La vie était une toile d'araignée, tissée par un prédateur vorace et rusée. Ayla n'était qu'un insecte pris dans ce filet, incapable d'en sortir, se débattant de ses maigres forces avec le vain espoir que cela changerait quelque chose à son sort.
Elle s'était résignée.
Elle avait accepté ce mariage, voulu par ses parents.
Qu'est-ce qui l'avait ainsi poussé à céder, à abandonner son désir de choisir sa destinée ?
La gentillesse, au moins de facade, de Thaddeus n'y était certes pas étrangère. Elle l'avait vu, assez rapidement, comme un "moindre mal" mais cela n'expliquait pas de baisser les bras.
Il y avait eu, au cours de l'été, le mariage de sa soeur, de sa chère, précieuse Arya. Il y avait eu cet éloignement, physique, qui avait mis un terme à l'enfance, à l'époque chérie où elles pouvaient être ensembles, sans personne pour s'interposer, sans personne pour posséder l'autre.
Jalouse ? Ayla ne l'était pas vraiment. Non, c'était l'Absence qu'elle ressentait. Cette solitude, même au coeur des foules. Un seul être vous manque, et le monde se pave de ténèbres. Elle le comprenait, maintenant.
Peine passagère ? Peine éternelle ? Elle ignorait si ce sentiment resterait. Elle le craignait. Mais elle craignait plus encore qu'elle s'y habitue, que cette solitude devienne normal.
D'autres sujets l'inquiétaient. Son propre mariage, qui, de jour en jour, prenait des airs de plus en plus précis. Les négociations semblaient bien devoir reprendre. Elle et Thaddeus se voyaient désormais plus régulièrement. On commençait à évoquer invités, préparatifs...
Mais il y avait aussi son avenir. Son choix s'était finalement plus ou moins arrêtés sur les créatures magiques. Elle ne voulait pas faire de droit, du moins pas un cursus complet qui ne la conduirait que devant un tribunal ou derrière un bureau. C'était contraire à ses voeux de liberté. Mais, devait-elle craindre le désaveu de ses parents ? Elle n'était pas certaine de la manière de l'annoncer à son père, de la réception qu'en aurait leur mère. Elle l'avait évoqué, déjà, auparavant, mais elle ne l'avait pas affirmé pour autant.
Trop de choses n'allaient pas dans sa vie. La seule qui pouvait la comprendre, la rassurer, était sans doute sa soeur, alors elle décida de profiter d'une visite, organisée un peu à la dernière minute, pour prendre de ses nouvelles, et se rassurer en retrouvant une relation familière.
Une lettre pour la prévenir, lui demander permission de venir (et ne pas tomber au pire moment... L'idée d'un Nott sans caleçon lui donnait des frissons). Elle ne voulait pas déranger. C'était étrange. Quelques mois plus tôt, l'une comme l'autre pouvait surgir dans la chambre de l'autre, sans plus de cérémonies, pour une broutille comme le choix d'une robe rouge ou verte. Maintenant, il y avait cette précaution, qui s'imposait. Il y avait un facteur de plus dans l'équation de leur relation.

Le jour convenu, peu avant l'heure convenue, Ayla se revêtit d'une robe violette, bordée de dentelles noires. Une acquisition récente, qui la mettait, de bien entendu, à son avantage, par quelques artifices de coutures : un décolleté assez ouvert pour deviner sans vulgarité, un dos partiellement exposé, une taille resserée par un corsée serrée sans couper le souffle, une ceinture avec ses effets habituels : quelques pièces -sait-on jamais-, sa baguette. Rien de superflu, rien d'handicapant, en dehors des froufrous de la robe. Ses chaussures n'avaient pas de talons. Elle ne trouvait pas cela des plus confortables et finir avec une cheville tordue parce que le pavé était disjoint manquait de charme. Elle quitta ainsi le manoir Lestrange, une pélerine retenue par une broche à tête de serpents sur les épaules pour se protéger de la pluie, et dans un craquement sec elle changea de décor. La cour laissa place à une rue. Le Manoir à une bâtisse sur laquelle elle ne s'arrêta pas. Elle l'avait déjà vu. Elle n'aimait pas l'admirer, puisque c'était là où désormais elle devait se rendre pour voir sa soeur, lorsqu'elles n'étaient pas sur les bancs de la faculté, ou à une terrasse de café. D'un pas décidé, elle s'avança, et frappa à la porte, attendant patiemment que quelqu'un ne vienne lui ouvrir.

