Depuis le bal, Daemon n’allait pas bien. Il mangeait très peu, buvait beaucoup -et de tout-… Il devenait violent, ne suivait plus du tout les cours et passait son temps à lancer des sortilèges. Il avait de grandes cernes sous ses beaux yeux verts, les joues plus creusées que jamais et une barbe de 10 jours.

Le choc que son plus grand secret ait été dévoilé l’avait mis complètement K.O. Il était au fond d’un puit sans fond et même « Lumos Maxima » ne permettrait pas de l’éclairer.

Clairement, il avait besoin d’aide. Il se sentait comme victime d’un détraqueur. Il était morne, se fichait de tout et de tous le monde… Il s’isolait de plus en plus. Daemon ne pensait qu’à une chose : Angèle. Sa petite sœur. Il aimerait tellement pouvoir la serrer dans ses bras, la savoir en vie ! S’excuser de l’avoir laissé tomber au pire moment…

Aujourd’hui, il se tenait assit, les pieds en avant dans l’herbe gelé du parc de Poudlard, avachi contre un arbre. Il tenait une petite fiole de Whisky Pur Feu -qu’il s’était procuré par un élève des cours supérieur allé s’approvisionner à Pré-Au-Lard- dans une main, la baguette plantée dans l’autre. Il décimait les alentours, faisant gicler la terre tout autour de lui avec un manque de discrétion flagrante et n’utilisant que les sortilèges les plus violents qu’il connaissait.

Mais… sa baguette sentait son désarroi et ne lui obéissait pas. Quel dommage qu’un jeune si brillant en duel et sortilèges se laissent tomber ainsi ! La baguette lui renvoyait une partie de ses sortilèges, le faisant grogner de douleur, voire tomber. Il avait même glisser sur plusieurs mètres à un moment.

Daemon sentait sa vie lui échapper.

Je suis totalement impuissante depuis le bal alors que j’observe mon meilleur ami s’enfoncer de plus en plus dans un état de désespoir. J’essaie d’être là pour lui, ne le laissant pas tomber. Comme il a été là pour moi. Je mets mon propre état de côté afin qu’il ne soit jamais réellement seul. J’ai remarqué vite sa tendance à l’isolement mais lorsque je tente de m’approcher, il me repousse. Je m’inquiète énormément pour lui alors je ne reste jamais loin même si c’est pour être simplement à distance. Je me refuse de le laisser complètement seul alors même si c’est encore au détriment parfois de mes propres résultats scolaires. Cela ne change pas réellement d’avant même si je tente de m’améliorer surtout dans le cours du professeur Parkinson. Mais il est vrai que je passe surtout beaucoup de temps à observer de loin Daemon et je me sens totalement incapable de lui venir en aide. Je ne sais pas quoi lui dire ni comment faire alors je tente d’au moins lui offrir un peu de présence. Par moment, j’arrive tout de même à l’approcher et à tenter de le réconforter. Il est mon premier véritable ami et le seul qui est au courant de qui je suis réellement. Je ne peux pas l’abandonner, il en est hors de question. J’ai hésité mais voyant ainsi son état perdurer, j’ai fini par me décidé à prévenir un professeur. Le seul en qui j’ai suffisamment confiance pour qu’il puisse aider mon meilleur ami. J’ai glissé une lettre sous son bureau.

Lettre:

Je suis ensuite reparti à sa recherche, espérant que le professeur accepte de l’aider. Je ne veux pourtant pas l’abandonner alors j’y retourne. Prête à y consacrer tout le temps nécessaire. Je sais qu’il est souvent dehors. Je le retrouve assis près d’un arbre et je l’observe lancer des sortilèges. Se faisant mal à lui-même autant qu’à l’environnement. C’est insupportable de le voir ainsi. Un cri de détresse sort de ma bouche alors que je ne sais plus comment faire. “Daemon! S’il te plaît arrête! Ne te fais pas de mal ainsi, laisse moi être à tes côtés ! Je t’en prie.Tu ne m’as pas laissé seule quand j’allais vraiment mal et je veux être à tes côtés. S’il te plait laisse moi venir près de toi. Je veux être à tes côtés”. Ma voix tremble de l’inquiétude que je ressens à son égard et du désarroi le plus complet qui m’anime. Des larmes me montent aux yeux. “Tu es mon meilleur ami, le seul qui me comprend. Je ne veux pas te perdre. Tu es comme un frère pour moi”. Je tente alors de m’approcher quoiqu’il en coûte, même si je dois me prendre un sortilège. Pour lui, je suis prête à tout.

