J’aurais pu féliciter William Travers pour ses propos passif-agressifs depuis son entrée dans mon bureau quelques minutes auparavant. Vraiment, j’étais admiratif de son verbe tranchant sans que je puisse remarquer une ride de colère au coin de l’œil, une goutte de sueur perlant de son front. Si je ne le connaissais pas depuis trop longtemps pour mon propre bien, je lui proposerais un poste au sein même du gouvernement. Diantre ! Il serait un parfait négociateur.

À l’évidence, mes pensées restaient for ironiques bien trop belles pour être vraies. Pour autant, elles se gardaient bien d’apparaître entre nous. Je ne me permettrais nullement de le complimenter et puis, l’envie n’y étais pas. À tout le moins, pas après ses pensées tout haut quant au fait que je me refusais d’être concentré sur notre conversation. J’étais resté de marbre, car il ne servait à rien de titiller le dragon. À une époque, j’aurais sans doute réagi à cet affront, mais je n’étais plus cet adolescent soupe-au-lait et téméraire aux émotions changeantes.

Néanmoins, lorsqu’il s’agissait d’une insulte envers le ministère, envers le Seigneur des Ténèbres lui-même, je ne pouvais pas me permettre de garder le silence. J’apposais ma signature sur la note à destination de mon collègue à la sécurité lorsque Travers prétexta qu’une lettre par hibou aurait été un gage de respect envers lui.
Mon soupir montrait toute la frustration présente en moi sur le moment et qui ne devait sortir en aucun cas.

- Il est vrai qu’une lettre par hibou aurait été de mise dans ces circonstances …

Je m’arrêtais soudainement dans ma phrase parce qu’on frappa précipitamment à la porte. Ironiquement, personne ne connaitrait alors le fond de ma pensée. Personne ne saurait que j’aurais adouci la tension entre Travers et moi-même alors que j’avouerais, tout bonnement, avoir eu tort en ne le mettant au courant de rien.

C’était un Auror, répondant au nom de Darrel MacDougall, qui se présenta complètement essouffler devant nous. Quelque chose de grave s’était produit et une sueur froide perlait le long de ma colonne vertébrale lorsque je crus entendre le mot « fille » parmi les balbutiements pressés de MacDougall. Je savais qu’Arya était présente aujourd’hui au Ministère de la Magie pour l’interrogatoire d’un suspect dans l’attentat du 1er septembre. Je fus même allé la voir avant le début la conseillant sur la manière la plus sécuritaire d’interroger le suspect. Évidemment, nous nous étions quittés sur une note douce-amère. Pour cela, pour tout ce que je n’avais pas pu lui dire ce matin, je sentis mon estomac se retourner.

William Travers pris, ainsi, les devants demandant à Darrel MacDougall de s’exprimer correctement. L’observant de côté, je me concentrais sur l’Auror encore essoufflé alors que je trouvais une inspiration bienvenue pour m’aider à calmer mon esprit. Heureux soit Merlin, MacDougall se mit à déblatérer les nouvelles stipulant Alejandro Travers inconscient face à un prisonnier violent, ma propre fille faisant barrage.

Soudainement, ce fut tel si la foudre claqua pour décharger sa fureur contre moi. Je ne pus pas empêcher la colère d’être visible sur mon visage, dans mes yeux. Je m’emparais de ma baguette magique, encore sur la table basse, avant de sortir du bureau suivit des deux hommes.

- Allons-y ! Clamais-je tout en verrouillant la porte de mon bureau d’un coup de baguette magique. Monsieur MacDougall, veuillez-nous montrez la voie jusqu’à l’antichambre 84 !

Courir calmait la fureur combinée à la frayeur m’enivrant tout entier. Ce fut plutôt le cours moment dans l’ascenseur qui me causa plus de stress encore. Si je m’étais laissé aller aux émotions, j’aurais fait exploser la grille. J’avais, évidemment, réussi à me contenir. Nous courrions encore à l’étage du département où travaillaient les Aurors. C’était à ce moment que je me rendais compte ne pas savoir pour Alejandro au Ministère de la Magie ce matin.  Je ne savais pas, quelques heures plus tôt, qu’il serait présent voyant ma fille faire équipe avec un autre Auror.