Arya se trouvait ce weekend à être toute seule présente au manoir Nott. Théodore étudiait au Ministère, Bolton quant à lui se trouvait être dans une tout autre pièce de là où elle se trouvait, pour son plus grand bonheur, il n’allait pas la déranger, surtout que d’ici quelques minutes, la brune n’allait pas tarder à accueillir sa chère et tendre sœur jumelle. Elle avait reçu quelques jours plus tôt, une missive de la part de cette dernière et elle avait accepté de la voir et elle l’avait invité à la retrouver chez elle. Elle n’était pas encore très habituée à gérer une maison, mais elle pouvait au moins vérifier que tout serait fin prêt pour l’arriver de sa chère et tendre sœur.

En parlant de cette dernière, elle arriva pile à l’heure, Arya eut tout juste le temps de se préparer. Le temps qu’elle termine, elle entreprit d’ordonner à l’un des elfes de maison d’accueillir et d’installer sa sœur, puis lorsqu’elle fut fin prête, elle entreprit de descendre les escaliers, et de la rejoindre. A bonne hauteur, elle entreprit de la prendre dans ses bras, et de lui dire ces quelques mots « Ayla, je suis contente de te voir, tu m’as manqué ; comment tu vas ? » entreprit-elle de lui demander, « Tu veux boire ou manger quelque chose » lui proposa-t-elle tout simplement.

Une visite, c'était comme apprécier une fugace rencontre, tout en rappelant que ces retrouvailles n'étaient que temporaires. Elle faisait plaisir comme elle pinçait le coeur. Ayla adressa un sourire à sa soeur un sourire, léger, fugace, presque un simple mouvement des lèvres qui se plissaient en leur coin. C'était ce genre de sourire où la joie se mêlait à des inquiétudes diverses, à des pensées moins agréables. Mais cela ne l'empêchait pas d'être heureuse de voir sa soeur, de sentir ses bras l'enlacer. Ce contact lui avait manqué.

« Tu m'as manqué aussi. Ca va. Et toi ? ». Un regard à sa soeur, à la façon dont elle s'était habillée, à l'intérieur lui montrait un lieu relativement ordonnée. Sa soeur s'en sortait, où bien elle avait de l'aide, pour ses débuts, pour palier peut être même à son talent pour se préparer à la dernière minute. Au moins, sur ce point, les choses semblaient aller.

« Nous pouvons boire quelque chose, pour commencer. Manger, plus tard peut être. Enfin... Si tu as mis la table de friandises sur la table, je ne les bouderai pas ! Je te laisse choisir ? »

Elle avait adopté un ton léger, maîtrisée. Elle ne pouvait s'empêcher d'avoir une boule à l'estomac, qui semblait se nouer un peu plus alors qu'elle s'avançait dans cette demeure. Tout lui semblait si sinistre, de mauvais présage. Cette maison n'était pas l'aide, mais, à ses yeux, c'était comme s'avançait dans un tombeau, froid et austère. Chaque pas, c'était marcher dans un avenir où le passé dans le Manoir Lestrange se faisait toujours plus lointain. Le mariage n'avait été qu'une journée, une annonce d'un changement dont elle ne voulait pas. Mais ce n'avait été que ça. Les jours qui avaient suivi avaient été bien plus difficiles.