Marcus avait été secoué par le bal. Même si son secret avait été révélé il avait réussi par un tour de passe passe à détourner l'attention de cette révélation en se montrant encore plus dur et impitoyable qu'il ne l'avait jamais été. Personne n'avait osé le questionner ou se montrer méfiant vis à vis de lui. Il était bien trop craint, l'Auror savait qu'il valait mieux être craint et il jouait se personnage à la perfection. Il regagnait son bureau tout en lisant les nouvelles de la propagande de Voldemort dans la Gazette du Sorcier quand son pieds marcha sur une lettre glissée sous sa porte. Il découvrit l'écriture de Hope Travers, son apprentie et protégée. La deuxième depuis Autumn... le souvenir d'Autumn lui fit lâcher un soupir mélancolique.

Hope s'inquiétait pour son ami. Daemon Blackwood, il avait le souvenir de sa réaction au bal, l'être étrange avait parlé d'Angèle mais Marcus n'avait pas retenu plus. Hope était inquiète pour lui et cela risquait de la détourner de ses études. Marcus soupira un long moment puis remit son long manteau. Il monta en haut de la tour d'astronomie et à l'aide d'une longue vue repéra son élève près d'un arbre alors qu'il voyait le jeune désespéré faire n'importe quoi avec sa baguette. Il se mit à courir dévalant les marches puis sortir du château pour se diriger d'un pas décidé vers la scène. Il vit Hope s'approcher de Daemon et tenter de raisonner le jeune homme mais ce n'était pas la méthode que Marcus comptait employé.

"- Miss Travers éloignez-vous je vous prie."

Le ton était ferme, la voix forte et montrait qu'aucune contestation n'aurait été permise.

" Monsieur Blackwood, vous pensez vraiment passer votre colère a frapper la terre avec votre magie ? Vous faites honte à votre sang... Ah ! Si votre père vous voyait que dirait-il ?"

Il le faisait exprès, piquer l'étudiant au vif pour qu'il l'attaque, pour qu'il passe sa colère et qu'il prenne conscience de la situation. D'un mouvement ferme de sa baguette, il envoya valser au loin celle du jeune homme.

" Je vois votre colère qui vous fait perdre la tête, alors allez-vous vous apitoyer sur votre sort comme un misérable sorcier ou vous montrer tel que vous êtes ? Un sang pur, un sorcier, l'élite de la nation et qui plus est un Blackwood. Là je ne vois rien d'autres qu'un misérable clochard moldu... Je pense que votre soeur serait déçue."

Il y était allé fort, il espérait que ce serait le mot qui ferait sortir Daemon de sa léthargie pour le faire entrer dans une colère noire. Il n'attendait que cela et il savait que Daemon n'avait que peu de chance de le blesser.

Daemon ne voyait rien, ne remarquait rien, ne sentait rien. Rien d’autre que son désespoir et une colère qu’il n’arrivait pas à canaliser. Aussi, si sa « sœurette », sa meilleure amie, Hope, avait été prêt de lui, il ne le remarquait pas. Il était obnubilé par les souvenirs glauques de sa sœur Angèle enlevée sous ses yeux… De sa grand-mère le lui reprochant encore et encore… de ses parents changeant et donnant leur vie pour la cause du Lord… et par cette terrible soirée au bal, où il avait encore une fois été impuissant face à une vérité qui lui déchirait les entrailles depuis des années.
 
Ce matin, il tremblait de froid mais ne s’en apercevait pas, lâchant dans sa baguette toutes sortes de sorts, certains qu’il connaissait à peine. Les sorts lui revenaient tous en partie, sa baguette ne canalisant pas correctement la colère et la puissance du jeune homme et celui-ci n’essayant même pas, en réalité, de bien faire.

-        Diffindo !

La terre explosa autour de lui et le sort lui revint en partie. Il lâcha un grognement de douleur. Ce sortilège étant sensé entаіllеr lеѕ оbjеtѕ еt lеѕ еnnеmіѕ à dіѕtаnсе еn іnflіgеаnt dеѕ dégâtѕ соnѕіdérаblеѕ, il eut la chance de ne pas se faire plus mal qu’une longue entaille du poignet au coude droit.
Alors qu’il buvait une longue gorgée de Whisky Pur-Feu, il releva enfin la tête, plissant des yeux fatiguée vers Hope qui lui parlait. Il n’écouta pas tout. Il s’emprisonnait dans un cercle vicieux, n’écoutant plus que sa colère, celle-ci alimentant ses plus bas instincts.

