Indéniablement, mes journées restaient chargées, mais ce n’était pas une excuse valable pour délaisser ma famille. J’arrivais toujours à trouver un temps pour chaque personne chère à mon cœur à commencer par ma belle et venimeuse Morgana. Cette fin d’après-midi ne me voyait, toutefois, pas marcher aux côtés de ma dulcinée. Lentement et imposant ma présence sur le Chemin de Traverse, j’avais invité mon beau-fils Théodore Nott sans lui faire mention de quoi il retournait. C’était une surprise et, sûrement qu’elle lui sera même bien agréable.

Vêtu de vêtements riches restant néanmoins sobres et confortables, je resserrais la cape entourant plus mes épaules à ce vent froid, vif et soudain. Je n’étais jamais fan des mois glacials et humides qu’amenaient toujours l’Angleterre, mais je ne les détestais pas non plus. Très souvent, le vent vivifiant du mois de janvier avait fait disparaître un mal de tête retors ou bien une neige de décembre adoucissait mon cœur frustré dû à une longue journée de travail.

Aujourd’hui, je n’étais ni l’un ni l’autre. J’étais même plutôt heureux du cadeau que je ferais à Théodore. Marchant près du jeune homme, je saluais d’une main gantée tous les passants autant si je les connaissais bien qu’ils restaient de simples connaissances. Mon sourire, mon regard envoutant attirait le regard tel qu’une jeune femme en fut distraite pour s’être involontairement précipité dans un homme barbu et deux fois plus grand qu’elle. Je n’en fis rien outre un léger sourire en coin et cette pensée titillant mon esprit pour l’amuser : « et si c’était l’amour fou » ? Donc, sans rien en laisser paraître, mes pas m’amenèrent vers le cœur du Chemin de Traverse là où la foule se faisait plus dense.
Je me mis à ralentir le pas conversant avec mon beau-fils.

- J’ai un cadeau pour toi Théodore le tutoyais-je, car à mes yeux, il faisait dorénavant parti de ma famille proche. On m’en a offert deux. Ainsi, j’ai aussitôt pensé à toi.

Déblatérais-je sur un ton affable le rendant dans mon sourire. Ne serait-ce que pour m’amuser de la réaction sur son visage, toutes les interrogations qui le traverseraient valaient plus que tous les gallions du monde. Certes, il n’avait pas à le savoir, mais Théodore n’était pas en réalité, le premier à qui je pensais pour donner le deuxième fléreur. Je pensais, en septembre, garder les deux petites femelles que j’avais baptisée Charybde et Scylla des prénoms évoquant une grande force. Maintenant que les deux petites avaient chacune trois mois et prêtes à rejoindre une famille, j’avais plutôt pensé à Théodore.
Gardant le secret, on se dirigeait vers la ménagerie magique.

Ce fut après cinq minutes dans la rue la plus bondée que nous atteignons la porte de la boutique. Je l’ouvris d’un geste franc tout en laissant passer Théodore devant moi. J’accueillie avec gracieuseté cette douce chaleur tout comme l’odeur caractéristique du foin qu’on avait parsemé dans les quelques cages présentes montrant rats et hiboux sans plus. Sans piper mot, je me dirigeais vers le comptoir et aussitôt le vendeur me reconnut.

- Monsieur Lestrange, bien le bonjour. Vous êtes sûrement ici pour les deux petites.

- Bonjour monsieur Elphick. Dans votre derrière lettre, vous m’assuriez qu’elles étaient maintenant sevrées. Est-ce bien exact ?

Torin Elphick était un petit homme à l’œil vif et au corps mince. Il semblait être de tempérament nerveux ce qui ne concordait pas vraiment avec le métier de magicozoologiste, car un animal demandait très souvent d’être calme. Pourtant, je ne changerais pas de magicozoologiste connaissant son expertise avec les créatures magiques et son œil pour retrouver les plus rares. Très souvent absent de sa boutique, Elphick passait plusieurs mois par années à voyager au travers le monde à la poursuite des créatures les plus puissantes. On comprenait aussi très rapidement pourquoi il était fait pour travailler avec les animaux, sa main caressant un hibou moyen-duc sur son perchoir semblait soudainement le changer du tout au tout. D’un ton de voix rapide voire saccadé, le sorcier reprenait beaucoup plus posément ne m’impressionnant pas pour le connaitre depuis plusieurs années.