« Tu t'en sors ? Ce n'est pas trop... Difficile ? ». Elle avait accentué le "ce", espacé le "difficile". Elle ne savait pas pourquoi elle avait fait ça. Enfin, si, elle le savait. Elle pensait à Théodore. A ce type qu'elle n'avait jamais vraiment bien cernée. Elle était, sur ce point, comme Thaddeus. Elle craignait qu'il ne rende sa soeur malheureuse, aurait voulu que les choses aillent différemment. Et, en parallèle de ce ressentiment, elle se projetait à la place d'Arya, se disait qu'il en serait de même pour elle. Les choses n'iraient pas bien, l'idyle n'existerait pas pour elle. L'innoncence, la joie, le bonheur, tout cela lui serait arraché le jour où une cérémonie se tiendrait, où elle aurait à choisir entre ressembler à une immonde meringue ou un spectre dépourvu d'âme, paré d'un linceul, jeté dans les bras d'un homme qui, pour l'heure, restait agréable et bon.

Arya faisait ses débuts non seulement au sein de la société magique et sorcière en tant qu’épouse, mais également en tant que femme mariée à présent. Elle se devait donc de demeurer à la fois accueillante et présentable. Ne pas encore avoir un véritable chez soi la perturbait un peu, mais d’un autre, elle n’avait pas tellement hâte de se retrouver seule avec Théodore. Même si Bolton Nott s’avérait être un véritable « porc et vicieux » ; il demeurait malgré tout en apparence véritablement intéressée par elle et sur son bien être contrairement à Théodore qui n’en avait absolument que faire. Elle n’était pas encore chez elle, elle n’avait donc pas encore le pouvoir de contrôler intégralement le personnel ou encore la décoration et la disposition de certains éléments, elle avait partiellement hâte de pouvoir le faire bien évidemment, mais d’un autre, elle avait également peur de se ne pas s’avérer être à la hauteur. Elle préférait donc pour l’instant se cacher en ce lieu, rester seule, elle aurait préféré le rester cependant, elle ne put le rester et encore moins refuser une visite de sa propre sœur.

Elle avait donc accepté, et elle l’avait invité. Cherchant à cacher son mal être et son malheur, elle entreprit de donner des instructions et le fameux jour J, elle entreprit bien évidemment de se préparer, après tout, il fallait qu’elle reste présentable. En retard contrairement à sa sœur, elle s’empressa de la rejoindre une fois prête et de la saluer à bonne hauteur, elle s’empressa de lui demander comment est-ce qu’elle allait, et de lui faire savoir bien entendu qu’elle lui avait manqué, tout en l’invitant à s’installer et elle s’empressa de lui proposer à boire ou à manger. Attendant patiemment les réponses de sa sœur, elle entreprit de l’enlacer et de s’installer à son tour. Elle eut rapidement droit à une réponse, sa sœur semblait aller plutôt bien, elle s’empressa de lui répondre à son tour : « Je vais bien aussi » conclut-elle tout simplement. Puis elle s’empressa de lui dire qu’elle allait boire pour commencer et prévoir de manger après, sauf si elle avait volontairement allié les deux, « Du thé » se contenta-t-elle d’ordonner à l’un des elfes de maison, qui revint rapidement avec le thé et quelques douceurs « On va pouvoir grignoter un peu » conclut-elle tout en lui offrant un beau sourire.

Sentant qu’elle n’allait pas énormément fort, elle s’empressa de l’interroger, tout en appréhendant intérieurement peu à peu son union, Arya pouvait le ressentir grâce aux pensées de sa sœur qui ne bloquait pas actuellement son esprit et elle s’empressa après avoir inspiré un bon coup de prendre la parole « Ce n’est pas parce que mon mariage ne semble pas le plus heureux actuellement qu’il ne peut pas le devenir, et ce n’est pas parce que tu me vois peu enthousiaste que tu dois appréhender le pire pour ton mariage, après tout, Thaddeus est mon meilleur ami, tu n’aurais pas pu tomber sur mieux si tu veux mon avis, ne le laisse pas partir et bat-toi ce que j’aurais dû moi-même faire contre papa, peut-être que Keylian serait à mes côtés actuellement et non Théodore » lui dit-elle tout en déposant une main sur la sienne « Ne trouves-tu pas cet endroit morose et sans vie ? J’espère quand nous aurons trouvé l’endroit parfait, que je pourrai décorer à mon goût, tu seras bien évidemment la première informée et invitée » conclut-elle tout simplement.

« Allez, sers-toi donc, je sais que tu en meurs d’envie » ajouta-t-elle.