-        Je suis pas un frère pour toi ! Je suis un frère pour PERSONNE ! Je suis trop nul pour ça.

Les mots étaient durs et crus… mais comment être là pour qui que ce soit alors qu’il avait laissé ses parents s’échapper vers la mort et sa petite sœur, l’innocence même, se faire kidnapper ?!?

Daemon ouvrit à nouveau la bouche, levant sa baguette et fixant un point de manière très approximative mais celle-ci lui échappa des mains, atterrissant tout prêt de Hope.
Le Professeur Marcus Parkinson était là. Génial. Daemon lui vouait un grand respect et en temps normal il se serait senti honteux face à lui. Il se serait relevé promptement, aurait essuyé la terre sur sa cape, essayé de cacher l’alcool… Mais pas aujourd’hui.

-        MON PERE EST MORT ! MORVEUX !

Il enchaîna en ricanant et en répétant tout bas, fixant Marcus Parkinson avec un grand dédain « honte à mon sang ». Il pouffa en se moquant de lui. Il continua de ricaner face à toutes les belles paroles du Professeur, car l’argument du sang ne lui faisait ni chaud, ni froid. Mais il perdit son écœurant sourire d’un coup. Il ferma la bouche et plissa les yeux de colère vers son Professeur. Quelques instants plus tard, il se relevait en chancelant, se tenant à l’arbre derrière lui d’une main. Il haussa la tête et ses yeux aurait pu lancer des éclairs. Marcus Parkinson avait osé évoquer sa sœur ! Sa Sœur !!!

-        Espèce de sale… TROLL !

Daemon s’élança d’un coup vers le professeur et lui décocha un magnifique upercut dans la pommette droite. Enfin… voulu. Car il avait à présent trop d’alcool dans le sang. Il envoya valser son poing et ne fit qu’effleurer la peau de Parkinson avant de glisser et de se rattraper… au bras du professeur. Un peu plus stable, il le rua de coups, les larmes dévalant ses joues, sa bouche crachant des insultes, le visage rouge de colère. Il se sentait épuisé mais sa colère ne diminuant pas, il continuait.

-        VOUS ÊTES TOUS PAREILS ! Des merdeux qui se croient supérieurs ! C’est pourtant un moldu qui a enlevé Angèle et les SORCIERS n’ont RIEN pu faire ! MAGNIFIQUE ELITE HEIN ?

Daemon finit par s’effondrer au pied de son professeur. Mais il n’en avait pas finit et il se traina vers Hope… vers sa baguette :

-        DONNE LA MOI !

Je ne peux laisser celui que je considère comme mon meilleur ami dans cet état. Je suis présente pour lui, ne le lâchant pas d’une semelle mais il ne semble pas s’en rendre compte. Depuis le bal, il est ainsi et je me sens totalement impuissante. Rien de ce que je peux faire ne semble lui être d’une aide quelconque alors j’ai fini par faire appel au professeur Parkinson. Je ressens une grande confiance envers lui alors qu’il est décidé à m’aider et m’a même pris sous son aile. Une chance que je ne suis toujours pas certaine de totalement mériter. Peut-être qu’à un moment, il se rendra compte que je ne le mérite pas autant qu’il le pense. Cette pensée qui s’insinue en permanence dans mon esprit et que je n’arrive pas à déloger pour l’instant. Pourtant ce n’est pas ma priorité à l’heure actuelle alors que je veux surtout aider Daemon. Je le suis partout, ne le laissant jamais seul et cela ne m’aide pas à remonter mes notes ainsi que le professeur le demande. Il m’est difficile de venir en cours alors que je sais qu’il est dans le parc. Alors par moment, comme là d’ailleurs, je sèche des heures de cours afin de rester auprès de lui. Pourtant, rien de ce que je fais ne semble lui être d’une quelconque utilité. Il ne semble même pas se rendre compte de ma présence. J’ai écrit au professeur Parkinson mais ne sachant pas s’il va intervenir ou non, je suis retournée au plus vite auprès de Daemon, tentant même de le raisonner. Sa réponse est dure à entendre alors qu’il est très difficile de l’écouter se dévaloriser ainsi. “Tu n’es pas nul Daemon. Cela a dû être très difficile pour toi d’entendre ce qui a été dit au bal mais quoique tu dises, je serais toujours présente pour toi et je te considérerais toujours comme un grand frère”.

