[Décembre 2001]

L'amour, ça faisait parfois mal mais voir Arya ainsi allongée dans un lit d'hôpital, c'était encore pire. Keylian avait souffert en entendant  la nouvelle du mariage d'Arya et de Nott mais entendre aujourd'hui qu'Arya avait été blessée et avait souffert le sortilège doloris, c'était quelque chose que Keylian supportait encore moins et qui le rendait complètement fou de colère. Il était surprit et à la fois reconnaissant que son frère eut été là pour lui venir en aide même s'il aurait préféré l'être lui-même. Il avait toujours eu une profonde aversion et surtout de la jalousie envers son frère mais il fallait bien le dire : aujourd'hui, il lui était reconnaissant d'avoir été là. Quant à le remercier lui-même personnellement, c'était une autre paire de manche... Non, il ne le ferait sans doute pas sauf s'il se retrouvait volontairement face à lui et que le sujet était levé, mais il lui était reconnaissant. Et Nott, où avait-il été ? Il devait être furieux aussi que sa femme ait été blessée ! Enfin, pas que Keylian ne s'en fichait pas royalement des états d'âmes de Nott mais bon... C'était pour dire.

Ça, pour connaître son père, il le connaissait. Keylian eut un léger rire qui sonnait un peu sarcastique avant de grommeler : « ça c'est sûr et pour une fois tu peux être sûre que je me serai alignée avec ton père et traiter ces rafleurs de la même manière. » Sans aucune pitié. Quand on touchait à ceux qu'il aimait, Keylian savait qu'il se montrerait impitoyable. Il s'en fichait des autres, de ceux qui ne comptait pas, mais ceux qui lui était sincèrement proches, il ne tolèrerait pas qu'on touche à un seul de ses cheveux. C'était le cas également de de sa sœur, Hope, ainsi que quelques autres personnes qu'il pouvait compter sur les doigts d'une main. Perséphone en faisait sûrement partie aussi ainsi que Thad, forcément. Si une seule chose leur arrivait, Keylian n'aurait aucune pitié pour les êtres leur ayant fait subir des tortures – quelles que soient les tortures, et Arya pouvait sans efforts lire dans son esprit à l'instant présent tout ça. Il ne cherchait de toutes façons pas à les lui cacher. Il n'aurait sans doute pas pu de toutes façons car si Keylian était tout nouvellement Occlumens, Arya avait beaucoup plus d'experience en légilimancie  en plus que son pouvoir à elle était inné. Keylian n'avait de toutes façons rien à lui cacher.

Quand Arya lui dit qu'elle sentait qu'une crise proche et lui demanda de quitter car elle ne voulait pas qu'il la voit ainsi,  Keylian s'empressa de lui faire comprendre qu'il n'avait pas l'intention de la partir. Il était beaucoup trop absent de sa vie dernièrement et il avait envie d'être plus présent. Il y avait beaucoup trop de moments où il n'était plus là pour elle, où il n'avait même plus le droit d'être là pour elle sous prétexte qu'elle était mariée. Alors, crise ou pas, il ne bougerait pas. Le croyait-elle trop faible pour pouvoir le supporter ? Non, cela n'avait sûrement rien à voir avec lui. Elle avait juste sa fierté et ne désirait pas qu'il la voit ainsi, mais Keylian était déterminée à ne point bouger.

En ce qui était la fameuse lettre envoyée à leur deux familles et révélant leur liaison au grand jour, Keylian le voyait maintenant avec un grand amusement. Cela ne lui faisait absolument rien et même c'était un soulagement pour lui qu'il n'avait plus à faire semblant et garder leur liaison au grand jour. Ils ne pourraient sûrement plus se revoir dorénavant, mais il était tout de même que tout le monde le sache aujourd'hui. Lorsqu'elle lui répondit que toute sa famille était aussi au courant, et qu'elle n'avait pu cacher la vérité à son père en le regardant droit dans les yeux, Keylian ne put s'empêcher de penser un peu trop fort « Oui ça, c'est sûr,  tu n'as pas pu lui tenir tête pour essayer de maintenir notre mariage alors forcément tu n'aurais pas pu lui  tenir tête et continuer à mentir sur notre relation ! » Il ne lui reprochait rien, pas vraiment... Ou peut-être que si, intérieurement et inconsciemment... Il l'avait juste accepté mais cela n'empêchait pas que la chose était encore douloureuse.

Plus le temps allait, plus la crise approchait pour Arya. Keylian le voyait bien. Elle se sentait de plus en plus mal et il avait mal pour elle ; pour autant il ne lui lâchait pas la main. C'était dur de la voir ainsi mais cela ne fit que renforcer la haine qu'il avait envers ceux qui lui avait fait subir cela. Comme elle le désirait, il alla rapidement chercher un médicomage et le fit venir impérieusement à son chevet. Il n'avait même pas besoin d'ordonner car son ton anxieux trahissait le sérieux de la situation. Il laissa ensuite le médicomage s'occuper d'elle en se contentant de regarder en silence, des sillons d'inquiétudes ancrés sur son visage. Quelques minutes plus tard, elle lui demandait

« Tu imagines bien que mes parents n'étaient pas heureux de la nouvelle, en particulier ma mère. Peu importe. A vrai dire, je n'en avais rien à faire de leur réaction et j'ai écouté leur sermon avec diligence. Je n'avais même pas honte et je n'ai toujours pas honte. Ce n'est pas moi qui suis responsable de cette situation... C'est ton père. S'il n'avait pas annulé le mariage, rien de tout cela ne se serait passé ainsi. En fait, je me sens même soulagé aujourd'hui que tout révélé, et j'imagine bien que nos rendez-vous privés vont cesser mais je m'en fiche aussi. Pas que cela ne va pas me manquer Arya... » Il était sincère. Il l'avait toujours été avec elle surtout depuis qu'ils avaient été fiancés et qu'il avait accepté ses sentiments pour elle.

« Et à mon avis, c'est sûrement quelqu'un interne à nos familles qui a envoyé cette lettre. Forcément. » Après tout, on était souvent trahi par les personnes qui nous étaient les plus proches. Cette personne pensait sûrement bien faire, ou désirait juste mettre un peu plus de bordel dans leur famille... « Une idée ? En ce qui me concerne, Hope est hors jeu. Elle n'aurait jamais pu me trahir. » Car bien entendu, Keylian n'avait jamais cherché à lui cacher qu'il voyait toujours Keylian mais il avait une entière confiance en elle. La seule de sa famille très certainement. « Je ne pense pas que l'on puisse dire que Perséphone ou encore Freyja aurait pu nous trahir non plus... Ni Thad. »