Je n’étais pas de bonne humeur. Dire que je l’étais d’habitude aurait été un mensonge car en ce moment, je ne trouvais de réconfort que dans les bras de Hope. Je ne lui narrais pas toutes mes aventures sinistres dû à mon sang mais sa douceur et sa gentillesse suffisaient largement à mes yeux.
 
Alors que j’avançai d’un pas vif, la neige crissant sous mes bottines en cuir de dragon, les idées noires tourbillonant autour de moi, je ne remarquai pas la neige qui tombait dru sur le chemin menant de Poudlard à Pré-Au-Lard.

Encore une fois, l’on s’en était pris à moi à cause de mon sang. Il faut dire que j’étais sans doute la seule née-moldu de l’école à l’heure actuelle et tous les regards abrasifs se posaient systématiquement sur moi comme si j’étais une créature dégoûtante qui aurait pu les contaminer.

Pour me reposer les nerfs, j’avais donc pris le chemin de Pré-Au-Lard dès que le portail en fer massif de l’école avait été ouvert pour l’occasion. Je me trouvais donc être la première à partir. Parfait ! Je n’avais qu’une envie, boire un jus de citrouille et me trouver à l’extérieur de l’enceinte de Poudlard pour quelques heures. Cette idée me fendit tout de même le cœur. Poudlard, une école si réputée et qui avait, dans d’autres temps était si bienveillante envers tous… était devenu un ghetto pour sangs-pur. Bon j’exagérai un peu la donne : il y avait aussi des sangs-mêlé… mais à ce moment précis, je ne pensais qu’à l’agression que j’avais subit ce matin au petit déjeuner, des Serpentards me lançant de la nourriture dans les cheveux en me traitant de « déchet humain ». Bon sang ! J’avais du me relaver et changer ma tenue après ça.

Une grosse boule se forma dans ma gorge alors que j’atteignais ma destination. Les Trois Balais était l’endroit le plus accueillant que je connaissais dans le petit village. J’avais toujours aimé son ambiance et je m’engouffrais donc avec un manque de classe évidente dans le pub, manquant de trébucher devant la porte. Je tapais d’un coup sec mes pieds par terre pour en enlever la neige avant de m’avancer un peu plus.

Par bonheur -pour moi- le pub était presque vide et je pus choisir une place dans le fond, près de la cheminée. Discrétion et confort. Il ne m’en fallait pas plus. Je savais la patronne sang-pur mais elle ne m’avait jamais fait d’histoire quant à ma venue dans son auberge. C’était fort appréciable. Je la soupçonnais même d’être dans mon camp : celui des rebelles… Une intuition rien de plus.

Alors que je soupirais d’aise en tendant mes mains vers l’âtre, les larmes revinrent sans prévenir. La brimade de ce matin me laissait en colère et je ne me retins pas assez vite avant de grogner plus fort que nécessaire :
-        Nom d’un dragon ! Tous des Trolls !!!