- Elles sont sevrées depuis trois jours. Et vous, j’imagine que vous êtes monsieur Nott.

Qu’il enchaînait tout en tendant la main à ce dernier. J’hochais la tête acquiesçant avec dignité tout en renchérissant à mon tour.

- C’est à monsieur Nott, mon gendre, que je compte faire cadeau de l’une des deux petites fléreurs.

Accoudé contre le comptoir, je souris chaleureusement à ce dernier heureux de dévoiler enfin ma surprise.

J’avais savouré son incrédulité alors que nous nous rendions à la ménagerie. Je ne me moquais pas, je m’amusais simplement de sa stupeur lorsque j’annonçais un cadeau. Jamais, je ne me moquerais de Théodore. J’étais plutôt admiratif de ses compétences, de sa personnalité discrète en tout temps. Son attitude était l’une qui l’amènerait à en surprendre plus d’un tout en ayant cette capacité à pourvoir de l’aide aux plus notoires de ce monde pour se les accaparer. Et là, je ne parlais pas seulement d’une capacité magique à faire tourner les têtes. Plus j’apprenais à le connaître et plus, je savais que le jeune homme était bien plus que cela.
Parfois même, une culpabilité me prenait aux tripes tant j’avais été abjects de n’avoir vu que cela.

Accoudé au comptoir, je souriais amusé par sa réaction tel s’il n’avait aucun droit d’être ici. C’était cette impression que Théodore ne se sentait pas digne d’être à mes côtés et encore moins d’en recevoir un cadeau. Cela m’agaçait largement, mais seul un léger soupir trahis mon émotion. Aussitôt, les salutations d’usage entre monsieur Elphick et Théodore faites, je renchérissais sur l’ébahissement de ce dernier.

- Théodore, n’imagine pas de ne pas être digne de moi parce que c’est faux. Tu es mon gendre. Tu fais partis de la famille et je veux te traiter comme un fils.

Sûrement que j’aurais pu paraître plus affable, mais la frustration ressentie au préalable m’avait amené à mettre les choses au clair. J’étais franc, cela allait de soi. Je n’aimais pas tourner autour du chaudron pendant quatre heures durant. J’avais donc pu paraître sévère, mais surtout décisif, ma parole n’aurait donc aucun droit d’être mise en doute. Souvent, le pouvoir nous amenait à paraître sans cœur, si froids. C’était cette impression que je ressentais auprès de mon gendre. C’était comme s’il m’imaginait être un monstre, un dragon assoiffé de sang. Je n’avais effectivement pas besoin du pouvoir de la lecture des esprits pour le voir. J’avais juste à observer la gestuelle lâche et renfermée de Théodore. Nous avions tout de même un long chemi à parcourir pour que le Nott devienne ce pourvoyeur de pouvoir et d’envies.
Je souriais appréciant la rétorque de Torin Elphick qui allait dans le même sens me complimentant même. Un peu plus et il me juchait sur un piédestal mental.

- C’est exact. C’est vrai que monsieur Lestrange peut parfois rappeler un dragon en rut, mais il n’y a pas plus protecteur que lui !

- Plus tu me vénères, moins je semble l’être en réalité éclatais-je de rire à l’unisson avec Torin. Va donc me chercher les deux petites. Je suis curieux de les voir.

Alors qu’Elphick disparaissait dans l’arrière-boutique, je me retournai pour observer machinalement les quelques animaux présents dans les cages. Il n’y en avait pas beaucoup et c’était tous des créatures communes. À l’évidence, aucun fléreur ne se trouvait dans le lot beaucoup trop rare pour cela. Il y avait une dizaine d’animaux tout au plus. Je pointais vers les trois rats dans la devanture qu’on apercevait de l’extérieur.

- Torin Elphick est un explorateur. Il possède quelques créatures communes pour se faire quelques ronds de plus comme ces rats, mais son expertise est dans la capture et l’élevage de créatures plus rares. Il est absent la moitié de l’année.

Je ne cachais ni mon amitié ni mon admiration que j'avais d’Elphick à Théodore. Puis, comme on parlait du loup-garou, ce dernier revenait sur ses entrefaites avec ce qui semblait être deux chats aux longues oreilles dans les bras. L’une d’elle était marron tachetée de noir et l’autre portait une robe tigrée. Dès qu’Elphick les posaient sur le comptoir, elles commencèrent à inspecter les lieux la petite tigrée s’approchant de moi.

