle du jeu. J’ai construit mon identité ainsi dans l’ombre, développant mes compétences sans le montrer d’une quelconque manière. Je sais qui je suis et ce que je désire. La seule chose complexe a été l’annonce de mes fiançailles. La preuve évidente que je ne suis qu’un pion que mon père manipule ainsi qu’il l’entend. Cela m’a conduit à mettre bien plus de distance avec mon père et surtout ma mère. Une réaction froide et en réalité peu visible. J’ai fait mine d’être la parfaite jeune femme ainsi qu’il est attendu de moi, obéissant docilement à ces fiançailles imposées sans le moindre gant.

Je sais qu’il est essentiel que je sois fiancée et que cela fait partie de mes devoirs mais j’aurais aimé en être informée bien en amont et pas mise devant le fait accompli de quelque chose qui a déjà été acté. Si je ne suis qu’un pion, il est donc essentiel que je développe dans le plus grand des secrets mon jeu afin de pouvoir en tirer l’intérêt nécessaire à mes yeux au moment venu. Tant de raisons qui peuvent amener à l’annulation de fiançailles sans que je n’ai besoin d’avoir le moindre éclat de comportement. Pour l’instant, j’attends tapi dans l’ombre de faire connaissance avec mon fiancé. Son comportement et sa manière de passer mes tests déterminera mes réactions. Je suis tel un chasseur tapi dans l’ombre à observer ma proie. Nul n’a besoin de savoir ce que je pense réellement de mes fiançailles et je me tais donc, attendant silencieusement que mon heure soit venue. Cela ne fait que renforcer ma détermination à développer mes compétences et mes plans dans le plus grand des secrets. Sauf que le bal est venu révéler un des aspects de mion plan. A vrai dire, cela ne m'atteint en aucune manière. Cela m’a ouvert des opportunités inespérées et chacun est libre de penser ce qu’il veut. Une révélation publique mais je n’étais pas la seule et des secrets bien plus grave ont été révélés. Si le mien est vrai, pourquoi les autres secrets seraient-ils faux? J’ai observé les réactions de chacun dans la plus grande impassibilité, ne laissant ainsi rien montrer de ce que je pouvais en penser.

C’était intéressant finalement alors que cela amène des informations qui m’étaient alors inconnues.Il va d’ailleurs falloir que je revois mon réseau afin de le rendre bien plus efficace. Depuis le bal, les vacances ont commencé même si moi je travaille encore à Sainte Mangouste. Je profite des jours de repos pour être au manoir familial. Je suis dans ma chambre en train de travailler sur la composition d’un poison de mon invention. J’aimerais pouvoir venir paralyser le système nerveux grâce à une potion. L’aconite me semble un excellent ingrédient pour ce genre de poison mais il faudra que j’expérimente et surtout que je trouve des cobayes pour tester. J’en suis à prendre des notes quand j’entends toquer. D’un geste précis, je planque tout ce qui pourrait laisser penser à des recherches sur les poisons et j’attrape un livre de médicomagie qui trônait sur ma table de chevet. L’habitude du secret est bel et bien ancrée. J’entends la voix de mon père désirant me parler. Froide et impassible, je me lève pour ouvrir la porte. “Oui bien sûr père, entrez”. Je l’invite à entrer dans ma chambre, faisant déplacer une chaise d’un mouvement de baguette pour l’installer face à mon lit. Je me réinstalle sur mon lit en tailleur après avoir refermé la porte derrière lui. “De quoi désirez-vous me parler?” Mon ton est doux et poli. Telle une fille modèle qui attend sagement la parole de son père.[/color]

Il est rentré dans sa chambre pour la première fois. Jamais il n’a cherché à venir ni à la connaître réellement. Elle est sa fille mais il a toujours montré bien plus d’intérêt pour le frère. Depuis la naissance de celui-ci, les jumelles ont surtout été proches de leur mère. Le secret a rapidement été d’actualité alors que le don d’Arya n’a été connu par leur père que bien après les autres. Tout comme il ne sait toujours pas qu’Ayla est devenue occlumens, perpétuant ainsi la tradition familiale grâce à sa jumelle. Il fallait qu’Arya puisse avoir des instants de répits avec son don et finalement cela plaît beaucoup à Ayla. Pouvoir préserver son esprit de toute intrusion et ainsi garder tous ses secrets. Ayla a rapidement appris à tout garder masqué et à ne rien révéler de ses intentions ou projets. Il n’y a que ceux qui lui sont véritablement proches qui peuvent prétendre en savoir un peu plus sur elle. Il rentre dans la chambre, en compagnie du fléreur. Elle l’observe s’installer sur le bureau alors que son père prend la parole. “L’occasion ne s’était probablement jamais présentée avant aujourd’hui”. Il faudrait qu’il lui accorde réellement de l’intérêt . Elle se demande d’ailleurs ce qui l’amène en ses lieux mais elle n’en montre rien. Son visage reste inexpressif et totalement froid alors qu’elle ne montre jamais ce qu’elle ressent.