Était-ce un coup monté que nous allions aider le fils aîné de William Travers ainsi que ma fille ?

- Je ne savais pas que votre fils serait aussi en ces lieux ce matin déblatérais-je rapidement à William sans m’arrêter de courir ! Peu importe, ce n’est pas le moment d’y penser !

Pourquoi ? Eh bien parce que nous étions devant la porte que je fis exploser sous un contrôle extrême de ma magie causant, ainsi, plus de bruit que de mal alentours par le sortilège portant le même nom. Je pénétrais ensuite les lieux.

La confiance envers une autre personne était un sentiment qui se gagnait, mais elle pouvait tout autant se perdre. C’était l’évidence même. J’avais perdu ma confiance envers William Travers plusieurs mois auparavant lorsque je fis avorter les fiançailles planifiées depuis longtemps entre son fils, Keylian et ma fille Arya. J’haïssais qu’il se borne sur le sujet m’envoyant piques, insultes et moqueries cachées. Moi ? Moi, j’avais souhaité m’élever au-delà d’une bête querelle continuant à m’enquérir du divin whisky pur feu Travers et traitant l’homme comme tout autre gens d’affaires, connaissances connues dans le cadre de mes fonctions au ministère et comme chef de famille. Mais lui m’avait bien clairement montré que rien n’irait dans mon sens et surtout pas aujourd’hui.

Alors, tout en courant dans le labyrinthe de sous-sols du ministère de la magie, je l’avais tout bonnement suspecté d’utiliser son fils héritier pour atteindre Arya. Et si Alejandro avait été uniquement ici pour blesser ma fille, le but premier étant de m’atteindre ?
Devenais-je paranoïaque ?

Sûrement que je devenais paranoïaque, car Travers avait stipulé ne pas du tout savoir pour la présence de son fils aîné ici, ce matin. Sa réaction me fit se retourner un instant et manquant de prendre un cadre de porte dans la figure. Comment ? Il s’était exprimé avec tant d’émotion que je dus me vouer à l’idée de le croire sur parole. Je ne dis rien.
J’hochais simplement de la tête.

Alors que je faisais exploser la porte, William Travers semblait m’avouer une certaine sensibilité. En tout cas, celle-ci semblait plutôt être pour me mettre en garde contre des propos et des gestes pouvant devenir violents. Je fis une grimace, intrigué quant à son attitude soudaine ce qui termina dans une ironie bien placée.

- Ce n’est pas le moment d’être soudainement sentimental William ! Il faut aider nos enfants !

Je n’étais pas homme à enjoliver des détails et perdre du temps là-dessus. Je préférais aller droit au but même si, parfois, cela m’avait coûté une certaine frustration de la part d’autrui. Je disais donc que ce n’était pas le moment de parler d’être désolé, nous n’avions pas le temps. Ayant démoli la porte, je repoussais les débris d’un coup de pied violent qui définissait mon humeur du moment pour ensuite pénétrer dans la pièce.

Servant à interroger les suspects, la pièce restait petite. À notre opposé, mon sang ne fit qu’un tour alors que je vis ma fille empêtrée avec dans un homme bien plus costaud qu’elle. Mes oreilles cillèrent du sortilège de la torture à m’en donner mal au ventre. Je tremblais de rage ayant peine à me contenir. Merlin, je ne savais pas ce qui me manquait pour foncer sur ce troll et lui défoncer le crâne, le faire souffrir comme il s’amusait à le faire avec ma fille.
Sa souffrance sera bien pire !

- Arya !!! gueulais-je tout en pointant ma baguette magique vers l’ignoble suspect. Vous, vous allez la lâcher tout de suite !!!

La douleur emplissant tout mon être amenait la colère à devenir une forte adrénaline et mon entière concentration se fit sur cet homme, mes sens semblaient alors se décupler. Je ne connaissais pas le nom de cet homme et je m’en contrefichais. Il allait mourir … Il allait souffrir.

Il me fallait juste une ouverture. Je ne voulais pas blesser ma fille.