Je suis totalement sincère alors qu’il pourra toujours compter sur mon soutien. Je n’ai pas le temps d’en dire davantage que le professeur Parkinson arrive tout m’ordonnant de m'éloigner. Je recule d’un pas mais sans pouvoir me résoudre à partir totalement. Ses mots sont très durs et je ne comprends pas qu’il lui parle ainsi alors que Daemon traverse une période difficile. Je ne reconnais pas le professeur qui m’a rassuré et servi un chocolat chaud après m’avoir convoqué pour comprendre ce qui se passait. Je l’entends appuyer verbalement sur des points douloureux pour Daemon et j’observe mon ami réagir avec violence. Il devient violent dans ses mots et dans ses gestes. Des larmes apparaissent dans mes yeux alors que je sers mes poings. “Mais professeur!! Pourquoi vous lui parlez ainsi? Il a besoin de soutien, il va mal. Il n’a pas besoin d’être encore plus enfoncé”. C’est un cri du cœur alors que je désire défendre mon ami. Je suis souvent réservée, dans mon coin à me dévaloriser et quasiment personne ne m’entend m’exprimer ainsi. Pourtant pour une fois, j’ai la voix assurée et une volonté de fer. Je ramasse la baguette de Daemon et je viens m’interposer entre lui et le professeur. Ma détermination ne faiblit pas alors que Daemon m’hurle de lui rendre sa baguette. “Non je ne te la donnerais pas. Tu peux me frapper dessus si tu en as besoin mais je vais la garder. Tu n’es pas en état”. Je garde la baguette hors d'atteinte et ma voix garde cette assurance alors que je suis certaine que c’est une mauvaise idée de lui rendre. Je n’ai jamais ressenti autant de confiance en moi qu’à cet instant où je désire juste le bien d’un de mes plus proches amis.

Marcus commençait à s'énerver. Même si il avait voulu provoquer volontairement l'élève son manque de maîtrise de lui-même commençait à vraiment l'agacer. Sans baguette, il s'était rué à mains nues sur le professeur et Marcus avait senti le poing de Daemon froler sa joue mais sa bouche s'était quand même emplie d'un gout ferreux. Sa lèvre saignait. Il ne disait pourtant rien, ne bougeait pas tandis que Daemon était tombé à ses pieds. Le professeur s'en voulait quelque peu également. Hope, sa protégée l'avait appelé au secours et il était venu, mais sa manière d'intervenir n'avait pas du être anticipée par la jeune sorcière qui s'était presque attendue à ce que Marcus prenne Daemon dans ses bras pour le rassurer mais, ce n'était pas la bonne méthode. Il avait besoin d'un coup de pied.

Daemon hurla à Hope de lui rendre sa baguette ce qu'elle refusait strictement de faire. Elle avait raison. Daemon était là, aux pieds du professeurs, à moitié couvert de boue et de sable, empestant l'alcool, crachant sa haine du monde. A ses yeux la Terre entière était coupable de l'enlèvement de sa soeur mais surtout lui. Il avait une culpabilité qui le rongeait littéralement. Marcus comprit ce dont avait besoin Daemon, il fallait désormais agir.

Marcus donna un violent coup de pied dans l'épaule de Daemon pour finir de le faire chuter au sol. Il sortit sa baguette et la fit tournoyer au dessus de lui en chuchotant quelques mots connut de peu de sorcier. Aussitôt le ciel calme et paisible se facha et des nuages noirs se ruèrent au dessus de la position des élèves et du professeur. Des nuages noirs, menaçant et des éclairs qui frappaient avec violence la terre autour d'eux projettant des mottes de terre partout. Le fracas des éclairs couvrant la moindre tentative de prendre la parole. Marcus chuchota un nouveau mot et ses yeux devinrent noirs, les iris disparurent et tout l'oeil du sorcier devint noir, sa voix devint rauque et ténébreuse et il se mit à hurler des mots qui firent décoller Daemon du sol comme un pantin désarticulé. Un autre mouvement de baguette et Daemon se retrouva projeté dans le lac noir situé à quelques mètres d'eux assez violement pour l'hébeter un peu mais pas assez pour le blesser. D'ailleurs Marcus avait agit en toute sécurité, maîtrisant suffisamment ses sorts pour que personne ne soit blessé.