- C’est Charybde m’informait Elphick alors que je caressais la jeune fléreur m’amadouant de sa petite bouille par je ne savais quel miracle. Monsieur Nott, désirez-vous les voir aussi de plus près ?

Fit le propriétaire de la boutique tout en posant gentiment Scylla plus près de lui. Elle se mit à miauler comme si elle se présentait au jeune Nott.

Je ne savais pas comment prendre ce rire, cette moquerie à mon égard. Sûrement j’avais été un peu, même si un tantinet, froissé que Théodore réagisse de manière aussi impolie avec moi. C’était sûrement parce que je ne l’avais jamais connu ainsi lui et son habituel flegme dorénavant connu dans tout le département de la justice. Alors oui, je fus agacé par son manque de tact subit, frustration qui fut rapidement remarquée par monsieur Elphick, ce dernier souriant de manière affable comme lui seul savait le faire m’ennoyant même d’un clin d’œil discret. Il n’était pas passé par la maison Poufsouffle pour rien à Poudlard et même si les années avaient passé, il restait toujours le même homme avec sa bonhommie habituelle tout comme sa naïveté. D’un homme qu’on voudrait protéger absolument pour la simple raison de se sentir bien avec lui. Il arrivait donc à me calmer et par un geste de paix stipulant à Théodore que je n’avais pas été froissé, je revenais au sujet nous occupant nonobstant cet entracte si je pus m’exprimer ainsi.

- C’est la même chose  répondis-je d’une voix neutre à mon gendre concernant son questionnement entre un explorateur et un magicozoologiste. Tout magicozoologiste doit voyager dans de lointains pays pour trouver les créatures les plus rares qui soit. Toi qui as étudié dans le domaine, tu dois sûrement connaître cette nécessité.

L’observant de côté, curieux je me demandais si ce fut effectivement pour cette raison qu’il avait abandonné les études de magicozoologie. C’était un domaine réellement fascinant apportant non seulement des ingrédients, mais aussi beaucoup de connaissances à la communauté sorcière. L’évidence était, malheureusement, qu’il fallait être absent longtemps de son chez soi.

À tout le moins, Charybde avait une tout autre idée en tête que d’explorer le monde. Le félin s’amusait à mordiller un pan de ma cape. Aussitôt qu’elle m’avait senti, la petite fléreur s’amusait avec moi. C’était bon signe et j’espérais qu’il en serait autant avec Morgana, Ayla et Adrian le moment venu. Je souriais amuser aux questionnements sortants, non seulement, d’entre les lèvres de Théodore Nott, mais aussi qui parsemaient l’entièreté de son visage. Le pauvre, il ne devait pas être resté bien longtemps dans le cursus de magicozoologie pour ne pas connaître le fléreur, une créature toute de même assez connue. Ce fut Elphick qui répondit, néanmoins, à ses questions.

- C’est une jeune fléreur monsieur Nott. Celle qui semble vous avoir adopté, c’est Scylla  gloussa-il avec affection. Les fléreurs apparaissent comme des chats normaux aux yeux des Moldus, mais ils sont réellement magiques. En effet, ils possèdent une intuition très puissante. Ces deux petites boules de poils, bien qu’encore jeunes, peuvent déterminer si une personne veut du mal à elle ou à son maître s’il en a un.

Torin Elphick s’était arrêté savourant ces derniers instants où il pouvait admirer ces deux sœurs découvrir le monde, jouant à l’en faire sincèrement sourire. À moitié attentif à ses explications, je dus arrêter Charybde dans son projet de mettre en miettes avec ses dents acérées les rebords de ma cape. D’un index, je repoussais le petit museau un peu plus loin. Apercevant alors Scylla, elle lui sauta subitement dessus pour jouer à qui serait la plus forte. Sur ces entrefaites, Elphick ajoutait un élément des plus importants.

- Ces deux petites proviennent de la même portée et donc ce sera plus aisé quand l’un de vous ira en visite chez l’autre et vice versa, car elles reconnaîtront l’odeur familière de leur sœur sur vous. Je crois aussi que nous savons déjà qui repartira avec qui inspira de bonheur le magicozoologiste. Ce sont, en effet, les fléreurs qui ressentent le besoin d’être avec un sorcier par rapport à un autre.