L'ambiance du manoir des Nott était étrange, austère. Il n'y avait pas cette vie qui se dégageait de celui des Lestrange, mais Ayla était sans doute bien subjective. C'était un mouroir en moins joyeux. Et il y avait Arya. Elle aurait beau dissimulé au plus profond d'elle ses pensées, cela ne tromperait que ceux qui ne la connaissait pas vraiment. Aucune des soeurs ne pouvaient réellement penser tromper l'autre. C'était comme croire qu'un miroir pourrait déformer la réalité. Pourtant, Ayla ne fit aucune remarque, se contentant de demander comment Arya allait, écoutant sa réponse en plongeant ses yeux dans les siens.

Menteuse, lui disait une petite voix.

Oui, Ayla n'était pas dupe. Ce n'était pas sa soeur enjouée qui lui faisait face. Mais, aussi déchirant soit cette vision de la voir souffrir de la situation, cette pensée de la savoir malheureuse, Ayla résista à l'envie soudaine de la prendre par la main, de l'emporter loin de ce caveau du bonheur. Elle esquissa même un demi-sourire -plus un retroussement du bord des lèvres-, ou le cynisme se mêlait à de l'amusement, à l'affirmation de sa soeur, comme quoi son mariage pourrait devenir heureux.

« Je sais. J'ai simplement du mal avec tout ça... Au moins Thaddeus n'est pas petit... ». Elle lui adressa un sourire, doux et triste alors que lui venait la pensée que se battre ne servirait finalement pas à grand chose. Elle ne décidait de rien. On décidait pour elle, comme on avait décidé pour Arya. Elles auraient dû se battre depuis le début, ne pas céder. Non, Aya

« C'est plus triste que dans un cimetière. Et ne t'en fais pas, il va bien finir par sortir de la crypte familiale et découvrir que les fleurs ça peut être autrement que séchées... Sinon, c'est moi qui viendrai te sortir de là. » répondit elle avec conviction, espérant qu'un peu d'assurance de sa part en donnerait à sa soeur. Dans un coin de sa tête, elle se trouvait pathétique à chercher à la réconforter quand elle même cherchait le réconfort. Elles étaient deux papillons à qui on avait arraché les ailes avant de les jeter dans la toile d'une araignée vicieuse et vorace. Ayla posa sa seconde main sur celle de sa soeur, dans un geste affectueux puis la regarda comme si elle venait de dire une insanité. Ayla, gourmande ? Allons... Si peu...

« Avoue plutôt que tu as peur de passer pour la gourmande qui se jette sur le plateau... » la taquina t elle avant de prendre une pâtisserie. C'était bon. Après tout, il y avait un certain niveau à respecter dans les bonnes familles. Mais cela s'arrêtait là. La douceur de la sucrerie ne pouvait appaisait l'amertume de l'âme.

« Parfois, je me mets à penser à comment cela pourrait être. C'est effrayant, d'une certaine façon. Je sais bien que tant que j'aurais un livre pour m'échapper, une fenêtre par laquelle sortir je trouverai de la liberté mais... Je ne sais pas... J'ai l'impression d'avoir... Perdu quelque chose. C'est idiot... ». Elle haussa les épaules. Elle ne savait pas pourquoi elle s'étalait toujours plus avec sa soeur sur ses états d'âme, sans doute parce qu'elle était celle qui la comprenait le mieux, mais ce n'était pas vraiment sympathique de sa part de s'effondrer sur quelqu'un qui ne respirait pas la joie.

« Mais passons, à quoi t'occupes tu ces derniers temps ? Tu as bien des petites anecdotes à me raconter ! »