Aussitôt que Daemon fut plongé dans les eaux froides du lac noir le ciel redevint calme et les éclairs céssèrent, un autre mouvement de baguette et les mottes de terre reprirent leur place initiale comme si rien de tout ça ne s'était déroulé. Marcus se dirigea vers Hope en posant sa main sur son épaule:

"- Hope, je sais que ce n'est pas ce que tu voulais en me faisant venir. Tu as beau avoir les meilleures intentions du monde, le prendre dans tes bras et le rassurer ne marche pas. Daemon n'a pas besoin d'être rassuré, il a besoin de laisser sortir sa colère et sa culpabilité. En lui montrant la puissance comme je viens de le faire je lui ai montré que s'appitoyer sur son sort ne servait à rien et que seul la maîtrise et la puissance et le savoir pourraient l'aider. Je l'ai volontairement provoqué pour qu'il laisse exploser la colère qui le ronge. Tu verras quand il sortira du lac tout ira mieux normalement... Je suis désolé de ne pas t'avoir prévenu mais il devenait dangereux pour toi et pour lui-même."

Alors que Hope lui témoignait à nouveau son soutien, Daemon ne put s’empêcher de rire de dépit :
-        Il ne vaut mieux pas m’avoir comme frère Hope. Tu ne sais pas ce que j’ai fait à la précédente !!!
Les mots se cassèrent dans sa gorge alors que les souvenirs s’imposaient à nouveau à lui et il plaqua ses mains contre son front en hurlant de douleur. Un deuxième cri suivit le premier. De rage cette fois en voyant Hope lui refusait sa baguette. Elle s’était mise entre le Professeur et lui et semblait clairement le craindre… mais restait très digne. Peu importait. A ce moment, Daemon n’était plus lui-même. Il ne voyait pas en face de lui sa « soeurette » ou un respectable Professeur mais plutôt deux personnes qui lui compliquaient la vie. Comme si il avait besoin de ça ! Alors qu’il tentait de se relever pour arracher sa baguette de force à Hope, un violent coup de pied lui coupa le souffle et il tomba minablement dans l’herbe en se tenant l’épaule. Le Professeur Parkinson avait osé le frapper :
-        ORDURE !


Mais tandis qu’il relevait la tête vers le Professeur Parkinson, il le vit chuchoter. Il s’arrêta net, presque absorbé par ses yeux qui avait viré aux noirs tandis que le ciel se couvrait à une vitesse impressionnante. Se reprenant, Daemon se mit rapidement à genoux. Malgré l’alcool qui annihilait ses sens et ses réflexes, il réussit à arracher sa baguette des mains de sa meilleure amie avant de la braquer sur le Professeur. Ce fut tout ce qu’il put faire.  Parkinson hurla et Daemon décolla du sol avec violence. Il lâcha à nouveau sa baguette qui atterrit aux pieds de Hope et quelques secondes plus tard, il s’étalait dans l’eau du lac Noir. L’eau était gelé, par endroit même, l’on aurait pu faire du patin à glace dessus !

Le Professeur savait viser et ne l’avait pas envoyé dans une zone très profonde mais le coup de fouet du froid sur son corps laissa Daemon paralysé quelques temps. C’était comme si tout se calmait en lui. Comme si il retrouvait en partie ses esprits. Il finit par remonter à la surface mais avant de faire émerger sa tête, il hurla dans l’eau, comme pour se vider entièrement de cette rage qui le brûlait. Les bulles s’échappaient en même temps que le cri tandis qu’il se débattait avec lui-même. Une part de lui voulait continuer de haïr le monde et lui en particulier… Mais Daemon était, au fond, profondément gentil. Ce n‘était pas lui que d’être violent, que de rejeter les autres, que de violenter ou d’insulter. Alors qu’il commençait clairement à manquer d’air, il sortit enfin la tête de l’eau glacée avant de nager avec force pour atteindre la rive.

Daemon se traîna sur les cailloux qui bordaient le lac avant de respirer profondément. Il avait clairement froid. Sans doute quelques engelures au passage. Trempé, il s’assit en tailleur en contemplant Hope, puis le Professeur Parkinson. Il tremblait de froid mais ne s’en rendait pas vraiment compte. Le coup de fouet que venait de lui offrir le Professeur était sans doute un des actes les plus salutaires dont il ait eu besoin. Sans compter le courage de sa meilleure amie sur qui il avait hurlé. Ses yeux se remplirent de larmes mais il ne pleura pas. Il préféra baisser la tête pour respirer le plus sereinement possible avant de se relever. Une fois debout, il s’approcha doucement d’eux, presque maladroit et surtout honteux. Blanc comme un linge, il eut tout de même le courage d’affronter le regard de chacun :
-        Merci souffla-t-il. Et… pardonnez-moi. Je… oui. Je suis en colère. Mais personne n’aurait dû en pâtir.
Il se tourna vers Hope :
-        Pardonne-moi. Je ne pensais pas ce que j’ai dit. Je suis heureux de t’avoir pour sœur de cœur.
Puis vers le Professeur Parkinson :
-        Je n’avais pas pour intention de vous déranger Professeur. Pardon.
Si Daemon se sentait plus apaisé, son cœur le faisait toujours souffrir et les images de l’enlèvement d’Angèle lui revenaient en boucle.
-        Je m’en veux tellement.
Se passant une main sur le visage, il soupira, essuyant discrètement les larmes de rage qui pointaient déjà leurs nez :
-        Aidez-moi !