Elle le questionne sur les raisons de sa présence mais sans obtenir de réponses. Toute tentative est interrompue par une chute de son père, trébuchant sur le tapis et venant heurter sur le lit. Un léger sourire apparaît sur son visage alors qu’elle ne bouge pas d’un iota. La chute n’est en rien grave et cela est bien plus drôle que triste. Suffisamment pour qu’elle laisse échapper une micro expression sur son visage. Il est possible d’y lire un brin d’amusement un instant avant que la carapace ne reprenne forme. La voix a une teinte ironique alors qu’elle reprend la parole. “Le tapis n’est pas responsable”. Il est amusant de constater qu’il peut se montrer ainsi maladroit et de le voir sous une facette non contrôlée. Elle est toujours assise sur son lit alors qu’il est au sol et elle ne bouge pas, le laissant ainsi se débrouiller. L’expression est de nouveau indéchiffrable. Il exige le silence au sujet de l’incident mais elle décèle surtout de la malice dans sa voix. Il est assez étrange de constater un changement d’habitude de la part de son père. “Je pourrais le garder soigneusement secret”. Une phrase qui recèle tant de sens alors qu’elle finit par se relever pour aider son père à se relever. Une brève ouverture dans leur relation en cet instant. Un léger sourire s’installe de nouveau sur les lèvres alors qu’elle ajoute cette fois avec malice. “Si je suis ce que vous m’avez enseigné, tout silence a un prix”. Autant une vérité qu’une tentative d’humour.

Un léger sourire est apparu alors qu’il s’est pris les pieds dans le tapis. Un peu de taquinerie s’est lue dans ses yeux avant qu’elle ne s’avance pour aider son père à se redresser. La sollicitude est présente tout autant que de la malice. “Un serment inviolable pour cela serait de trop. Et cela enlèverait l’occasion de créer des souvenirs familiaux”. Elle sait qu’autant sa mère que sa soeur serait ravie d’avoir cette information et qu’il risque d’en entendre parler longtemps. Cela ne sortira jamais de la famille alors que la réputation de la famille est bien trop importante mais à l’intérieur du cercle familal, les choses sont bien différentes. “Elles vont être ravies de l’apprendre”. Oh oui, Ayla ne se privera pas de le raconter. Le sourire s’agrandit un instant alors que le sujet est léger. Ses mots suivants trahissent pourtant la colère qui a pu se former ces derniers mois. Elle est le reflet de son éducation et il est temps de lui renvoyer ce qu’il a pu lui enseigner.

Ayla reste totalement de marbre alors que son père s’excuse et son regard se durcit alors que le sujet des fiançailles est abordé. Le sourire a totalement disparu à cet instant et il ne reste plus que l’image qu’elle donne habituellement. Le masque est désormais remis alors que son père se livre. Un fait extrêmement rare alors qu’elle ne pense jamais l’avoir entendu présenter des excuses à quiconque. Pourtant rien ne s’affiche sur son visage alors qu’elle ne manifeste aucune émotion. La colère sur ses fiançailles est encore bien trop présente pour qu’elle accepte aussi aisément. Il l’a manipulé comme un pion et elle a parfaitement conscience de n'avoir commis aucune erreur depuis l’annonce de ses fiançailles. Elle s’est montrée parfaite en apparence même si les plans pour se débarrasser de son fiancé sont présents dans un coin de son esprit. Elle n’a donc rien à se faire pardonner et elle ne va pas céder aussi facilement. “Vous vous en rendez enfin compte mais cela ne change rien à la situation”.

Le ton est froid alors qu’elle ne peut s’empêcher de continuer à lui en vouloir. Il a décidé de ses fiançailles sans même venir l’informer. Les excuses prendront du temps à être acceptées si elles peuvent l’être à un moment. Il est bien complexe de venir digérer de n’avoir été qu’un pion. La distance s’est agrandie pour cette raison et il en faudra bien plus pour espérer un rapprochement entre les deux. Surtout qu’elle lui en tient rigueur pour sa jumelle également. Rien ne se serait produit ainsi s’il avait agi autrement et cela elle ne l’oublie pas. “S’excuser ne sert à rien si les choses ne changent pas”. Elle attend bien plus que des paroles et c’est des actes qui seront nécessaires. Des mois que la colère se tapi au fond d’elle et qu’elle demande à sortir. Pourtant le ton reste posé et aucun mot n’est plus haut que l’autre. Le regard d’Ayla se pose dans celui de son père alors qu’elle se révèle sous un jour nouveau. Elle n’a plus rien de la fille douce et disciplinée en apparence et son tempérament dur et froid se révèle bien loin de l’impulsivité de sa sœur.