Les ragots, c'était quelque chose de délicieux dans les réceptions mondaines et Ayla n'avait pas oublié sa promesse d'enterrer Théodorre sous des couches de hontes et de terre s'il blessait sa soeur, physiquement ou moralement. Mais, en dehors de cette pensée vengeresse, c'était aussi la curiosité de connaître l'intérieur de cette famille. Au final, ni Ayla, ni sa mère, ni son père ne pouvait réellement prétendre connaître l'intérieur de cette maisonnée. Or, il y avait une règle qu'Ayla avait toujours suivi : connaître ses alliés encore plus que ses ennemis. Et, malheureusement pour les Nott, elle ne savait toujours pas où elle devait les classer. Bien évidemment, cette pensée, elle la dissimula à sa soeur en s'efforçant de protéger son esprit. Elle ne voulait pas la blesser, lui faire penser qu'elle pourrait un jour la voir comme une adversaire. Ce serait faux. Et, comme Ayla avait l'habitude de conserver ses barrières auprès de sa soeur, pour l'empêcher de lire ses pensées mais aussi lui faire se sentir normal dans une conversation, elle n'avait aucun scrupule à le faire comme elle n'en serait pas blessée. Ce n'était pas un manque de confiance, mais une simple habitude.

Malgré les apparences, Arya était plutôt ravie de retrouver sa chère et tendre sœur. Elle aurait souhaité l’accueillir en ce lieu dans d’autres circonstances, mais elle n’avait guère eu le choix, et elle se devait dès lors impérativement de conserver/garder les apparences. Elle entreprit dès lors de sourire tout en sachant intérieurement qu’Ayla finirait en réalité par la démasquer, et indirectement par lire en elle, même si elle était occlumens et elle légilimens.

Elle put d’ailleurs sans difficulté lire dans son esprit et constater qu’elle ne la croyait point, elle l’entendait lui dire le mot « Mensonge » sans le dire oralement, elle s’empressa de lui sourire et de l’inviter à s’installer, et rapidement elle entreprit de lui proposer du thé et des petites douceurs. Un sourire bienveillant aux lèvres, elle entreprit ensuite de la rassurer sur elle, mais également sur le mariage à venir de sa sœur avec Thaddeus. Elle était confiante, et beaucoup plus heureuse que sa sœur, de son côté, elle appréciait beaucoup Thaddeus, et elle n’aurait certainement rien dis, si son père l’avait en réalité choisi comme parti, et non Keylian, puis Theodore.

Elle ne put s’empêcher de sourire au commentaire de sa sœur, et elle entreprit ensuite de l’écouter attentivement parler. « Tu n’as pas totalement tords » lui avoua-t-elle en s’emparant à son tour d’une pâtisserie. Elle resta une oreille très attentive, puis sa sœur entreprit de l’interroger désireuse d’en savoir plus, Arya s’empressa de la regarder, et de marquer une légère pause puis elle reprit « Je lis beaucoup, je dors beaucoup et j’ai commencé à étudier pour mon cursus universitaire. Je me suis lancée dans la Médicomagie, Je profite un maximum de la solitude que je peux avoir à cet endroit, le calme est très bénéfique, tu peux me croire » lui dit-elle tout simplement, puis elle reprit « Je n’ai pas grand-chose à racconter, je suis exclue de bon nombres de conversations politiques, comme tu t’en doutes, Theodore m’ignore le plus souvent, je dois dire que même mon beau-père semble avoir une meilleure estime de moi-même que lui, mais je ne l’apprécie que très peu, il a des pensées des plus salaces, on va dire » conclut-elle « Je ne sais pas trop quoi te dire d’autres, et toi ? Des nouvelles et des ragots à raconter ? » demanda-t-elle tout simplement.

« C'est ce qui m'effraie le plus... Qu'on ne devienne que deux plantes vertes que l'on oublie d'arroser, et qu'on laisse fanner sans un regard... ». Thaddeus... Ayla avait beau se dire qu'il n'était pas mauvais garçon, elle savait que cela ne signifiait rien pour l'avenir. Il pouvait changer. Et il y avait la famille, qui n'était peut être pas aussi agréable. Le vrai problème, en fait, ce n'était pas Thaddeus, sa famille... Les mêmes questions se seraient posés avec n'importe quel prétendant. Elle avait peur de l'avenir, peur de ne pas être assez forte pour lui résister, pour s'emparer de ce qu'elle aimerait, pour protéger ce qu'elle aimerait. Elle avait peur que la vie lui échappe, comme sa soeur, reflet d'elle

« C'est vrai, que tu as pris goût pour soigner les gens... Au moins, j'aurais quelqu'un pour me remettre repousser les morceaux après m'être fait bouffer le bras par un dragon de compagnie... » dit-elle avec un demi-sourire, avant d'ajouter « C'était une petite plaisanterie entre Thaddeus et moi... ».