J’ai appelé le professeur à la rescousse alors que l’état de Daemon m’inquiète énormément. J’ai beau tenter de lui parler, il ne me semble pas m’écouter ou être en état de m’entendre. Je me sens totalement dépassé et j’ai l’impression d’être une très mauvaise amie. Je ne suis pas à la hauteur d’être aussi proche de lui alors que je suis incapable de faire quoique ce soit pour l’aider. Mais je ne m’attendais pas à ce que le professeur se montre aussi dur envers lui. Il ne manifeste rien de la douceur qu’il a pu avoir à mon égard. Je pensais qu’il saurait trouver les mots ainsi qu’il l’a fait avec moi mais il se comporte tout autrement. Je suis très inquiète de voir Daemon réagir ainsi et je me sens totalement impuissante. Je voudrais empêcher le professeur de parler ainsi à mon ami mais quand Daemon réagis, je ne fais rien. La violence de son comportement me paralyse totalement. Je peux juste ne pas lui donner sa baguette car j’ai très peur qu’il se mette encore plus en danger et qu’il finisse par réellement se blesser. Le professeur fait des mouvements de baguette et des nuages noirs apparaissent accompagnés d’éclairs. J’ai très peur et je suis pétrifiée sur place. Je regarde le professeur avec un regard de profonde incompréhension. Son regard me terrifia alors que ses yeux étaient devenus totalement noirs. L’envie de disparaître se fit omniprésente mais je devais rester pour Daemon. Je ne pouvais pas fuir et le laisser ainsi seul. Surtout dans cet état.

Je poussais un cri en voyant Daemon être projetté dans le lac. Je voulus courir vers lui pour lui porter secours, prête à me jeter dans l’eau glacée afin de lui venir en aide mais mon geste fut stoppé par le professeur qui vint poser une main sur mon épaule. J’ai un mouvement de recul alors que le sentiment de peur est toujours présent. Ses mots viennent l’apaiser alors que je comprends un peu mieux. J’ai envie de le croire et j’espère que Daemon ira mieux. “Comment avez-vous fait cela?” Je prononce cette phrase tout en lui montrant le ciel. "J’avais essayé de lui parler mais il ne m’écoutait pas. J’ai échoué, je ne savais pas comment m’y prendre pour l’aider”. Ma tristesse est immense alors que je ne me sens pas à la hauteur comme amie. Ce manque de confiance en moi est profondément ancrée alors que le sujet de l’amitié reste sensible. Je ressens une profonde culpabilité alors que je n’ai pas su lui rendre la pareille. “Il a été présent pour moi et j’ai été incapable de faire pareil. Merci d’être venu professeur”.

Ma tête est basse alors que j’observe Daemon revenir vers nous. Je me plonge dans le mutisme alors que je n’ose plus regarder mon ami. Je ne ressens pas de la colère à son égard mais une profonde honte envers moi-même. Le professeur a raison alors que je constate que le comportement de mon ami est désormais différent et il semble redevenu lui-même. Les larmes coulent alors qu’il s’excuse. “Tu n’as pas besoin de t’excuser, c’est moi qui n’ait pas été à la hauteur. Je suis une bien piètre amie”. La honte s’agrandit alors que je comprendrais qu’il me rejette. “Moi je ne t’en veux pas. Tu as le droit de te sentir mal après ce qui t’es arrivé, tant que tu ne recommences pas à lancer des sortilèges sans réfléchir et à boire”. Je n’ose pas le serrer dans mes bras au départ mais le voir ainsi fait céder toutes mes barrières. Sa détresse est bien plus importante, à mes yeux, que tout ce que je peux ressentir. Je viens alors le prendre dans mes bras et je ne le lâche plus. “Je ne sais pas comment je peux t’aider mais en tout cas, je serais toujours présente pour toi”. Une parole prononcée avec la plus grande sincérité.