Ayla grimaça en l'entendant dire que Théodore l'ignorait le plus souvent, que sa belle-famille ne l'estimait guère et que le beau-père avait des pensées plus salaces. A cette idée, Ayla n'avait qu'une envie : trouver le vieux cochon et le transformer en vieux rat qu'elle pourrait donner à chasser au premier chat venu.

« Garde l'esprit attentif en ce cas. Ce serait dommage de devoir déclencher une guerre de famille... Même si j'adorerai voir la tête de père à une telle annonce... ».

Oui... Si on touchait à sa soeur, à part Théodore qui avait le droit légalement, et encore c'était uniquement sous un cadre très particulier... Les autres pouvaient tout de suite prendre une corde et se la passer au cou, car la jeune sorcière n'aurait aucun scrupule à le leur faire payer. Elle mettrait l'Angleterre à sang si elle le devait... A cette pensée, Ayla se surprit de sa propre colère. Oui, elle avait toujours pensé devoir protéger sa soeur, et sa famille en général. Mais, cette virulence n'était pas habituelle chez elle, qui faisait preuve de calme, de mesure. Pourquoi réagir ainsi ? Ce n'est qu'un vieux cochon qui regarde la jeunesse avec envie, qui ne fera sans doute rien...

« Des nouvelles... Eh bien... A part que je me plonge aussi dans les livres, continuant d'étudier ce qui traite des créatures magiques... Même si je pense de plus en plus aller vers des études plus... Traditionnelles. Pourquoi pas Aurore... Je n'étais pas si mauvaise avec une baguette... Et cela corresponderait sans doute plus à ce que l'on attend de moi... En somme, le temps passe et je ne sais toujours pas vraiment quelle route j'emprunterai... Côté ragot, je n'ai pas grand chose... J'évite de trop écouter aux portes de père et mère, sait on ce que je pourrais entendre qui resterai à jamais graver dans ma mémoire... Et le frangin... Egal à lui même. Mais je prendrais des notes pour la prochaine visite... »

Arya subissait actuellement l’interrogatoire de sa chère et tendre sœur, qui désirait probablement s’assurer qu’elle allait bien, et surtout qu’elle était bien traitée. Au moins, elle n’était pas une femme battue, c’était le plus important à ses yeux et aux yeux de sa sœur, qui semblait partiellement satisfaite de ses réponses. Elle s’empressa ensuite de lui raconter ses journées, et de retourner à son tour les questions de sa chère et tendre sœur. Avait-elle des ragots à lui raconter / des nouvelles ? Arya entreprit de rester très attentive aux réponses de sa sœur.

Elle entreprit de lui répondre et Arya entreprit de répondre « Je préfère être comparée à une Rose, une rose qui pourrait avoir des épines empoisonnées si elle n’est pas arrosée en lieu et place d’une plante verte » conclut-elle rapidement. Elle entreprit ensuite de laisser sa sœur parler. « Je vois, une plaisanterie étrange, tu m’en diras tant ; d’ici quelques années, je deviendrai peut-être une experte et je pourrai empoisonner mon époux sans que personne ne s’en aperçoive » dit-elle quelque peu amusé et aux oreilles d’Ayla, pour qu’elle et seulement elle l’entende.

Elle ne put s’empêcher de sourire. Elle ne désirait pas non plus créer de guerre mondiale. Elle venait de lui signaler ensuite rapidement qu’elle continuait à étudier et qu’elle cherchait encore sa voie. « Tu finiras par trouver, j’en suis persuadée ; dommage pour les ragots, j’aurais fortement apprécié apprendre des choses, tu es sûre que tu n’as rien entendu de spécial ou d’important ? Dommage moi qui rêvait d’avoir quelque chose à utiliser contre père » conclut-elle avant de reprendre « Et Adrian, toujours aussi discret et seul ? Il n’a personne en vue ? » conclut-elle tout simplement.